Encore timide et balbutiant sur la scène metal gothique européenne, le jeune quintet italien souhaite désormais s'affranchir de l'estampe frileuse d'outsider qui lui colle encore tant à la peau. Sortir de la spirale de l'indéfectible transparence pour se projeter sous les feux de la rampe semble précisément faire partie des prérogatives de notre club des cinq. Pour l'heure, les Romains de Hypnotic Waltz ne disposent que d'une modeste démo, « Anime
Insane » (2008), de deux ans l'aînée de celle qui nous intéresse ici, pour nous rallier à leur cause. A peine huit minutes où se battent en duel deux titres d'égale durée nous sont octroyés sur cet infiltrant « Onde Temporali », seconde auto-production conjuguant metal gothique et influences folk, power et progressif. Telle est l'arme de jet de nos gladiateurs pour tenter de lutter efficacement contre une concurrence graduelle en la matière. Oeuvre laconique à la belle qualité d'enregistrement que l'on doit aux talents conjugués de la mezzo soprano Sandra Spano, du guitariste Filippo Monaco, du bassiste Emanuele Pasquali, du batteur Giusepe Cerabona et du claviériste Enzo Terrano. A la lumière de l'écriture inspirée de ces deux partitions, entrons sans plus attendre dans la petite goélette pour un bref mais contrasté rite initiatique.
D'une part, nos acolytes ont privilégié une approche dynamique propice au headbang, avec quelques rebondissements bien amenés à la clé. Ainsi, des riffs massifs et graveleux étreignant une section rythmique multiforme et enjouée s'inscrivent en creux dans «
Alba », sculpturale piste metal gothique aux accents à la fois power et classiques calée sur un cheminement harmonique complexe, éminemment mouvant, délicieusement chatoyant, feignant la déroute pour mieux nous récupérer et nous retenir au final. Dans le sillage atmosphérique de
Nightwish première mouture couplé à une assise percussive non sans rappeler le dernier effort d'
Ancient Bards, le valeureux collectif rital évolue et sait disséminer de sémillants arpèges au piano corrélativement à un bain orchestral bouillonnant. On ne restera pas de marbre sous l'impact des volutes oratoires mordorées d'obédience lyrique de la maîtresse de cérémonie où qu'elle se meut. On regrettera néanmoins un découpage couplets/refrains peu marqué et un sur-mixage des lignes de guitare, aspirant par moments les prestations bien inspirées de la mezzo soprano. Une carence technique à mettre au compte des petites erreurs de jeunesse.
Par ailleurs, le collectif nous immerge au sein d'une sereine et souriante pièce recelant une charge émotionnelle insoupçonnée. Ainsi, une harmonieuse combinaison guitare/piano d'inspiration folk se cristallise sur « L'Attesa », suave instant nous plongeant dans les méandres enchanteurs d'un mid tempo un poil syncopé, servi sur un plateau d'argent par une sirène livrant d'angéliques patines finement modulées, avec une convaincante tenue de note et quelques montées en puissance en prime. Ce faisant, on entre en communion avec les éléments orchestraux sous couvert d'une trame mélodique plutôt engageante où le maître instrument à touches distille savamment moult gammes d'inspiration classique, répondant à l'appel d'une lead guitare aux notes coulantes et d'une extrême limpidité. Une instrumentation devenue progressivement dense enjolive, dès lors, une marche en avant pleine de poésie. Une romance qui pourra rappeler
Aesma Daeva et dont il devient délicat de s'en extirper sans amorcer une petite larme d'émotion.
Un tour d'horizon prestement effectué qui en appelle d'autres, pour s'imprégner plus profondément d'une atmosphère à la fois pleine d'allégresse, à la rythmique vitaminée et romantique. On aurait souhaité cependant un mixage plus ajusté et des enchaînements intra pistes plus coulants, davantage en adéquation avec le style proprement gothique au combo, pour apprécier plus encore des plans techniques de bonne facture et une empreinte vocale au timbre feutré, remarquable de justesse et déjà identifiable. Certes, l'exercice reste classique et les prises de risques ne sont pas prévues dans le cahier des charges, mais la symbiose des genres telle que dispensée renferme son lot de surprises et un brin d'originalité. On comprend qu'un potentiel est né mais qu'il convient de canaliser et d'orienter vers une production plus affinée, variée et étoffée. Pour une écoute attentive ou deux, cette menue rondelle fera passer un agréable moment aux amateurs de metal gothique alternatif à chant féminin lyrique. On attend dès lors un sursaut d'inspiration de la part de nos compères pour nous livrer un album longue durée. Affaire à suivre...
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