Trois potes qui se réunissent régulièrement pour faire chauffer les amplis et balancer du gros son n'a rien de particulièrement inédit ni d'exceptionnel. Et pourtant, 3 lascars du Colorado, Freddy Allen (chant et basse),
Jim Merz (batterie) et
Ian Hopkins, vont prouver la dimension fallacieuse de mes dires en fondant en 2017 Sun of
Grey.
Autoproclamant leur musique de "doom dystopique du plus haut niveau", le trio sort d'abord un E.P. éponyme en 2017. Placé sur les bons rails, il lui faut cependant patienter 3 ans pour sortir son premier album "
Outerworld" en 2020, de manière indépendante.
Par un hasard pas si heureux, il se trouve que la thématique générale choisie, traitant de la fin d'un monde et l'avènement d'un nouveau bien moins sympathique, concorde avec la pandémie qui a changé notre quotidien. Certes rien de bien nouveau non plus mais l'ensemble (thématique, musique, artwork) forme un ensemble cohérent. Le travail coloré de David Paul Seymour attire l'œil, ne serait-ce que par ce mix Jawa-
Predator collecteur de crânes et d'âmes mis au premier plan.
Sun of
Grey tire réellement son épingle du jeu musicalement. "
Dark Souls", qui s'ouvre par le battement martial des fûts de
Jim Merz, pose les fondations d'un doom massif et percutant. La basse tellurique impose la cadence, laissant le champs libre à la guitare d'explorer de beaux territoires sonores (la note qui suit chaque refrain file de sacrés frissons). Pour couronner le tout, la voix modulée de Freddy Allen, passant aisément d'un chant un chouïa déclamatoire des couplets à un aspect plus grondant sur les refrains, est un avantage bien mis en avant. Le morceau fluctue tout le long de ses 7 minutes, évitant toute répétition fastidieuse.
Partant de ce postulat, les Coloradiens démontrent leur savoir-faire avec la superbe "
Lucifer Smiled", encore plus massive mais rehaussé d'un petit feeling stoner sur sa deuxième partie. Un renvoi aux albums de
Cathedral, où M. Allen annonce avec force et sans un sourire la venue d'un Antechrist bien énervé.
"
Jar of Leeches", partant d'un riff tout en force, impose la cohésion rythmique du groupe, puissante et recherchée. Allen ici démontre la versalité de sa voix, en éructant des paroles apocalyptiques pleines de glaires.
Encore plus corpulente, "
Outerworld se pare d'ornements planants sur la guitare (notamment les soli), poursuivant son œuvre de nivellement rythmique. Un véritable rouleau-compresseur encrassé et énervé, qui laisse toujours une place de choix pour des lignes de chant impeccables.
La recherche mélodique importe beaucoup au combo, attestées d'abord par "
Silent Screams" qui, malgré son côté plus classique couplet-refrain, impose des refrains ciselés qui restent en tête rapidement. Mais en aucun cas ces mélodies se font trop charmeuses et celles qui parcourent le final "
Disease" sont comme la douleur d'une dent abîmée, difficile de ne pas y regoûter. Les lignes de chant choral, l'inexorabilité du rythme et l'aspect légèrement oriental des petits soli de guitares façonnent la conclusion idéale de cette petite merveille.
Découvert totalement au hasard et attiré de prime abord par l'artwork, je ne pouvais décemment pas refuser ma très modeste contribution à la promotion de Sun of
Grey (les membres du groupe sont en plus très sympas et abordables). J'espère sincèrement que ce "
Outerworld" vous plaira autant qu'à moi.
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