Orisonata (CD)

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13/20
Nom du groupe Orisonata
Nom de l'album Orisonata (CD)
Type Album
Date de parution 03 Mars 2014
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album2

Tracklist

1.
 Journey to the Center of the Earth
Ecouter08:42
2.
 The Once and Future King
Ecouter06:35
3.
 The Great Baptism
Ecouter08:04
4.
 Unholy Creation
Ecouter07:18
5.
 Oathbreaker
Ecouter05:01
6.
 Robin Hood
Ecouter07:55
7.
 The Muses
Ecouter05:07

Durée totale : 48:42

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Orisonata



Chronique @ ericb4

18 Octobre 2015

Une enivrante alliance de styles qui a pour corollaire de délectables instants de félicité...

Se démarquer au sein d'un univers metal symphonique à chant féminin déjà saturé n'est pas chose aisée. Outre les lyrismes exacerbés et les orchestrations épiques dont se nourrit déjà amplement ce registre, il a donc fallu chercher ailleurs les clés de la distinction pour pouvoir cristalliser une signature artistique propre et indélébile au sein d'une œuvre se voulant « différente ». Aussi, une orientation stylistique singulière a été privilégiée par ce groupe américain, originaire de Houston et déjà expérimenté. Ainsi, c'est dans un paysage musical pluriel, riche en arpèges et varié en gammes que s'inscrit ce combo, conférant à ce projet toute son originalité, dans son concept comme dans ses combinaisons atmosphériques. Et ce, tout en restant rivé dans une assise metal symphonique progressive de fort bon aloi.

Créé en 2006 par le duo composé de la parolière et chanteuse Jennifer Grassman et le multi-instrumentiste Jason Lee Greenberg, Orisonata a déjà auto-produit une discrète démo éponyme (2009) avant de révéler son premier album full length, éponyme lui aussi, pas moins de cinq ans plus tard. Nous découvrons alors un généreux et intrigant ruban auditif de plus de cinquante minutes où ne s'égrènent guère plus de sept denses pistes, dont les durées varient entre cinq et neuf minutes. A cet effet, le duo s'est octroyé les talents de musiciens de niveau international pour compléter l'armature orchestrale, chacun intervenant à sa manière sur chacune des plages de l'opus. C'est à l'instar de compositions bien customisées et de textes scrupuleusement élaborés que l'ensemble, faisant montre d'une symbiotique cohésion collective, évolue. De plus, les enchaînements s'avèrent finement réalisés et les finitions non laissées pour compte. On appréciera également un mixage rigoureux, estompant les effets de compression au maximum. Les notes parasites étant peau de chagrin, on comprend que la qualité de l'enregistrement a reflété un travail minutieux et parfaitement coordonné en studio. Entrons, dès lors, dans les entrelacs de cette œuvre, en quête de ses marques distinctives qui en fonderaient sa personnalité.

Un premier sentiment nous parcourt : celui d'être aux prises avec une œuvre racée, solide, apte à nous faire ressentir une heureuse communion entre metal et jazz, exercice peu habituel dans ce registre. C'est précisément ce que nos acolytes ont souhaité, à commencer par l'entame de l'opus. Ainsi, des gouttes d'une pluie orageuse relevées d'un fringant saxophone aux accords typés jazz rock, signés Todd Oxford, nous accueillent sur « Journey to the Center of the Earth », savoureuse fresque technique de près de neuf minutes. Soudain, la cavalerie rythmique se met en mouvement, avec une verve à peine contenue que des riffs acides étreignent sans relâche. Ce faisant, nous déambulons dans des couplets aussi complexes que ciselés avec précision, habilement mis en relief par les inflexions angéliques de la soprano, non sans rappeler Imperia. On appréciera coups de théâtre et ruptures rythmiques, ajoutant quelques effets de contraste, et, au passage, de superbes rampes au piano, œuvre de Marco Bayarena, dessinant de sulfureuses arabesques, alternant avec la présence vocale de la belle. Quelques passages d'inspiration jazz relevés par un flamboyant duo piano/saxo s'inscrivent en creux au beau milieu d'un parterre symphonique progressant par vagues successives, le long d'une ligne mélodique usant de subtiles nuances, parfois déroutantes, sans pour autant s'avérer désagréables. Originale et heureuse alliance de styles que nous sert là le collectif. D'autre part, mid tempo techniquement pléthorique et à la trempe heavy symphonique, « Unholy Creation » nous livre un créatif solo de guitare, à la manière de Mattsson. En outre, on suit les tribulations oratoires de la sirène au filet de voix cristallin, sculptant avec brio les refrains. Dans cette mouvance, on ne restera pas insensible au solo de piano jazz, signé Pamela York, rejoint par une fuligineuse lead guitare. Fractures rythmiques et frondeuses reprises s'offrent opportunément pour nous aspirer dans le tourbillon de sables mouvants estampés jazz'n'metal. Là ne s'arrête pas le spectacle. Titre graveleux au tempo alerte, « Robin Hood » nous cale sur un ravageur jeu de basse dispensé par Brad Shearhart. Effets de renvoi entre piano et instruments à cordes, échanges incessants entre musiciens, avec le retour de Todd au saxophone, magistral dans son solo à la fleur de jazz, nous placent dans cette ambiance flirtant avec le power symphonique. En véritables compères, piano et saxo convolent de concert pour s'unir et laisser la diva insuffler ses claires et puissantes patines, dans l'esprit d'Ela. Par moments, on se noie dans les méandres du tracé mélodique, mais cet effet est voulu, pour surprendre l'auditeur à chaque recoin de la piste.

