Quatre années se sont écoulées depuis leur précédente production,et on croyait nos quatre mosellans bien ancrés dans leur style de prédilection,à savoir le Heavy
Metal épique.
Que néni, nos hommes ont évolué tant sur le plan personnel qu'artistique et ils nous apparaissent là où on les attendait pas. En effet "Ov Asylum" se démarque de ses prédécesseurs tant par sa volonté d'aller à l'essentiel que par la noirceur qu'il dégage tout au long de son écoute.
Même s'il ne déroge pas à la règle du concept album, le sujet abordé d'un homme en quête de sens, qui après être passé par plusieurs phases sombre dans la folie, est particulièrement ambitieux et bien loin de la mythologie nordique et de l'Histoire médièvale si chères au coeur de Kévin"Dr Badgood" Kazek et de ses accolytes.
Pourtant ces quatre "possédés" relèvent le défi qu'ils s'étaient imposés avec brio et nous délivrent un opus aussi complexe et torturé que la psyché humaine elle-même.
Leur
Dark Metal est malsain, il rappelle la désolation que l'on peut ressentir en contemplant les hauts fournaux de leur région natale par une matinée morne et pluvieuse.
Dès le titre d'introduction (Ov Asylum/The
Old Man's
Tree), le ton est donné et l'auditeur glisse peu à peu dans cette lente descente aux enfers.
La voix de Dr Badgood est remarquable de technicité et notre chanteur déploie tout son talent dans des styles aussi variés que le
Dark Metal, le Heavy (A Blank Chamber), le
Power Metal (
Pendulum Motion), le Thrash
Metal (
Apocryphal Anthem)avec aisance et facilité et a la particularité d'insuffler un sentiment dérangeant et mélancolique à chaque morceau faisant de celui-ci une entité à part entière. "
Suicide Obsession" illustre parfaitement ce propos où nous sommes pris dans la tourmente du protagoniste face à sa décision de mettre fin à ses jours.
Une voix puissante et mélodique qu'appuie des riffs âpres et sans concession concoctés par un Nicolas "
Belial" Pélissier qui ne pouvait mieux choisir son surnom tant son jeu de guitare est démoniaque avec un son mélangeant savamment lourdeur et rapidité à des solos incisifs et sans appel.
La section rythmique s'implique dans le processus avec un naturel peu commun pour le style où le jeu de basse tranchant de Christophe "Christ 0" Billon-Laroute taillade ce qu'il reste des tympans de l'auditeur,tandis que Julien "
Terrorizer" Truttman martèle implacablement ses fûts tel le mécanisme inéxorable d'une horlogerie parfaite qui nous rappelle que chaque seconde nous rapproche de notre destin funeste.
De leurs anciennes réalisations, les
Seyminhol ont gardé le clavier moins présent certes mais intelligemment placé pour briser le tempo (comme sur "
Apocryphal Anthem","A Blank Chamber" ou "Nail and Spear")ou encore pour soutenir le sentiment de douleur relatif au sujet évoqué ("The
Old Man's
Tree", "Pretentium doloris", "
Suicide Obsession"), la voix féminine n'est pas en reste avec la performance de Déborah Hofer, véritable moment de volupté et élément charnière du morceau "A Blank Chamber", qui donne de par sa voix cristalline à faire pâlir de jalousie ses homologues scandinaves,une dimension gothique à ce titre.
La production est particulièrement soignée par un Gilles Kauffmann aux manettes tel un maître de cérémonie qui a bien perçu la profondeur du travail de notre quatuor.
En résumé ce disque n'a rien d'opportuniste, il est un cri de douleur,une œuvre aboutie,une pièce d'orfèvre aux détails particulièrement travaillés tant au niveau musical que parolier.
Une œuvre particulièrement dérangeante qui fait réfléchir l'auditeur tant elle a trait aux tréfonds de l'âme humaine.Une écoute dont on ne sort pas indemne, qui laisse des traces comme le suggère la pochette.
âmes sensibles s'abstenir.
Baron_Samedi
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