Qui l'eut cru ? La scène Française possède aussi son groupe de techno-thrash/death. Alors, oui, il y a bien
Voight Kampff qui a réanimé localement ce micro-style (dont le premier album fut une belle surprise), mais on ne peut pas dire que les contretemps et cassures rythmiques empreintes de thrash/death traditionnel soit l'apanage du pays du Roquefort. Et pourtant, du goût,
Extravasion en a à revendre en proposant ce
Origins of Magma, au format E.P de plus de 37 minutes.
Les plus observateurs auront remarqué déjà le nom du groupe, directement inspiré d'
Aspid, groupe de techno-thrash russe de bon goût, mais aussi le personnage de la pochette, pas loin de l'imagerie Voïvodienne/Vektorienne montrant un Cthulhu surmonté du dollar enserrant un symbole de civilisation occidentale. Tout un programme, renforcé par les croquis du digipak dessinés par le chanteur Emil, renvoyant aux travaux d'Away. Musicalement, surtout, surtout, ne pas se fier aux premières secondes d'écoute ! En effet, l'intro "
Castle" ne peut constituer qu'un hommage aux premiers instants de "Damage Inc.", et le premier cri de "
Flames of Industry", tellement Petrozzien que ce ne peut aussi être qu'un clin d’œil au groupe majeur de thrash européen, ne constituent pas des révélateurs fiables de ce qui va suivre. En effet, si "
Flames of Industry" convainc aisément par ses rythmiques thrash acérées et ses descentes de manche, c'est surtout à partir de "
Origins of Magma", et ses plans dignes d'
Obliveon (des deux premiers - et meilleurs - albums) que
Extravasion va remporter la mise. Ce titre, et ses superbes moments (le somptueux break de basse inattendu à 1'00") arracheront à la fois le sourire aux fans d'
Obscura ou d'
Atheist. Le travail à la basse de Clément est à ce titre exemplaire à de nombreuses reprises, mis en lumière par la production précise concoctée aux Walnut Sudios (
ADX,
Thrashback). Les breaks se chevauchent, on pense tantôt à
Coroner,
Atheist,
Gorguts, voire
Vektor.
Si "
Circle of
Life" est plus direct, la composition entraînante bénéficie d'un solo inventif et d'un break brillant à 3'00". "Bankster" à l'introduction décalée réussie enfonce le clou et la composition s'envole haut, avec une basse qui, encore une fois, fait des ravages dans ce titre à tiroirs de plus de 8 minutes. A la fois traditionnel et souvent inventif ("Consume...", titre le plus commun du lot),
Extravasion se frotte même au piège du chant en français. Peu y réussissent (citons toutefois les deathsters Canadiens d'
Outre Tombe et leur fabuleux premier album), mais "La Nuit" (que Kelly Schaefer d'
Atheist ou Jean Jacques
Moréac de
Misanthrope n'auraient pas renié), titre virevoltant à la basse bouillonnante, est à coup sûr une belle réussite, avec son break acoustique central, mais surtout son début hallucinant conférant à la composition une allure de classique.
Excellente surprise que ce premier jet d'
Extravasion, dont on a peine à croire qu'il vienne de France et non du Canada tant les influences, identifiables mais nobles et pas évidentes à ingérer, sont ici retracées, sans que l'on puisse crier au plagiat ou au copié/collé.
Assurément un groupe à suivre de très près. Pourquoi s'embêter à chercher ailleurs ce qui sort par chez nous, d'autant que la piste cachée (sans dévoiler quoique ce soit pour ne pas spoiler) constitue également une autre preuve de l'inventivité de ce groupe.
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