Le combo a également veillé à esquisser un univers de contrastes atmosphériques avec un soupçon d'emphase tout en demeurant immergé dans un metal symphonique uniforme. Des nappes synthétiques nous invitent à entrer dans une autre toile, à l'instar de « The Great Baptism ». Déroutant sur le couplet, ravissant sur le refrain, ce titre userait d'un large spectre atmosphérique pour se mouvoir, sur une assise metal symphonique où s'entremêlent les différents protagonistes. Parfois syncopé, avec un tapping subreptice, ce morceau témoigne d'un degré de technicité largement éprouvé, perceptible sur les ponts disséminés sur le parcours auditif. On assiste notamment à des luttes intestines entre guitare venimeuse et vénéneux organe synthétique, que provoque en tapinois un piano à la tonalité grave, que suit en célestes ondulations la déesse, non sans rappeler Xandria, première mouture, avec une touche d'Imperia sur les allonges dans les médiums, et un zeste de Kate Bush en voix de tête.

Pour ne pas se départir de son origine stylistique fondamentale, le groupe a su également rester fidèle à ses premières convictions. Ainsi, l'incisif et entraînant « The Once and Future King », d'inspiration heavy symphonique, non sans rappeler Fallen Arise, déploie un démoniaque picking corroborant une section rythmique en demi-teinte, accompagnée d'un riffing griffu. Et cela, au fil d'un cheminement harmonique invitant, notamment sur le refrain, catchy à souhait. Un affriolant pont technique offre une palette étoffée de facéties judicieusement amenées par l'inspiré combo, notamment au regard de l'expert doigté et des figures de style distillées par Jason sur son manche de guitare. De son côté, à la manière de Helena Michaelsen, la belle envoûte par ses amples envolées en série en voix de fond. Exercice réalisé de main de maître. Dans ce sillage, de rondes frises dessinées par une lead guitare enjouée nous installent à bord de « Oathbreaker », titre vitaminé recelant de sculpturaux couplets et une ligne mélodique non sans ravissement sur le refrain, pouvant évoquer Asylum Pyre. Syncopé, fouettant, cet acte laisse entrevoir des lignes de basse vrombissante libérées par Wade Vandesande, accompagnant la belle dans ses envolées.

Le groupe n'a pas omis de nous offrir quelques moments d'accalmie, aptes à capturer quelques émotions à la dérobée. Ainsi, une guitare acoustique et de jolis arpèges joués à la flute par Cynthia Butler nous aspirent sur les mots bleus contenus sur « The Muses ». Jennifer élève son timbre d'un octave sur cette pièce d'une sensibilité à fleur de peau, au fil d'un déroulé mélodique authentique, aux modulations tempérées, jouant davantage sur quelques nuances de tonalités que sur de spectaculaires envolées aux notes convenues. On va donc au-delà de la classique ballade pour s'imprégner d'une atmosphère pastel dénuée de rythme autre que celui du flux oratoire, les câlinants élans vocaux de la belle sachant nous retenir sans avoir à forcer le trait. C'est tout naturellement avec grâce que l'ensemble se meut et nous quitte, sans faire de bruit, en toute quiétude.

On ressort de l'écoute de cette goûteuse galette avec un sentiment de plénitude auditive susceptible d'engendrer le désir d'y revenir, pour une gourmande tournée, du moins pour mieux s'imprégner des gammes et des accords qu'une première écoute aurait éludés. C'est dire qu'une écoute attentive est indispensable pour pouvoir ressentir cette onde vibratoire nous parcourir progressivement les sens. On aurait peut-être souhaité un message musical plus immédiat. Mais, malgré cette difficulté à entrer dans le vif du sujet dès les premiers passages, plusieurs retours permettront de dépasser cet obstacle. Aussi, cet opus pourra toucher à terme de nombreux amateurs de metal symphonique alternatif à orientation jazz. Enigmatique association, elle n'en demeure pas moins susceptible d'éveiller d'authentiques plaisirs. Bref, un propos à découvrir, à éprouver, et peut-être bien à adopter.

4 Commentaires

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Insmomnium - 18 Octobre 2015: Tiens un nouveau groupe prenant ses influences dans le jazz. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas eu l'occasion d'en écouter un. Merci pour la découverte et très bonne chronique comme d'hab
ericb4 - 18 Octobre 2015: Merci à toi. Oui, on a là une intéressante symbiose stylistique, qui fonctionne plutôt bien, l'ensemble évoluant sur des chemins mélodiques raffinés, pas toujours faciles d'accès. Mais, à l'issue de plusieurs écoutes attentives, il se peut que le message finisse par passer et que le plaisir auditif soit au bout du chemin. Original, mais loin d'être farfelu, cet album se révèle riche en harmonies et, dans l'ensemble, généreux et sincère dans son offre. Alors, pourquoi pas...
Flandre - 19 Octobre 2015: Merci Ericb4! Ton analyse, très fine du groupe a suscité mon intérêt. Le duo nous livre un bien beau metal symphonique aux influences jazz, gothiques , parfois orientales et à la veine très progressive. Un album très original et assez unique en son genre. Merci encore pour cette découverte.
ericb4 - 20 Octobre 2015: Je te remercie pour le compliment et tes observations. Moins conventionnel que bien d'autres projets, celui-ci semble poussé par un élan d'inspiration intarissable. Espérons que cette concomitance de styles, dont peut se nourrir le metal symphonique, fasse école auprès d'autres formations. L'exercice n'est pas aisé mais peut se révéler fructueux s'il est bien mené, comme c'est le cas ici. Il se pourrait bien que le groupe ne s'arrêtera pas là. Affaire à suivre, donc...
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