Les sulfateuses sont de sorties. Mettez biens et personnes à l’abri, car ça promet d’envoyer du lourd. L’Ukraine que l’on connait bien plus dans le giron metal à travers son black folklorique, tend aujourd’hui à se révéler également pour son thrash metal. «
Hell:On » serait en train de se démarquer parmi ces groupes ukrainiens de thrash et commence à attirer les oreilles occidentales. «
Moria », groupe fondé en 2005 par les guitaristes Igor Lemonos et Oleg Kolotusha, compte bien le suivre dans cette voie sanglante fraichement tracée. La formation auteur d’un premier album (« Psy ») en 2009 et d’un EP en anglais («
Clouded Mind ») parus chez leur compatriote de Black Art Production, prend vite des galons et accompagne les plus grands sur les routes ukrainiennes. Elle suivra ainsi les sillages d’«
Onslaught » ou encore de « Septic
Flesh ». Un second album sera délivré en 2011 sous le label russe
More Hate Productions. Déjà ce que l’on peut en dire de ce «
Pain Shreds », c’est qu’il dégage une forte odeur de poudre.
Avant que soit ouvert le feu et la puissance des armes, c’est la soudaine fraicheur du blizzard, quelques notes perdues d’un saxophone, qui viennent constituer l’entame de « Battle Is Your
Pain ». Quoi de mieux qu’un paysage de mort pour faire animer les machines de la mort. Ces dernières surgiront juste après, imposant un rythme mitraillé et écrasant tout le long de la piste. Voilà une musique lourdement armée, dont le découpage épais et syncopé fera basculer «
Moria » entre thrash death et groove metal. Cette situation est aussi sans doute due au possible rapprochement que l’on pourra faire entre le jeu de guitare des ukrainiens avec celui particulièrement salvé de Max Cavalera. On n’atteint néanmoins pas les prouesses du maître. Le jeu est fort, mais ne se montre pas forcément des plus élaborés. Comme l’illustrerait d’ailleurs les quelques hésitations perceptibles sur «
Dead Memory ». On en retient néanmoins une puissance inaltérable et une certaine détermination. C’est surtout en fait le chant qui peinerait à oser. Il se voudrait presque davantage spectateur qu’acteur de la fusillade. Comme s’il voulait se contenter de donner les ordres pour ne pas endosser le costume de bourreau.
Le costume est en tout cas fièrement supporté par les guitares et la batterie. Celles-ci s’emploient à hacher leurs notes et leurs victimes sur «
Hate/
War », sous un tempo plus lent et une ambiance inquiétante. Le fonctionnement par à-coups, comme ce sera de nouveau le cas avec le vibrant et éclairé « My World », agit aussi sur le chant gras d’Oleg. On peut voir en ces deux titres un parfait exemple où le chant et les instruments sont à l’unisson, car d’ordinaire guitares et batterie prennent le pas sur la prestation vocale. C’est à un tabassage en règle auquel elles se livrent sur «
Fragments of Thoughts ». Si on fait abstraction de quelques riffs syncopés, c’est en effet un torrent intarissable qui y ruissèle. Les membres auraient voulu semble-t-il faire état de leur dextérité, de la richesse de leur jeu sur leur titre « The Outlaw ». La diversification irait toutefois au dépend de la puissance. Du coup cette partie perd en attractivité. En ce qui concerne la piste suivante, le problème serait quasi similaire. « Open the
Road » n’est pas non plus celui que l’on vouera pour sa fermeté. Il y a bien quelques effets subtils, mais la monotonie et l’ennui ne tarderont pas à s’installer et à s’implanter.
C’est tout autre chose avec «
Clouded Mind », qui ne pêche ni de passivité ni d’un zèle de prudence. Il se jette directement dans le tas, oscillant entre un jeu sec et aiguisé. L’engagement prévaut pour tous les acteurs, y compris pour le chant d’Oleg, qui n’hésite pas à délivrer des postillons. Cette bonne illustration de «
Moria » figurera cependant comme un exercice de tir en face de la vraie mise à l’épreuve que peut représenter un titre comme « Revolution ». Ses allé-retours rythmiques ne tarderont pas à vous filer le tournis. Ça brasse beaucoup et ça envoie sévère malgré son côté uniforme que l’on pourrait déplorer. Cette uniformité, que l’on trouve parfois insistante chez cette formation, ils auraient probablement voulu la casser sur « Truth and Lie ». En introduisant le chant strident et déroutant de Kate Moray du groupe russe «
Moray Eel », des passages et des solis plus accessibles, mettant en avant la prouesse guitaristique, «
Moria » fait preuve de finesse et d’intelligence. Ils donnent pour le coup un panel plus varié de leurs possibilités.
On n’espérait pas de ce petit arsenal un gros carnage. Le thrash ukrainien n’aura pas pour le moment la dimension du thrash germanique ou brésilien, il en est encore très loin. Cela dit, si on regarde au coin de l’œil des groupes à l’instar de «
Hell:On », «
Crusher » ou «
Moria » en pleine croissance, on peut imaginer une scène en devenir. Concernant le dernier des trois, et celui qui nous intéresse en ce moment, «
Pain Shreds » s’inscrit dans les essais prometteurs de ces guérilleros de la mer Noire. Ils ont plus d’une balle dans leur fusil et ont montré qu’ils savent s’en servir. Pour les prochaines missions, il serait profitable pour eux qu’ils s’instaurent pour principe le one Shoot, one Killed.
14/20
l'allusion à Sepultura époque Max Cavalera est très pertinente.
grosse puissance de feu côté Moria.
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