Par Amour du Vide

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15/20
Nom du groupe Bovary
Nom de l'album Par Amour du Vide
Type Album
Date de parution 07 Avril 2023
Style MusicalBlack Metal
Membres possèdant cet album6

Tracklist

1.
 Par Amour du Vide
 03:46
2.
 Ana
 05:53
3.
 Bénies Soient les Putains
 08:46
4.
 Celui Ou Celle
 05:15
5.
 Dialogue Amputé
 06:28
6.
 Sans Moi
 06:16
7.
 Bonheur Léthargique
 07:06
8.
 Mon Amie la Rose
 03:10

Durée totale : 46:40

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Bovary


Chronique @ Mysanthropie

09 Août 2025

Les hommes de peu de mots sont les meilleurs. (Shakespeare)

Le théâtre est une forme d’art de l’écriture et du spectacle qui, depuis bien des millénaires, s’est construit et développé.

Bien des chefs-d’œuvre en sont issus. Pourtant, dans l’imagerie commune, il y a toujours cette vision péjorative, celle d’un acteur surjouant, s’esclaffant, rendant son texte puéril, sa réplique navrante, donnant un rendu grossier et mal orchestré à l’ensemble.

L’auteur de la pièce peut bien mettre toute son âme dans la beauté de son écriture, dans la puissance de ses dialogues, rien ne les sauvera auprès du spectateur si l’acteur donnant la tirade salope le tout par un jeu surfait et mauvais. S’il est vrai que, parfois, l’interprète peut malmener un écrit simplement en le récitant, cela peut aussi bousiller un ensemble, que ce soit une histoire bien narrée, bien pensée ou un décor et des costumes parfaitement coordonnés avec l’univers et l’esprit des actes s’enchaînant. Mais, il faut bien dire que, parfois, un alignement encore pire peut également se présenter.

Pensez à ces représentations amateurs ou infantiles auxquelles il vous a été donné de vous rendre et imaginez ensuite que, pour une fois, le décorum et la mise en scène soient dignes de Broadway. Le problème c’est que les comédiens sont aussi mauvais que précédemment décrit, et en plus la personne derrière la plume n’est pas Shakespeare mais Thierry Courtois (célèbre auteur du best-seller « T’choupi Va Sur le Pot »). Vous obtiendriez ainsi un ensemble avec un superbe cadre où de très mauvais acteurs surjouent des textes futiles, tentant de leur donner un fond et une importance intellectuelle n’ayant pas lieu d’être, vide de sens (M. Courtois ayant au moins le mérite d’apporter quelque chose par ces livres).

Voilà donc une jolie introduction pour chroniquer ce « Par Amour du Vide » signé Bovary (Flaubert si tu me lis, va filer un petit coup de pouce à ce groupe, ils en ont bien besoin !).

Pourquoi être aussi acerbe ? Pas par plaisir, bien que cela soit légèrement décontractant, simplement pour donner une opinion qui n’engage que moi sur ce que j’estime être un vaudeville des plus médiocres.

Bovary est un groupe de son temps, avec des idées de son époque, des bons sentiments de son ère et une présomption qui me défrise (pourtant, j’ai les cheveux lisses).

Je ne vais pas refaire une « Préface de Cromwell » pour décrire la façon de faire ou de révolutionner le black metal. En effet, c’est quand-même le but du style, se foutre éperdument des conventions, des normes et de chier allègrement sur ce que penseront les autres de votre musique. Cependant, nous assistons là à ce que j’appellerais la naissance du « Unblack » pas parce qu’il est chrétien ou bouddhiste, non, c’était sincère ça, pas comme ce que ce que nous propose ici Bovary.

Partant d’une écoute plutôt agréable de « Sans Moi », je n’ai pas perdu de temps pour me procurer l’album. Simple, efficace, DSBM à souhait dans une façon de faire plutôt décalée frôlant les frontières du Post-Black par certains aspects.

Musicalement j’étais quasiment convaincu, les guitares tristement funestes, la voix de la chanteuse douloureuse et usée et, bien que les plans de batterie ne soient pas d’une grande virtuosité, cela restait cependant bien pensé et bien travaillé. Si l’album était comme ce titre, l’ensemble s’annonçait de bonne qualité.

