Si la majorité des réalisations issues du label Earache Records tournent davantage autour du deathmetal entre les années 89-92, l’écurie culte de Nottingham n’oublie pas pour autant dans son catalogue des formations britanniques en dehors de ce mouvement extrême grandissant, pour citer ses signatures de
Godflesh,
Hellbastard,
Cathedral ou
Lawnmower Deth. Entre thrashmetal et hardcore, ce dernier nous livre en 1990 son premier full-lenght
Ooh Crikey! It's Lawnmower Deth!, album à dominante metal et à l’esprit fun, dans la lignée des albums de son confrère
Acid Reign. Connaissant quelques remaniements de line-up, le groupe recrute d’ailleurs l’excellent Kevin Papworth, libre depuis la séparation du quintet impayable d’Harrogate.
Deux années après son premier LP,
Lawnmower Deth retourne en studio sous la houlette de Stilly Harris, pour la mise en boite de son nouvel effort au nom à rallonge
The Return of the Fabulous Metal Bozo Clowns. Remise aux mains du maître Dan SeaGrave, la couverture de l’album n’a en revanche rien en commun avec les principaux travaux du dessinateur pour les groupes deathmetal du moment, ce dernier s’étant de nouveau idéalement adapté à l’imagerie fun de nos cinq lurons de Mansfield. En cette année 1992, on retrouve alors la joyeuse bande sur une compilation promotionnelle d’Earache (jurant à côté de toute la pléiade deathmetal du CD-promo !) avec le fameux titre Paranoid Palaroïd, l’un des meilleurs titres de son répertoire. Si l’humeur festive entoure le morceau, il n’en reste pas moins sacrément bien ficelé, riche en rebondissements, loin de rythmiques simples et de riffs tout aussi binaires.
Dans la lignée du morceau présenté en avant-première, le nouvel album de notre quintet possède une assise solide et un son résolument métallique, pour citer les géniaux Jaggered Wedge, Feetcleaner,
Sorrow ou
King of the Pharaohs, bénéficiant d’une mise en place et d’une interprétation sans reproche. En outre, si la bande de Mr. Flymo déboite dangereusement lorsqu’elle décide d’accélérer la cadence, s’emballant dans ses rythmes fous sur le furieux Urban Surfer 125 ou encore sur un R.F. Potts tout aussi décoiffant, elle intègre aussi de multiples passages funky ou décalés avec une justesse remarquable, loin de livrer un melting-pot musical sans queue ni tête.
Lawnmower Deth, c’est aussi et bien sûr cette esprit de déconne pour citer des Be Scene ou Egg Sandwich n’exédant pas quelques secondes, et des moments de franche rigolade à l’image du dernier morceau Fookin’ Moo
Vit, où Kevin Papworth n’a jamais été aussi drôle.
Si l’on peut raccrocher
The Return of the Fabulous Metal Bozo Clowns au sein de la mouvance crossover (mélange thrash et hardcore pour les incultes),
Lawnmower Deth n’hésite pas non plus à exploser les limites, grâce à ses cinq interprètes possédant une culture musicale large et un talent tout aussi notable. Le quintet peine toutefois à trouver un public après deux albums, coincé dans un catalogue Earache penchant à cette époque plus volontiers vers un metal plus extrême, qui ne laisse guère de place aux formations plus purement thrashmetal du moment. Une nouvelle fois, la qualité et le plaisir font en tout cas bon ménage sur cette seconde réalisation de notre quintet britannique qui, sans prétention, reste bien moins désinvolte que les apparences le laissent paraitre.
Fabien.
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