Pas la plus représentative sur la scène thrashmetal des eighties (quoique), sans toutefois occulter quelques pointures comme
Onslaught,
Sabbat ou Sacrilege, la Grande Bretagne compte en revanche nombre de formations délirantes dans le style, à l’image d’
Acid Reign,
Re-Animator ou
Lawnmower Deth. Des trois cités, le dernier reste certainement le plus décalé, poussant son thrash dans de multiples directions, tant que l’esprit fun y règne. Ses membres forment le groupe en 1987, adoptant des noms de scènes aussi sérieux que Qualcast
Mutilator ou Mightymo Destructimo, puis enregistrent deux ans plus tard le split LP
Mower Liberation Front avec les gars de
Metal Duck. L’artwork du split est confié au jeune Dan Seagrave, qui livre ici son premier dessin pour un groupe de metal, sans savoir qu’il deviendra rapidement la coqueluche du death grâce à l’intérêt immédiat porté par Earache Records.
Parallèlement à ses récentes signatures d’
Entombed,
Godflesh ou
Nocturnus, le label anglais propose ainsi un contrat au quintette britannique, puis l’envoie aussitôt aux
Slaughterhouse Studios (
Carcass,
Napalm Death,
Bolt Thrower) pour les sessions de son premier album. Ooh Crikey sort en septembre 1990, muni d’une illustration inévitable de Seagrave, mettant en scène une moissonneuse batteuse (lawnmower) interstellaire, histoire de bien fixer l'ambiance.
A partir d’une dominante thrash crossover,
Lawnmower Deth balaye et parodie de nombreux styles, passant d’un thrash incisif (Spook Perv, Sheep Dip) à des titres hardcore (Icky Ficky,
Judgement Day), en passant par du gros deathmetal (Sharp Fucka) ou des sections ska avec cuivres (
Seventh Church), sans oublier ses multiples interludes délirants, à l’image du sympathique Duck
Off. En outre, Pete Lee (Qualcast) module brillamment son chant, alternant voix hardcore & guttural profond, jusqu’à des pointes déjantées qui confèrent une bonhomie certaine, à l'image des bons
Lancer With Your Zancer &
Flying Killer Cobs, aux paroles tout aussi décalées.
Mais, au delà de leurs airs désinvoltes et de leur manque de sérieux apparent, les gars de
Lawnmower Deth sont en plus loin d’être des manches, maîtrisant parfaitement leur sujet, et livrant quelques missiles comme Sumo
Rabbit, Cobwoman Of Deth ou Satans Trampoline, habillement ficelés & particulièrement réjouissants. Ooh Crikey bénéficie en outre de l’expérience de l’ingénieur Steve Harris et des studios
Slaughterhouse, doté d’un son clair & puissant, qui met impeccablement en valeur la profondeur de son couple basse batterie et la lourdeur de ses guitares.
Simple partie de franche rigolade, Ooh Crikey ne reste pas moins un album cohérent et inspiré, comblant les désirs du thrasher appréciant ces groupes sans prise de tête. A l’époque où le deathmetal domine insolemment le catalogue d’Earache Records, quelques formations comme
Lawnmower Deth permettent ainsi d’apporter une bouffée d’air frais fort appréciable, et de détendre parfaitement l’atmosphère.
Fabien.
Je ne suis personnellement pas aussi dur envers Crickey et son successeur. Si plusieurs titres potaches peuvent effectivement agacer, Lawnmower Deth reste ancré autour d’un thrashmetal fort bien ficelé, et fourmillant d’idée pour rendre le tout intéressant. Snooker Hall, Sheep Dip, Lancer, Flying Killer, Seventh Church ou encore Satan's Trampoline sont autant de preuves du talent de la formation britannique, et autant de titres m’accompagnant depuis la sortie de l’album, bien plus qu’une simple tarte à la crème de j’aurais pris en pleine tronche en cette fin d’année 1990. C’était ma soeur, sensible ou peut-être exténuée par mes supplications incessantes, qui m’avait donnée les thunes pour l’unique exemplaire qui m’attendait chez l’un des disquaires de ma ville. A l’époque, le sceau Earache était question de vie ou de mort me concernant. Je l’en remercie mille fois, elle pourtant si hermétique à un style qui me possède depuis tant d’années... Fabien.
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