Liste des groupes Black Metal Mørketida Panphage Mysticism

Bon disons le franchement : parmi les milliers de membres de Spirit of Metal, il est peu probable que beaucoup aient déjà entendu parler de Mørketida. En même temps, difficile de leur en vouloir : peu d’infos filtrent sur le groupe, quasiment inconnu au bataillon, et s’il en est question aujourd’hui, c’est uniquement parce que Werewolf Productions a sorti fin août le premier album de ce duo composé de Nagafir Devraha et Sol Schwarz, après un nombre d’années indéfinies à moisir dans les ténèbres fangeuses de l’underground finlandais.
Voilà pour les présentations de rigueur, parlons maintenant de l’objet en question : Panphage Mysticism est un album de black metal de 34 petites minutes comportant dix titres, dont une intro et une outro. Oui, a priori, que ce soit dans la durée de l’album, le logo où la pochette en noir et blanc montrant une sorte de tête de bouc infernal décomposée dans un nuage de brume, tout fleure bon le minimalisme primaire et l’esprit DIY du début des 90’s et cela se vérifie largement à l’écoute de cette galette. Ce passéisme assumé est d’ailleurs ce qui fera son charme autant que sa faiblesse, vous voilà prévenus.

Après une intro extrêmement sombre et grinçante qui nous impose la torture auditive de ce qui semble être un violon désaccordé qui crisse à la mort, Invoking the Seventh Moon sort paresseusement du cloaque, s’ouvrant sur ce rythme lent et binaire de batterie. Puis, avec une léthargie obscène, la chape de brume créée par la basse et les guitares nous enveloppe insidieusement, nous engluant dans cet océan de goudron et de souffre dans lequel on s’enfonce malgré nous. Les guitares sont accordées très bas et jouent malicieusement avec ces dissonances et cette saturation grésillante qui sied si bien au style, et la voix est une éructation venant directement du tombeau, très grave et saturée, sorte de souffle décomposé qui vient ajouter à cette ambiance de sépulcre poussiéreuse. C’est un fait, Mørketida est à des années lumières de ses homologues finlandais qui s’évertuent à jouer un black rapide porté par la mélodie et le tranchant des riffs, ici, on a un mid tempo quasi constant auquel viennent se greffer des riffs simplissimes lents et suintants à l’aura aussi morbide que fascinante, et qui, répétés à l’envi, tissent cette toile sonore hypnotique dans laquelle l’auditeur s’empêtre. Le black metal du duo est extrêmement simple et minimaliste, misant tout sur ce tempo lourd ainsi que la noirceur du son et des ambiances, et si l’on veut parler d’influences, c’est évidemment du côté de la Norvège qu’il faudra se tourner.

Décris de cette façon, Panphage Mysticism pourrait facilement passer pour un excellent album ; le problème, c’est que l’ensemble, bien que court, est extrêmement linéaire, manquant cruellement de variation tant dans les riffs que dans le rythme. L’ambiance est certes prenante et noushappe en début d'album, mais les titres ne se distinguent pas assez les uns des autres, et cette confusion est renforcée par ce poum tchak de batterie binaire et presque continu qui constitue l’un des gros points faibles de l’opus. Même les parties de guitare se ressemblent beaucoup et on déplorera ce manque de variété, cette homogénéité asphyxiante qui nous entraîne au bout de quelques titres dans l’ennui, même si séparément, les morceaux sont tous bons - en même temps, normal, ils sont tellement similaires que si l’on en apprécie un, on apprécie forcément les autres.
On retiendra tout de même le bon Seprent’s Grail dont le leitmotiv sinueux reste bien en tête ainsi que Temple of Prevailing Darkness, dont les quelques parties au tempo un peu plus élevé nous tirent de notre torpeur et confèrent un regain d’intensité bienvenu à un ensemble trop plat.

Pour conclure, Mørketida est un combo intéressant à plus d’un titre, les deux musiciens possédant un savoir-faire indéniable et un talent certain quand il s’agit de proposer des mid tempo noirs et poisseux qui prennent aux tripes, ceci dit, tout cela ne suffira pas à faire de Panphage Mysticism un bon album. Les Finlandais disposent des bons ingrédients de base, avec cette voix d’outre-tombe, ce riffing lent, ces petits arpèges ensorcelants et ces quelques parties de clavier qui ajoutent encore au côté lugubre, mais ils ne maîtrisent pas encore la science du dosage et doivent absolument penser à ajouter quelques condiments pour rendre l’ensemble de leur prochaine galette plus digeste, car, qu’on se le dise, ce n’est pas parce qu’on est panphage que l’on se gave de tout et n’importe quoi. Burp, vous reprendrez bien un peu d'étouffe-chrétien?