A l'heure où va sortir son second album (Nanotech, ces jours-ci), il est plus que temps de se pencher sur le groupe américain Euphoria. Apparu dès 2016 avec ce premier album, le groupe a aussi sorti depuis un EP (The Omaga
Void, en 2017), le quartet (passé à cinq musiciens depuis quelques semaines) n'a pas perdu de temps, profitant d'une signature chez
Evil Eye Records, qui a semble t-il flairé le bon coup. Pour faire simple, les natifs de Detroit peuvent sans problème être rapprochés stylistiquement de
Vektor, le groupe mélangeant avec la fameuse formation Arizonienne son goût pour la Sci-Fi, mais aussi pour les plans échevelés hérités du techno-thrash. Comme
Black Fast, par exemple, ou nombre d'autres groupes récents, la pause forcée des
Vektor pour cause de renouvellement de line-up laisse la voie libre à d'autres techniciens, avides de surfer sur le succès artistique du bébé de David DiSanto.
Mais, dans ce sous-genre, il est aisé de filtrer avec le trop plein voire le mal de crâne ; la présence ou non de moments d'accroches rendant une bouille à priori indéchiffrable magnifique, ou formant un tout parfaitement cohérent. En gros, c'est tout bon ou tout indigeste. Le son, assez clair, rend ici la part belle aux duels de guitares et aux riffs agressifs et entêtants de la formation, et on a droit à une image de toute beauté aux teints bleus criards qui aurait pu inspirer un groupe de tech-death, à l'instar du EP et du second album à venir, instaurant une cohérence visuelle certaine. A l'instar d'autres groupes tels
Obliveon,
Armageddon ou
Vektor bien sûr, le techno-thrash proposé ici nous sort des textes fortement inspirés par le côté scientifique de la création terrestre, nous amenant à réviser nos cours de préhistoire. Mais parlons musique, car ici c'est bien ce qui nous intéresse. Euphoria propose dès l'intro inutile passée un techno-thrash vif, acéré, fourni de lignes mélodiques souvent fortement mémorisables et porté par un chant criard dans la lignée de leur principale source d'inspiration (
Vektor, ben oui, faut suivre). Les riffs et plans s'enchaîneront ainsi rapidement (le tempo ne faiblit que rarement), et les titres les plus efficaces font clairement mouche (miam, le riffing du superbe "
Primordial Dominance").
Bien sûr, une fois
Vektor découvert, difficile de crier au génie, encore moins à l'originalité. Mais question efficacité, les Américains se posent en sérieux outsiders du genre. Bubba Colonna IV abat un sacré boulot à la six-cordes, et un titre comme "Cyberschizophrenia" avec son up-tempo frénétique enchaîné par un terrible riff donnant le flow vocal est un top-morceau, de ceux qu'on remet une fois passé sur la platine. 5 minutes de pur bonheur techno-thrash, à l'instar de l'effréné "
Andromeda Effect" qui touche aussi les étoiles (le riff d'entrée fait d'ailleurs furieusement penser au
Slayer de 1988). Et si le groupe n'oublie pas les petits clins d’œil à ses sources d'inspiration ("
Watchtower", ça vous rappelle rien ?), il subsiste quelques longueurs de ça de là, des moments moins marquants, mais rien de foncièrement pénible, le groupe s'arrangeant pour proposer le titre efficace ("
Aftershock : The Art of
War", de seulement 2'30") ou le petit plan jouissif ("
Parasite" et ses riffs répétés à la fin du morceau) qui relève la sauce fréquemment.
Vraie belle trouvaille, dans le microcosme du techno-thrash post-2009 (date du Black Future de
Vektor), Euphoria nous rappelle avec joie que cette scène est bien vivace, que la mélodie n'est pas incompatible avec le haute technicité et que non,
Vektor n'est pas seul dans l'univers. Au contraire, même si tous les titres ne se valent pas ("
Black Dawn", au début poussif, avant la troisième minute), et si spécialement trois morceaux magnifiques intelligemment répartis dans l'album mettent vraiment sur orbite, on peut prédire un avenir radieux à Euphoria.
P.S. : Le E.P.
The Omega Void peut être trouvé via l'édition DeLuxe sortie en 2017 avec un Digipack contenant les 2 CDs fourni par le label. Bon plan, d'autant que le E.P. sorti un an et demi après ce premier album est dans la continuité mais doté d'un son plus puissant mais moins bien équilibré, et de 2 compositions plus abrasives (dont une superbe pièce à tiroirs de plus de 8 minutes), en sus de l'instrumental de rigueur.
Merci pour la chro Jérome. L'exemple même du groupe qui me tente moyen apriori, de peur de trop comparer à Vektor et d'être déçu. Il n'y a qu'UN Vektor. Je vais tenter quand même quelques extrait via YT, sait on jamais.
Essaie un des trois titres assez clairement au-dessus du lot cités dans la kro, et plutôt sur leur Bandcamp, t'auras le choix des titres plus facilement. Et, si il n'y a qu'un seul Vektor, la pause forcée de DiSanto profite ainsi aux petits copains.
Euphoria Ω en fait, mais sur SoM, le Ω a pas l'air de passer partout...
Selon Metal Archives, le groupe s'appelait Euphoria de 2016 à 2018, et Euphoria Ω à partir de 2018... compliqués les gars!
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