Liste des groupes Hard Rock Carmyn One

Artiste francilienne humble, sensible, généreuse et accomplie, Carmyn est à la fois musicienne, professeur de chant, interprète et danseuse. Egalement compositrice expérimentée et parolière bien inspirée, elle nous octroie un modeste mais revigorant EP de cinq titres dans un registre éminemment hard rock. Cette option de style n'a pas été sans effets sur l'intensité d'une large palette d'émotions que l'artiste a souhaité transmettre à son auditorat. Précisons que les frises de ce ruban auditif, finement écrites et bourrées d'énergie, ont renvoyé à ses récentes luttes personnelles et donc, lui ont permis de libérer quelques sentiments enfouis.

Cette menue rondelle a été enregistrée au DNI Studio par Cédric Guesdon, connu pour avoir travaillé avec T.A.N.K., Incry ou encore Missing Pride. Et cela, sous la direction artistique de la cellule Obscure & Inspiration. Il en ressort un espace sonore riche en gammes et en arpèges corroboré à un profond relief acoustique. D'autre part, la réalisation des parties de guitares en studio ont été confiées à Nils Courbaron, à l'expert toucher. Et ce, dans le dessein de metalliser l’approche afin de l'adapter au registre hard rock. On décèle également des arrangements de bonne facture et une production soignée, à la touche électro et empreinte de modernité.

Un large spectre d'émotions transparaît au regard du sobre et délicat artwork de la pochette, signé Nihil, artiste d'inspiration gothique, ayant parfaitement saisi l'esprit mystique inhérent aux compositions de Carmyn. Quant au titre, le bien-nommé « One » renvoie à la notion de recentrage personnel, d'unité, requise par l'artiste. Cette quête d'équilibre et d'absolu transparaît jusque dans la distribution des morceaux dans la tracklist. Ainsi, le propos musical dans son ensemble jouit d'une parfaite homogénéité artistique. Qu'en est-il alors de la substantifique moelle de l'oeuvre ?

Chacune de ces plages a été méthodiquement sculptée sur le plan instrumental, scrupuleusement calibrée quant à leur durée, et interprétée avec un chatoyant filet de voix qui nous parcourt, nous enveloppe et, in fine, nous envoûte jusqu'à l'ivresse, à la mesure de la sensibilité de son auteure.

Pas de doute, on navigue dans un bain orchestral aux frétillants remous, au coeur d'une mouvance hard rock au son délicieusement patiné, façon années 60/70. Schéma que l'on perçoit déjà sur la frondeuse entame « Betrayal ». Des riffs corrosifs étreignant une rythmique éméchée nous assaillent tout de go dans une ambiance hard rock classique, avant que la belle n'élance ses charismatiques inflexions sur les couplets, au demeurant bien ciselés. On la suit plus volontiers encore sur les refrains qu'elle dessine habilement de ses puissantes et sémillantes vibes. Soudain, un bref solo de guitare s'immisce avant une reprise vocale calée dans les médiums. La fin de piste offre un dégradé sonore à l'image d'un feu presque soufflé dont il ne resterait plus que quelques braises qui se meurent. Autre archétype de cette tendance, « Alienated » nous livre, lui aussi, un instant typé hard rock pris dans son jus. Ici, des riffs échevelés bombent le torse, prêts à suivre une fuligineuse section rythmique, propice au headbang. C'est sur des charbons ardents que s'enchaînent couplets magmatiques et refrains pleins d'allégresse, la sirène suivant bel et bien la cadence, étoffant chaque dièse, chaque bémol de ses fougueuses impulsions un poil rocailleuses. Ainsi, on se délecte de cette ambiance fleurant bon l'authenticité sans que rien ne vienne entraver notre plaisir. Enfin, comment passer à côté de « Disposable Love », pièce d'orfèvre à la rythmique incandescente et aux riffs épais, offrant de belles harmonies tout en ne lâchant pas la pression auditive d'un pouce ? C'est fumant, incisif, cinglant, vrai, et on en redemande. Un break s'interpose alors, aussitôt enseveli par une reprise vocale et instrumentale flamboyante. Exercice de style réussi, là encore.

Une orientation rock mélodique classique a également intégré l'espace de cette rondelle. Ainsi, l'entraînant « Respect Yourself » s'inscrit dans cette veine, avec une intro mêlant quelque arpèges à la lead guitare électrique et à la guitare acoustique, relayée par d'intéressantes et insoupçonnées nuances de tonalités sur les couplets. On appréciera la luminescence du chemin mélodique proposé, s'immisçant avec délice dans nos tympans. Un break finit pat s'infiltrer, se faisant alors surprendre par une reprise bondissante, le morceau terminant crescendo.

On l'attendait, et la voici, plus fondante que jamais !... L'ambiance se fait soudain plus feutrée à l'instar de la ballade aux variations de tonalité d'inspiration bluesy « A Light in the Dark ». De délicates modulations sont délivrées par l'interprète, aussi bien sur les invitants couplets que sur les pulpeux refrains, que talonnent quelques belles séries de notes à la guitare. En outre, la ligne mélodique d'ensemble suit un tracé précis, les notes tombent juste, et l'adhésion est quasi immédiate. Bref, un délectable moment d'intimité qu'on se plaît à se repasser.

En dépit de son humble format, cette production a déjà initialisé une série de concerts sur la période 2014/2015. En fait, cet EP est à considérer comme une première étape relative à l'évolution du propos musical. En effet, cette galette préfigure l'album que Carmyn concocte secrètement, dont la sortie est prévue d'ici quelques mois. Nul doute que ses qualités artistiques, à la hauteur de sa détermination à oeuvrer avec rigueur et sincérité, sauront impacter un public plus largement acquis à sa cause. On attend donc la suite du projet non sans une certaine impatience...