Alors oui, musicalement l’ensemble est correctement construit, se tient sur la continuité – ça c’est le décor et les costumes – jusqu’à ce que je commence à tiquer sur les voix masculines, celles-ci sonnant un petit peu à mes oreilles comme des monologues infâmes, pompeux, comme un Francis Huster qui aurait picolé plus que de raison et se serait mis à faire Antigone à l’acte 5 de Lorenzaccio. Sans aucune profondeur, avec une assurance manquant cruellement d’humilité, ces lignes vocales sont mises en avant malgré le fait qu’elles soient des plus surfaites, mal jouées, sans sincérité aucune.

Mais, à la limite, ce serait là, sa façon de faire (« Celui ou Celle » – le titre que j’ai le moins apprécié), ça fusionnerait avec l’ensemble, on finirait par ne plus entendre ces passages bancals. Le problème est que rien n’est vrai, tout est théâtral, le groupe fait sa représentation sans savoir ce qu’est la dramaturgie, pire, il fait du BM simplement pour faire du BM, peut-être aiment-ils vraiment ça (?) mais il est indéniable qu’ils n’en ont pas compris l’essence.

S’arrêter sur les paroles a été ma seconde déception. Oui, bien que les voix aient du bon par moment, les textes n’en ont à mon avis aucun. Sujets futiles, réflexion inexistante, écriture digne d’un collégien en pleine rébellion, l’écriture y est (encore une fois, cela n’engage que moi) puérile. Au nom de rimes et de refrains confiants, de dialogues ronflants et dénués de sens, enlevant le peu d’authenticité et de sincérité qu’il restait encore à l’album (« Bénies Soient les Putains » et « Bonheur Léthargique » – ce dernier étant certainement ce qu’il y a de pire en matière de théâtre amateur sur le disque).

Évidement, comme je le disais, l’ensemble est correct sur le plan de l’écoute si nous décidons de faire de cette écoute un simple fond sonore pendant que l’on se refeuillette un bon vieux Eugène Ionesco. Mais, dès lors que l’on assiste à la représentation, il faut être préparé à une série Z jouée sur des planches en cagettes ; réalisée par un metteur en scène qui était convaincu encore ce matin que Bergerac avait été l’auteur de Cyrano ; écrite et imaginée par un ado convaincu de sa non-médiocrité intellectuelle et de son don pour la poésie (« Baudelaire c’était quand-même une sacrée merde », se disait-il en passant les doigts sur les trois poils qui tortillaient timidement sur le bout de son menton).

« Par Amour du Vide », « Ana », « Bonheur Léthargique » et même « Mon Amie la Rose » (dont la sublime interprétation de Françoise Hardy est ici réorchestrée dans une version « Martine Fait du Black Metal »), sont autant d’exemples illustrant que Bovary nous impose une œuvre qui, bien qu’ayant un bon fond, de bons rythmes, de bonnes chansons (« Sans Moi », « Dialogue Amputé »), ne présente aucun bons écrits. Un paradoxe car il semble qu’il s’agît ici de l’objectif principal de leur musique, bien que je sois intimement convaincu que nous soyons là face à un exemple de ce que devient et deviendra encore plus la scène dans des temps proches.

Avoir la présomption d’égaler le verbe de Don Juan sans avoir plus à proposer que les dialogues de Polichinelle. Ne jamais réussir à maîtriser la langue de Molière tout en se prenant pour Racine est ce que je reproche le plus à Bovary, avec un peu de modestie, tout en gardant leur univers, en essayant de ne pas paraître plus important qu’ils ne le sont, l’album serait passé tout seul et Guignol aurait gardé son bâton dans son dos.

Dommage, les scènes, les différents actes sont plutôt corrects indépendamment les uns des autres (« Sans Moi » encore une fois, bien que les paroles ne soient pas plus matures que les autres), mais les comédiens en font vraiment de trop ; si seulement ça avait été drôle pourquoi pas… ça aurait fait remake de « La Cage aux Folles », mais ici la pièce est mal jouée, il faudrait quelques cours de dramaturgie ou bien une compréhension de ce qu’est le Black Metal de la part des musiciens pour garder le positif tout en ne refaisant pas les erreurs de cet opus.

