Avant-propos : C’est dans l’urgence que j’écris ces lignes, non pas que l’album soit à découvrir à tout prix, mais mon avis se doit d’arriver au juste moment, sans quoi celui-ci serait inutile, l’album étant limité à 300 copies qui partiront dès que possible. Je tiens néanmoins à préciser que la chronique n’en est pas pour autant bâclée, bien au contraire. Ne vous procurez l’album que si vous possédez déjà les deux précédents travaux de Nattramn.
Au commencement étaient ces 21 minutes. Ce n’est pas énorme, me direz-vous et pourtant, c’était le début de quelque-chose d’immense.
Explications: Nattramn. Ou plutôt, l’homme qui ne savait pas rester en place. D’abord découvert en tant que vocaliste de DSBM avec
Silencer, avec qui il sortira un unique album. 5 ans plus tard apparaît son projet,
Diagnose Lebensgefahr, évoluant dans un univers Indus’,
Drone et Ambiant. 5 autres années passèrent sans le moindre signe de vie puis soudain, un livre: Grishjärta, qui se trouve être un recueil de poèmes exprimant un mal-être certain.
Puis ça.
Ödelagt, de
Trencadis. Un album sorti en
2012 datant de… 1996. Un retour en arrière de 16 ans, pas moins. Une préquelle de l’histoire musicale du personnage, en somme.
Comprenez bien qu’il est absolument nécessaire de remettre l’œuvre dans son contexte historique, sans quoi elle perdrait une grande partie de son intérêt, mais nous y reviendrons.
Passons maintenant à la minute linguistique. Le
Trencadis est un style de mosaïque créée à partir d'éclats de carreaux. Le dessin qu’elle représente donne une impression brusque et chaotique. Quand à
Ödelagt, c’est un mot suédois signifiant « Dévastée ». Mots on ne peut mieux choisis tant ils décrivent à merveille la musique proposée ici.
Mais quand est-il de la musique en question? Ce disque, nous le connaissons déjà lorsqu’il vient à débuter. Pourtant, nous continuons à avancer, à l’aveuglette, dans une obscurité artificielle, venue d’ailleurs. Une piste instrumentale d’une vingtaine de minutes, au synthétiseur, offrant des sonorités rappelant par moment un certain
Gloomy Grim ou encore les introductions au clavier de
Silencer; et un air répétitif, qui n’a de cesse de nous hanter. La mineur, Mi,
Sol mineur, Mi mineur, et des fois des variantes. Puis une mélodie venant s’y apposer avant que ce thème principal ne revienne. Est-ce tout? Oui. Et à la fois non. Car il y a des émotions derrière tout ça. Une impression de vide profond, qui nous noie dans d’interminables abysses. Un endroit sans vie, sombre, désolé, s’étendant plus loin que notre pauvre champ de vision.
Ruines et néant. Une formule prenante. Tellement qu’
Ödelagt aurait pu durer deux fois plus longtemps, l’album nous laissant pour mort alors que son écoute a à peine commencée; et désormais nous baignons dans une léthargie complète.
Et léthargie est un mot souvent revenu dans la carrière de Nattramn. On peut par exemple citer « Feeble Are You – Sons of Sion », dernier titre de
Death –
Pierce Me ou une bonne moitié des titres composant Transformalin. Et c’est peut-être ce qui explique que l’artiste ait sorti ces deux albums radicalement opposés, puisque c’est la seule chose qu’ils ont en commun.
Peut-être aussi devrais-je parler de la pochette, représentant un phare devant lequel se tient un homme, prêt à être englouti par les vagues. Une image perturbante, mais de toute beauté. Si vous le permettez, avançons plus loin dans l’artwork.
« This was my voice before I found my voice ». Cette phrase, inscrite sur le digipack, représente les seuls mots qui nous accompagneront durant ce voyage. Et ils sont emplis de vrai. Bien qu'évoluant sans-cesse à travers les genres, nous retrouvons toujours cette tristesse propre à l’artiste (au fou ?) quel que soit le style pratiqué.
Trencadis propose un univers ambiant, proche d’un
Burzum, partie Incarcération, n’attendant qu’une seule chose: que nous nous laissions transporter, et nous ne pouvons que nous laisser faire. C’est avec calme et mélancolie que la traversée continue, sans fin, obsédante au point d’appuyer sans cesse sur le bouton Replay. D’une douceur implacable, irrésistible, cette première œuvre nous emporte loin, très loin.
Après 6 ans d’attente, l’album, finalement, crée un lien entre deux projets complètement différents, et pourtant proches. Ce n’est pas un chef-d’œuvre, ce n’est pas la chose la plus transcendante jamais composée, c’est une pièce d’un puzzle, tout simplement, doublée d’un projet extrêmement personnel.
Trencadis donne enfin un sens… au non-sens.
TheDeath.
Avec le son à fond, on apprécie les subtilités, mais bon, qu'on me disent pas que j'ai rien compris, ou que j'ai mal écouté : on fait le tour de la production en moins d'une heure. ça casse pas des briques, c'est fadasse, c'est un produit de kvltist qui veulent se la jouer en soirée mondaine de kvltists avec leur exemplaire numéroté de Trencadis, un inédit de Nattramn, t'as vu ! Non, mais c'est creux, sérieux.
La peinture qui constitue la pochette est superbe en revanche.
Après pas sur que ça vaille un replay pour moi, c'est trop minimaliste (quoiqu'en fond sonore ça peut passer)
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