Liste des groupes Heavy Metal Witch Blade Oskuldernas Eld

La Suède est en règle générale un gros pourvoyeur de formations metal. On y trouve cependant le saint Graal à côté du gobelet de camping en plastique. Et dans le heavy metal aussi. Le pays s'est illustré dans la restitution d'un heavy metal de l'ancienne époque à la hauteur de ce que l'on connaissait alors. Cependant, même si le cœur est vaillant, tous ont des expériences et des réussites variables . Le cas de nos jeunes amis de "With Blade" l'illustre parfaitement. Comme "Enforcer" ils se référent avant tout aux figures de pointe du heavy metal britannique des années 80. Mais, n'est pas "Enforcer" qui veut. Le quatuor fondé en 2013 a pour singularité sa jeunesse et le chant exclusivement en suédois. Le groupe sort une démo deux titres en 2013, puis un album court en 2015 en version vinyle d'abord chez le petit label allemand Dying Victims Productions, puis en support cd chez le ricain tout aussi petit Swords & Chains. "Oskuldernas Eld" trahit l'immaturité de la formation et se rapproche plus du gobelet en plastique dans la finition que du verre en cristal.

On peut jauger de la chose dès l'entrée en matière avec "Ljusets Apostel" figurant un heavy metal par à coups contenant quelques influences rock n' roll. Le titre aurait vraiment mérité plus de subtilité, surtout que l'association du chant presque éructé ne se fait pas sans dégât. "Ondskans Mästare" ne semble pas non plus très réactif, ni très imaginatif. Tout au plus une succession de petits riffs répétés dressant un contenu pateux et compact aux performances toutes relatives. Ça s'enraille encore davantage quand on aborde "Nattens Synder". C'est très répétitif malgré quelques petites échappées de lead guitare. Ça peut paraître tellement pauvre qu'arrivés à l'avant dernier titre, intitulé "Mörkrets Tempel", nous avons la sensation d'avoir parcouru des morceaux extrêmement similaires les uns les autres. La redondance du produit est toute manifeste. S'en est très fâcheux. Surtout que les extraits excèdent rarement les trois minutes de durée.

Cependant, il ne faut pas être trop dur avec "Witch Blade" ni avec ce disque. Le groupe se montre plus engageant et nerveux à travers "Djävulens Svärd", même si on a le sentiment d'avoir à écouter une simple ébauche quelque peu précipitée, manquant de contenu. Son heavy metal parvient de manière inattendue à se rapprocher fidèlement de celui des anciennes formations britanniques sur "Fjärrans Krig" proposant une sorte de croisement répétitif entre les premiers "Iron Maiden" et "Tokyo Blade", sans pour autant exceller comme ces grandes références du genre. Là où "Witch Blade" révèle un certain talent, c'est avec le morceau "Oskuldernas Eld". Titre massif et compact au premier abord, plus dynamique sur sa suite. Un titre mieux articulé par rapport à ce que l'on a croisé sur ce forfait, et muni d'un sympathique petit solo. On aura l'autre surprise de découvrir en conclusion une piste éponyme dans un style heavy doom très acceptable. Peut-être auraient-ils dû ne s'en tenir qu'à ce genre de composition vintage.

Vous l'aurez peut-être compris. C'est loin d'être satisfaisant pour "Witch Blade". Les manques d'expérience et de maturité technique sont ici frappants. Eux aussi tentent de profiter de l'engouement autour du heavy metal à l'ancienne. Mais ils sont encore trop jeunes pour faire comme les vieux. Le chant en suédois a beau s'avérer original, il est ici insupportable. Si le chant avait été en anglais, on aurait certainement pu jurer que l'ouvrage était issu d'une quelconque petite formation sud-américaine tentant de s'essayer au heavy avec un matériel et une production bazardés. Au Brésil notamment, ce ne sont pas les mauvais exemples qui manquent, même si là-bas aussi on peut trouver le calice. "Witch Blade" s'est lancé un peu prématurément dans le circuit ne disposant pas des rouages suffisants pour croiser les pontes du heavy revival suédois, leur premier ouvrage incitant à boire plus qu'à headbanguer. Espérons pour eux que pour le prochain nous n'aurons pas à boire le calice jusqu'à la lie.

10/20