Overplayed

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10/20
Nom du groupe Pesante
Nom de l'album Overplayed
Type Album
Date de parution 03 Fevrier 2012
Style MusicalMetal Gothique
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1. Prozium 04:39
2. Evermore 07:34
3. Overplayed 07:08
4. The Evil Twin 06:16
5. Ghost of Sorrow 06:41
6. Shame. Fear. Denial 05:39
Total playing time 37:57

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Pesante


Chronique @ ericb4

30 Novembre 2014

Des premiers pas en dents de scie pour nous servir...


Tout juste sorti de terre, ce groupe russe n'a pas tari d'aplomb ni d'absence de complexes pour nous convier à son ambitieux projet. Ainsi, sans single, ni démo en guise de carte de visite, il nous propulse immédiatement dans un premier opus auto-produit. Et ce, avec le secret espoir de l'élever au rang de ses homologues générationnels déjà bien installés sur la scène metal gothique. En a-t-il déjà l'étoffe au regard de cette modeste rondelle de six titres s'étirant sur moins de trente-huit minutes ?

Le pari était osé certes, mais s'est malheureusement soldé par une accroche en demi-teinte. La production d'ensemble paraît avoir été rapidement réalisée avec les défauts habituels rencontrés dans ces cas-là : finitions peu ragoûtantes des titres, calibrage technique souvent mal ajusté et cohésion instrumentale approximative ne permettant qu'épisodiquement de repérer un chemin mélodique cohérent. On se perd donc parfois dans des méandres instrumentaux désorientant l'auditeur au point de le déconcentrer totalement lors de passages peu inspirés, qui tendent à se répéter.

L'empreinte gothique dont se targue le combo n'est pas toujours si évidente à déceler si ce n'est par la présence parcellaire d'inquiétants grunts et d'arrangements offrant quelques moments intrigants. Dans cet environnement quelque peu énigmatique, une jeune chanteuse déploie quelques belles envolées lyriques, dans l'ombre d'Heidi Parviainen (Dark Sarah, ex-Amberian Dawn) mais avec moins de brio sur les tenues de notes. Qu'en est-il alors de cette oeuvre introductive de ce combo russe vocalement mené par Natalia? Le tableau est-il résolument aussi sombre de bout en bout ?

L'armure gothique se pare de touches symphoniques d'obédience heavy sur certains morceaux. A commencer par "The Evil Twin", vêtu d'une rythmique épaisse et d'un jeu de guitare au joli délié. Côté technique, on sent que les musiciens en ont sous le pied, avec même un joli solo de guitare à la clé. Seulement, à force de démonstration, on finit par en perdre l'émotion, tant la mélodie se noie sous les frasques instrumentales. Les couplets restent alors définitivement d'une noirceur infinie. Même les sollicitations pourtant bien amenées par l'interprète ne parviennent pas à épargner le bateau du naufrage. Heureusement, l'entame progressive "Prozium" sauve la mise, avec ses riffs félins et ses arrangements bien huilés. Du coup, la magie opère davantage grâce à une guitare électrique insolente de pugnacité et à un solo fringant. Sur le plan vocal, une mise en dualité s'opère entre une voix masculine profonde dans l'esprit de The 69 Eyes, et de splendides inflexions féminines rappelant Heidi, le long d'un chemin mélodique plus séduisant.

Le groupe a aussi joué la carte de l'allégresse, usant classiquement du tapping dans cet exercice de style. Bourré de testostérones, "Ghost of Sorrow" n'échappe pas à ce schéma caricatural, même si l'exécution s'opère tout de même sereinement. On retrouve aussi un intéressant contraste dans le sillage de la belle et la bête, par un face à face entre les cristallines ondulations vocales de la déesse et les ombrages gutturaux de grunts bestiaux. De son côté, une guitare fougueuse et plutôt habile se dépêtre au beau milieu d'un dommageable champ de ruines harmoniques. Que dire de la brutalité en fin de piste d'une rupture qui ne s'imposait pas nécessairement? Ce souci concerne tout autant l'outro "Shame.Fear.Denial", qui a bien du mal à tenir la distance. Les riffs s'assèchent, les ténébreux grunts ne font plus illusion, la seconde voix masculine s'avère sans aucune consistance artistique, et même la vaillante diva, malgré quelques montées assez bien maîtrisées, ne trouve plus le chemin de la justesse. Dans cette mouvance rythmique, un poil syncopée, l'entraînant "Overplayed" s'en sort plus honorablement. Cette fois les refrains se font plus attrayants et les riffs griffus ne sont plus seuls à nous embaumer les tympans. Un piano vient en effet déployer ses ailes pour nous transporter avec lui au fil de ses arpèges raffinés. Quant à la mouture vocale, le corps masculin se dédouble entre voix mélodieuse et claire, et des growls quasiment impénétrables pour rejoindre les notes aériennes de la belle. Exercice plutôt réussi, cette fois.

Dans sa partie plus sulfureuse, l'opus semble plus convaincant, à l'image de l'agréable ballade progressive "Evermore", escortée d'une souriante guitare acoustique. Des riffs subtilement accrocheurs surmontés d'un jeu de guitare en slide nous calent dans un bain orchestral aux doux remous. Les couplets prennent alors toute leur ampleur, notamment lorsque viennent s'agréger les fines impulsions doublées d'un léger vibrato dispensées par l'interprète. La mise en écho des deux voix masculines sus-citées complètent cette fresque de bien belle manière. Hélas, la chute s'amorce trop rapidement au lieu de laisser place à un dégradé acoustique plus approprié à la philosophie de ce type de morceaux.

En définitive, la première moitié de l'opus semble mélodiquement plus lumineuse et moins inutilement technique que la seconde. Dans cette dernière, le décrochage tant redouté guette au bout des premières minutes tant l'inspiration manque à l'appel de nos sens. Même la partie lyrique s'exhibe plus linéairement et n'évite pas l'écueil de la répétibilité atmosphérique. Non qu'ils meurtrissent nos tympans à chaque note, mais ces titres témoignent cependant d'un manque de maturité artistique corroboré à une carence en matière d'originalité. Aussi, nos émotions ne sont que rarement touchées sur les trois dernières pistes, notamment en raison d'une embardée de puissance pas toujours savamment maîtrisée et d'une quasi absence de breaks pour rompre la monotonie d'ensemble. En les retravaillant sur le plan de l'équilibrage entre technique et esthétique, il serait possible de leur conférer une épaisseur artistique plus impactante. On aurait aussi souhaité davantage de titres dans la tracklist, après avoir pris soin de gommer les éventuelles irrégularités pour ne conserver que l'essentiel de ce qui fonde une oeuvre digne d'intérêt.

On pourra tout de même tendre une oreille attentive à ce premier pas du groupe dans le monde déjà bien battu et rebattu du metal gothique à chant féminin. Il faudra également affiner les enchaînements pour cet album dont certains passages sont encore taillés dans la roche pour nous retenir plus longuement. Mais, ce jeune groupe a encore le temps d'affûter ses armes pour nous convier à une galerie de tableaux mieux inspirée. On l'aura compris, il s'agit d'une oeuvre en dents de scie à considérer pour ce qu'elle est: une première invitation au voyage émaillée d'erreurs de jeunesse.

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