Liste des groupes Metal Symphonique Final Destiny (CZ) Out from the Dark

Encore un énième groupe de metal symphonique à chanteuse, sans doute promis, comme tant d'autres avant lui, à une disparition prématurée, me direz-vous, et vous auriez raison. Toutefois, ce jeune quintet tchèque, fondé en 2016, sous la houlette commune de la soprano Sandra Šimková, du guitariste Petr Muroň, du claviériste Jiří Mohyla, du bassiste Radek Lyčka et du batteur Martin Šimek, ne l'entend pas de cette oreille. Ses premiers arguments pourraient, en effet, laisser à penser à une bien moins funeste destinée...

Influencé par Nightwish quant à la finesse de ses arrangements ; Epica eu égard à sa saillante et massive empreinte rythmique ; Within Temptation en ce qui a trait à ses lignes mélodiques, avec une touche de Lyriel concernant son regard folk, le collectif slave a déjà apposé sa signature sur son introductif « Out from the Dark », EP 4 titres vagabondant sur une sente auditive de 21 laconiques mais délectables minutes. Pour précision, pas moins de 4 ans suite à la création du collectif ont été requis pour affiner leurs arpèges et nuancer leurs harmoniques. On comprend que ce projet de longue haleine a répondu aux exigences d'un travail aussi minutieux qu'intensif en studio, le groupe ayant notamment dispensé un mixage équilibrant les parties instrumentales et vocales entre elles, mais aussi concédé quelques persistantes notes résiduelles. Mais avec un sens inné de la recherche et de l'esthétique mélodique à la clé doublé d'une belle profondeur de champ acoustique octroyée, ces petites irrégularités logistiques se digèrent sans mal...

D'entrée de jeu, le combo tchèque frappe fort, très fort, témoignant d'une rare faculté à harmoniser judicieusement les registres symphonique et folk, et ce, avec humilité et une confondante élégance que d'aucuns n'auraient subodoré la faisabilité à ce stade-là du projet. On découvre alors un exercice de style qui lui sied à merveille mais dont il use avec parcimonie, et ce, dans une visée complémentariste.
Ainsi, de violoneuses oscillations corroborent des riffs bien acérés sur l'énergisant et tubesque « Fallen King ». Dans l'ombre d'un Nightwish des premiers efforts, avec quelques harmoniques empruntées à Xandria (seconde mouture) et une touche folk relevant du paysage de notes un poil roots de Lyriel, cette piste mélodico-symphonique aux accents folk déploie des arrangements bien amenés, sur fond de soyeuses, omniprésentes mais non envahissantes nappes synthétiques. Dans cette saisissante tourmente calée sur une prégnante ligne mélodique cohabitent de célestes et captatrices patines d'une sirène bien inspirée, pouvant rappeler celles de Dianne Van Giersbergen (Xandria, Ex-Libris) à ses débuts, et un ombrageux mais discret growler. Aussi, l'ensemble ainsi constitué et harmonisé saura retenir le tympan de l'aficionado du genre de par l'élégance formelle des accords dont il se nourrit tout en véhiculant d'enivrantes portées. Bref, un spectacle plutôt efficace, techniquement loquace mais non ostentatoire, à la fois grisant et émouvant, propice à une écoute en boucle, nous est délivré. D'autre part, un regard folk alternatif nous est adressé, jouant moins dans la cour des charts que dans celle des profondeurs de l'âme. Aussi, une lumière orientalisante nous parvient des tréfonds de « Final Destiny », énigmatique outro gothique de la menue rondelle aux faux airs d'un « The Divine Conspiracy » d'Epica. De sinueux accords d'une lead guitare prise en étau dans un insoutenable sirocco nous parviennent alors que de mystérieuses et chatoyantes incantations d'une envoûtante déesse ne manqueront pas de lover le tympan. Et la sauce prend, une fois de plus...

Dans une mouvance pop-metal symphonique, dénuée d'influence folk, le groupe a également de belles cartes à jouer, tout en se basant sur une recette harmonique et technique similaire. Tout aussi enveloppant, sans pour autant céder à quelque niaiserie que ce soit, le valeureux collectif a semble-t-il bien appris de ses illustres prédécesseurs, dont Delain, Sirenia, Imperia, pour tenter de nous assigner à résidence. D'une part, le mordant et fondant « Calling » se place lui aussi dans le sillage des hits en puissance, que pourraient bien lui envier les références sus-citées. Un tapping effilé ainsi que d'inaltérables gimmicks à la lead guitare s'insinuent dans la trame éminemment frondeuse de ce brûlot, lui conférant un surcroît de pugnacité, propice à un headbang bien senti. Doté de couplets bien ciselés et de refrains catchy, sous-tendus par une mélodicité aux judicieuses et plaisantes nuances, cet effort se pare en prime d'une sidérante progressivité de l'intensité rythmique, répondant en écho à d'inaliénables blasts et à de furieuses meurtrissures de fûts. De quoi inspirer les maîtres inspirateurs eux-mêmes... Dans cette énergie, dans la veine atmosphérique de feu Arven, de subtils et gracieux arpèges au piano inondent l'offensif, rayonnant et voluptueux « Out from the Dark ». Dynamique, coloré et émouvant, ce titre éponyme révèle, lui aussi, de sérieux atouts pour nous rallier à la cause de l'inspiré quintet. En outre, un joli et opportun solo de guitare inscrit dans une architecture de nature symphonique gothique ajoute à l'attractivité de cette piste aux intarissables et jouissives variations. Au cœur de cette instrumentation enfiévrée, dictée par une rythmique enjouée et un riffing corrosif, déambule sur une hypnotique sente mélodique une déesse libérant de troublantes envolées lyriques dans son sillage. Un propos finement composé, aux insoupçonnés changements de tonalité et dévoilant une stupéfiante montée en puissance en bout de course, l'ensemble finissant crescendo. Un coup de maître supplémentaire à mettre à l'actif de nos cinq gladiateurs.

A l'aune de cette humble mais goûteuse galette, à la double casquette sympho et folk, les intentions affichées par le combo slave d'en découdre ne font plus place au doute. En outre, un potentiel technique et surtout mélodique développé sur les 4 années de labeur s'esquisse déjà, celui-ci s'étant avéré apte à ne pas laisser indifférent votre humble serviteur. C'est dire que, quel que soit l'espace d'expression investi, leurs prestations instrumentales et vocales ainsi coalisées ont semble-t-il porté leurs fruits. Arguons que nos acolytes ont peaufiné chacune de leurs compositions au point de les rendre éminemment attractives, accessibles mais nullement mielleuses ni simplistes, techniquement maîtrisées mais aucunement surabondantes. Un challenge difficile à tenir pour bon nombre de ses homologues générationnels, qu'a pourtant relevé la verte sarabande. Avec sincérité et talent, sa mise en musique et en voix, d'une troublante efficacité, s'est révélée susceptible de la placer parmi les formations avec qui il faudra probablement compter, même si un bémol en matière de logistique, de variété et d'originalité est à relever sur cet introductif opus. Mais ils ont bien le temps d'étoffer la palette de l'offre rythmique et atmosphérique et de régler les plus petits détails, à commencer par les finitions, pour pérenniser un projet pour l'heure encore classique mais foncièrement attachant...