Liste des groupes Metal Symphonique Afterpain Outcomes

Pourvoyeuse d'un nombre sans cesse croissant de formations metal symphonique à chant féminin de tous poils, et ce, depuis près de deux décennies déjà, la vaste et prolifique terre argentine n'allait pas s'arrêter en si bon chemin... Après Abrasantia, Boudika, Daemon Lost, Elessär, et bien d'autres encore, c'est au tour de ce vert quartet créé en 2014 à Buenos Aires de se lancer dans l'aventure. Prudent dans sa démarche, le combo n'accouchera de son introductif et présent EP, « Outcomes », que trois ans plus tard ; auto-production modeste de ses 21 minutes sur lesquelles ne s'égrainent guère plus de quatre incisives et tortueuses pistes. A la lumière de cette laconique et corrosive livraison, la troupe hispano-américaine disposerait-elle dores et déjà d'un arsenal suffisant pour espérer se jouer de l'âpre concurrence continuant d'agiter ce registre metal ?

A bord de la petite goélette, nous accueille l'équipage au grand complet, à savoir : Vanina Coletti, parolière et frontwoman aux puissantes impulsions, non sans évoquer Bif Naked ; le compositeur et claviériste Mauro Fallico ; le guitariste/bassiste/batteur Fernando Rey et le guitariste Federico Centurion. De cette étroite collaboration naît un set de compositions d'obédience rock'n'metal symphonique gothique, dans le sillage de Lacuna Coil, Delain, We Are The Fallen et The Gathering. Si cette livraison jouit d'arrangements de bon aloi et d'un mixage équilibrant à parités égales lignes de chant et instrumentation, elle laisse néanmoins entrevoir quelques sonorités résiduelles et une insuffisance de profondeur de champ acoustique. Mais levons plutôt l'ancre en quête de terres d'abondance...

C'est volontiers en de magmatiques espaces que nous immerge le combo sud-américain, pour un résultat somme toute en demi-teinte. Ce qu'attestent « Rage » et « Outcomes », tempétueux et ''lacunacoilesques'' efforts aux riffs épais adossés à une sanguine rythmique. Si leurs refrains s'avèrent des plus entêtants, leurs couplets, en revanche, sont en proie à une tenace répétibilité de leurs séries d'accords tout en accusant de persistantes linéarités mélodiques. Recelant tous deux un fringant solo de guitare et de toniques et vibrantes inflexions dispensées par la belle, un manque de fluidité des enchaînements intra piste se fait sentir, état de fait contribuant à atténuer la portée de chacun de ces éruptifs propos.

Quand il retient un tantinet les chevaux, pourtant loin d'être à bout d'arguments techniques et/ou esthétiques, le collectif peinera là encore à encenser le pavillon. Ainsi, on retiendra le ''delainien'' mid/up tempo « Lights Out » tant pour ses insoupçonnées variations rythmiques qu'au regard de son caractère enjoué, même si une étrange impression de déjà entendu nous étreint. Par ailleurs, le refrain catchy émanant des entrailles de l'orientalisant « Misery » aurait volontiers aspiré le tympan du chaland s'il n'était desservi par les dissonantes et nasillardes impulsions de la belle. Enfin, loin de manquer d'allant et d'emphase, ce mid tempo à mi-chemin entre The Gathering et Lacuna Coil accuse un cheminement d'harmoniques peu propice à une inconditionnelle adhésion assorti de finitions lacunaires. On passera donc son chemin.

A l'aune de ce premier mouvement, un indélébile sentiment d'inachèvement nous gagne, nos acolytes ne trouvant que rarement les clés pour nous rallier à leur cause. Témoignant certes d'un réel potentiel technique et d'arrangements difficiles à prendre en défaut, le message musical demeure stéréotypé sur les plans atmosphérique et rythmique et incertain eu égard à son empreinte vocale. De plus, les prises de risques sont peau de chagrin et l'originalité pas encore inscrite au cahier des charges du quartet argentin. En outre, pour caresser l'espoir de retenir le chaland, le combo devra affiner le trait mélodique, affûter son ingénierie du son et surtout varier ses exercices de style. Aussi, un rapide sursaut de sa part est-il requis, condition sine qua non pour espérer voir son projet pérennisé dans ce foisonnant espace metal. Bref, une ébouleuse livraison en guise d'introductif mouvement...