L'efficacité d'un titre se mesure à la capacité que celui-ci a, sur la longueur, d'accaparer votre esprit avide. Captivé par les arabesques hypnotiques d'un premier instant de grâce, la conscience peut se nourrir de ce plaisir si tant est qu'il se poursuive fort des vertus de musiciens talentueux. Et lorsque s'éteignent les dernière lueurs, les dernière notes, et les derniers émois, repus mais frustré de ne pas en avoir davantage, l'âme s'accommode de parfums fuyant puis de souvenirs ou recherche immédiatement à retrouver cette plénitude. Si l'on y réfléchit bien, il y a d'ailleurs dans ce besoin de béatitude attaché à l'art quelque chose de très semblable à celui lié aux drogues. La musique une drogue? Mais je m'égare.
Quoi qu'il en soit, malgré la litanie de ces gens affirmant, à grand renfort d'adjectifs élogieux, que ces moments privilégiés sont légions, en vérité, ils sont plutôt rares. Peu de morceau parviennent, en effet, après seulement quelques écoutes, à nous marquer durablement. Et quand ils arrivent à vous ensorceler aussi parfaitement que Thunderkill, première piste du
Onward into Battle des Américains de
Crusader, la promesse est des plus engageantes quant à la suite du voyage. Vif et convaincant, ce premier brulot, aux refrains somptueusement réussis, nous donne à entendre, en une sorte de relecture du
Ace of Spade de Motorhead agrémentée de quelques accélérations qui pourraient très bien s'apparenter, toutes proportions gardées, à des blasts, tous les délices de ce Heavy
Metal plutôt traditionnel aux riffs épais et gras, presque Stoner ou
Sludge, que la voix rugueuse d'un fils spirituel de Lemmy Kilmister vient superbement transcender.
Mais ne nous arrêtons pas à ces premiers troubles exquis qu'un fer rouge aura indélébilement tatoué sur nos chairs et citons quelques une des autres excellentes chansons qui constituent ce disque. Mentionnons par exemple
Zero Hour et son entame aux chants très agressifs,
Witch Hunt et son final liturgique,
Dead Kings et ses soubresauts très britanniques (et ce notamment dans ces airs de guitares que ne renieraient certainement pas le trio Dave Murray,
Adrian Smith et Jannick Gers), Arturius et ses prémices très ésotériques et dépaysant ou encore, par exemple, le somptueux et épique, si tant est que ce terme ait encore une quelconque signification,
Onward into Battle.
A vrai dire, de ce spectacle réjouissant, seul Iron Forge, aux couplets ressemblant un peu trop à Run to the Hills (Iron Maiden - The Number of the
Beast (1982)) et aux refrains vraiment trop mélodiques, semble se démarquer et gâcher, un peu, notre contentement. Un défaut somme toute assez mineur en considérant l'excellence du reste d'un manifeste enthousiasmant.
Premier véritable album de ce collectif originaire de Chicago dans l'Illinois, ce
Onward into Battle présage d'un avenir forcément meilleur pour
Crusader. Et ce d'autant plus en ces temps où le discernement impose aux adeptes dispersés jusqu'alors dans les affres
Power Metal de revenir aux traditions les plus séculaires et fondatrices d'un Heavy
Metal plus traditionnel. Un retour aux valeurs d'antan qui aura même fait ressurgir de son tombeau la NWOBHM. C'est dire!!!
Merci à toi...
ça donne vraiment envie d'aller jeter un oeil !
J'écouterai des morceaux en même temps que le Satan ...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire