Certains diront que le Brésil, c'était mieux avant. Si cette vérité du moment s'adapte parfaitement bien au football en 2014, elle n'est pas loin d'être aussi valable également pour le petit monde du metal en général et du thrash metal en particulier. Les dernières productions de Max Cavalera, tant avec
Soulfly qu'avec
Killer Be Killed, ajoutées aux derniers
Sepultura, plus réussis artistiquement mais loin de leur glorieux passé, n'incitent pas à l'optimisme sur le sujet.
Pandemonium dans ce contexte là, dernier rejeton des deux frères Cavalera, annonce un retour aux sources, de la brutalité, la vibration des premiers enregistrements, avec citations ad hoc des albums cultes de
Sepultura à l'appui. Cet appel à la nostalgie, s'il peut appâter le fan, incite à la suspicion autant qu'à la curiosité. Objectivité requise.
Le premier titre "Babylonian
Pandemonium", furieusement rapide et sombre, annonce la couleur et renoue effectivement avec une inspiration trop éparse dans un passé récent. Le riff, tournoyant, renvoie aux deux premiers
Sepultura (avant l'arrivée de Kisser, donc) et la voix de Max, grave et sous-mixée, fait son petit effet. Igor tabasse bien, même si la production de John Gray ("
Dark Ages" le
Soulfly le plus proche de
Sepultura première mouture, pour ceux qui l'auraient loupé) noie le tout dans une bouillie assez brute. Court, mais pêchu. Il en est à peu près de même sur le suivant "Bonzaï Kamikazee", simple mais efficace. Le riff purement thrashmetal est punchy, la batterie, assez binaire, induit une construction de morceau assez basique. On sent des compositions dans l'ensemble assez semblables d'un morceau à l'autre, sans que la qualité globale soit réellement tirée vers le haut. Ainsi les riffs, et les passages rythmiques, s'ils ne sont pas mauvais en soi, sentent énormément le réchauffé. C'est brut ("I,
Barbarian" et ses larsens bien trouvés, "
Insurrection" qui, avec un son plus adapté, aurait pu être comparé à un petit "
Arise"), mais, pas aidé par une production noyant les instruments dans un "tout rythmique" confus et une voix trafiquée,
Cavalera Conspiracy se noie un peu dans sa volonté de sonner "raw", comme si le contenant comptait plus que le contenu.
Pourtant, certains moments (les nombreux soli/larsens de
Marc Rizzo sur l'inspiré "Cramunhao" par exemple, les soli de "
Insurrection") séduisent, et sur scène, la musique prendra toute sa dynamique si Max se donne à fond. Mais comme
Cavalera Conspiracy tourne peu (Igor préférant ne pas partir sur les routes), pas sûr que cela suffise à transcender des morceaux qui auraient gagné à être plus inspirés dans leur ensemble ("
Not Losing the Edge", lourdaud). L'apport du nouveau bassiste Nate Newton (ex-
Converge,
Killer Be Killed) n'influe pas sur des titres construits sur un mode plutôt répétitif : un riff d'intro/un larsen superposé/couplet rapide/refrain/pont plus lourd/re-larsen ou solo/couplet sur le riff initial. Simple et efficace. Max a de la bouteille, et les musiciens connaissent leur métier -
Marc Rizzo et ses interventions souvent judicieuses en tête -.
Les douze morceaux déroulent ainsi selon une formule assez similaire (sauf le tribalo-acoustique "Pirro" placé en fin de disque). Quoique efficace par moments, les passages trop convenus noient en même temps que la production brute cet album dans la catégorie des disques pas inoubliables, bien que par moments agréable à l'écoute et bien plus brutal que ses prédécesseurs. Max Cavalera ferait sans doute mieux de sortir les albums de manière plus espacée (
Killer Be Killed en 2014, "Savages" de
Soulfly en 2013 et "Ensalved" en
2012), et d'être plus exigeant sur la qualité au détriment d'une quantité redondante, afin de s'extraire un grand album de la masse de ses sorties.
PS : Sur le plan affectif : j'adores cet album !
Du bon trash/crossover typé 80', une baffe simple et efficace comme du jambon herta..
Un album dont je suis passé complètement à côté par peur d'être déçu, vu les commentaires et la Chro Jérôme malgré une note basse, vous me donner envie de me projeter dans ce skeud. Ah le Sepultura d'avant "Chaos ad", une vraie machine de guerre !
Thrash'em all !!!
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