3 Commentaires

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Icare - 12 Août 2025:

Hum...
Il n'y a quasiment aucun développement sur la musique dans ta chronique, les 3/4 de ton texte étant des considérations extramusicales. Tu sembles justifier ta note très médiocre par une attitude et des textes que tu estimes surfaits, ce qui est très subjectif, d'autant que si le black metal était connu pour être un style dans lequel les lyrics et/ou le concept étaient centraux, ça se saurait...
Je ne dis pas que ton écrit n'a aucun intéret, mais il ne nous apprend pas grand-chose sur la musique du groupe, ce qui est quand même le but premier d'une chronique.
A étoffer en ce qui concerne !

Mysanthropie - 12 Août 2025:

Je suis d'accord avec vous sur le fait que l'ensemble traite plus du fond que de la forme.

Et vous accorde également que les paroles ne sont pas le centre du black metal.

Cependant, les textes étant la partie la plus mise en avant sur ces chansons, il me semblait plus pertinent de m'attarder dessus plutôt que sur une musique sans réelle essence.

En effet, le groupe paraît tenir avant tout à faire passer un message, à raconter quelque chose, si j'ai pris pour parti de comparer l'album à une représentation théâtral c'est tout simplement parce que c'est ce qu'il m'a inspiré.

Je ne prétend pas détenir la clef de lecture objective du disque, sinon j'aurais écris un essai, pas une chronique.

Ma "très médiocre note" qui se veut à la moyenne est représentative de ce que je pense du tout qu'est cet opus, je ne savais pas qu'on ne pouvait pas écrire sur ce que l'on a pas apprécié (?). À noter tout de même, qu'il m'a malgré tout inspiré pour écrire ce papelard, ce qui lui donne au moins le mérite d'avoir servi à quelque chose.

Bien sur, je délaisse le côté musical, qui, comme je l'ai brièvement décris est à mon sens pauvre et caricatural, bien que relativement éfficace en étant passe-partout. Alors oui, une chronique musicale a pour but de parler de musique et en l'occurrence je l'ai fais en ciblant le textuel car le sentiment que ce groupe se prend pour le Jacques Brel du BM est ce qui ressort le plus de la musique, hors, je me verrais mal chroniquer du Jacques Brel en parlant de mélodies plutôt que de paroles.

Après, non je n'ai pas la prétention de posséder le monopole du bon goût, libre à vous de vous faire votre propre opinion, je ne cherche qu'à écrire un peu, pas à lancer un débat.

Mais je vous remercie en tout cas d'avoir pris le temps de me lire, c'est toujours plaisant.

Cordialement 

Icare - 12 Août 2025:

Aucun problème, le débat est toujours bienvenu lorsqu'il est argumenté et respectueux, ce qui est le cas ici.
Bien sûr que l'on peut écrire un article sur un album que l'on n'a pas apprécié, à partir du moment où on l'essaye de s'ancrer sur une analyse concrète, c'est très utile pour les lecteurs, d'ailleurs cette liberté de ton est importante à nos yeux : ton avis n'engage que toi, et il n'est absolument pas à remettre en question à partir du moment où il est suffisamment argumenté. 

Mon reproche porte juste sur le fait que pour un site dédié à la musique, ici, l'analyse musicale est quasiment inexistante. Les considérations extramusicales sont certes bienvenues car elles apportent souvent un éclairage important sur l'oeuvre - je  pense qu'on est d'accord là-dessus, un album est une oeuvre qui fusionne les aspects sonores, textuels et visuels - mais en complément de cette analyse musicale qui est le prérequis indispensable de l'exerice de la chronique ; c'est pourquoi une analyse plus poussée de la musique du groupe, avec la description détaillée de quelques pistes et la comparaison avec d'autres groupes/albums du même style me paraissent nécessaires pour donner des repères essentiels aux lecteurs.

En espérant que tu prennes en compte ces remarques pour tes futures chroniques, au plaisir de te relire !

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