Il y a quelques années, le 12 novembre 2011 pour être précis, je me souviens être arrivé sur le tard pour assister au concert d’
Evergrey dans ma ville de Mons (Belgique). Sur la scène, un groupe local se produisait, délivrant un Heavy de bonne facture et terminant sur une reprise de Maiden. J’avais trouvé ce groupe intéressant et convaincant, mais encore un peu timoré. Il s’agissait de
Max Pie. Depuis, je n’ai pas vraiment suivi la carrière du groupe, malgré le fait que le chanteur Tony Carlino se soit fait un nom dans le monde du
Metal en organisant le célèbre PPM Fest à Mons.
Jusqu’à ce jour de juillet 2015 où je tombe sur le superbe artwork de la pochette de «
Odd Memories » (réalisé par Didier Scohier d’Artcore Design), nouvel opus de
Power Metal Progressif du groupe montois.
Entre-temps,
Max Pie a subi un lifting au niveau de son line-up, a joué avec Jon
Oliva’s
Pain, Queensryche,
Symphony X ou
Fates Warning et a déjà sorti deux albums studios : «
Initial Process » (2011) assez heavy et l’excellent «
Eight Pieces – One World » (2013), plus orienté progressif, mais enrichi de la puissance d’un
Power Metal moderne de qualité qui fut salué par les médias spécialisés. Si la progression entre ces deux albums est évidente, on ne peut que constater le nouveau pas en avant réalisé par les Belges avec «
Odd Memories ». Car, autant le dire de suite, c’est d’un tout grand album de
Power Metal Progressif dont il est question ici, dans la lignée des
Dream Theater ou
Symphony X !
Plantons tout d’abord le décor. S’il ne s’agit pas, à proprement parler, d’un concept album au sens strict du terme, l’auditeur se voit néanmoins transporté dans un univers futuriste où ce qu’il reste de l’humanité se nourrit des images du passé et cherche une future planète à coloniser. Les chansons ne sont pas reliées entre elles, mais toutes s’insèrent dans le même univers.
L’intro «
Odd Memories Opening » donne le ton dans un style cinématographique du plus bel effet, avant de lancer le premier morceau « Age Of
Slavery » assez représentatif de ce qui va suivre : un
Power Metal Progressif homogène axé sur la puissance et l’efficacité des riffs et des mélodies. Car, s’il ne fait aucun doute quant à la qualité et le haut niveau technique des musiciens,
Max Pie a eu l’intelligence de ne pas sombrer dans la démonstration, à l’image du guitariste et brillant compositeur Damien Di Fresco, qui suscite l’admiration (il prend aussi en charge les claviers) sans jamais jouer sa carte perso. On sent un gros travail collectif où tout est pensé pour que l’œuvre globale atteigne un équilibre juste parfait entre puissance, mélodie et émotion.
On peut en dire autant du vocaliste Tony Carlino qui, sans jamais en faire trop, est aussi à l’aise dans un style rageur cher à un certain Russel Allen (« Age Of
Slavery » ou l’excellent « Cyber Junkie ») que sur la power ballade « Hold On » chargée de feeling et riche en mélodies.
Ayant fait ses débuts dans les années 80 (
Lightning Fire qui deviendra CXT
Nine), Tony a en lui ce talent imparable pour délivrer des refrains qui tuent, mais toujours modernes, donnant ce cachet accrocheur qui sublime l’intérêt du disque. Avec toute son expérience et une excellente maîtrise de son organe vocal, le chanteur montois démontre que son registre est étendu et varié : sur « Odd Future », on pense à
Lizzy Borden dans le timbre de voix et le sens « malsain » de la mélodie, alors que l’ombre de…Chuck Billy (!) plane sur le presque Thrash « Cyber Junkie ». Et ce n’est pas tout! Quand « Promised
Land » démarre après une intro piquante à souhait, on se dit qu’il aurait aussi très bien pu assurer chez
Helloween tant ce titre évoque le groupe teuton.
Mais ne pensez pas que
Max Pie bouffe à tous les râteliers pour autant! Absolument pas d’ailleurs, car le combo a bien digéré ses influences pour nous servir une œuvre toute personnelle, bien aidé par la production de Simone Mularoni (guitariste de
DGM et d'
Empyrios). Tout juste pouvons-nous lui reprocher de ne pas avoir assez mis en avant la voix de Tony sur certains passages, mais c’est vraiment pour être difficile.
Je m’en voudrais aussi de passer sous silence le travail titanesque de Sylvain Godenne derrière les fûts. Le cogneur de service fait vrombir la double-caisse tout en étant saisissant de subtilité grâce à un vrai boulot de percussionniste pour accompagner certains riffs et rythmiques. Il est aussi très bien accompagné par le (nouveau) bassiste Lucas Boudina.
En en peu plus d’une heure,
Max Pie ne lasse jamais sur ce «
Odd Memories » et chaque écoute révèle un nouveau détail qu’on n’avait pas encore remarqué. C’est notamment le cas avec « Love
Hurts », morceau de plus de 9 minutes dans un style proche de
Dream Theater, qui n’était pas mon préféré de prime abord, mais que j’apprécie de plus en plus au fil des écoutes.
Quant aux titres plus accrocheurs comme le Heavy « Don’t Call My Name » ou l’excellent «
Unchain Me », ils vous empoisonnent la mémoire de leurs refrains imparables.
Enfin, si l’apport des claviers (jamais envahissants) donne des couleurs plus nuancées à la puissance omniprésente de l’ensemble, ils en deviennent carrément jouissifs sur « The Fountain Of Youth » clôturant l’album. Et ce, grâce au claviériste namurois Julien Spreutels (
Ethernity,
Epysode) qui nous gratifie d’un duel épique avec la guitare de Damien Di Fresco au moment du break/solo.
Aucun titre faible, aucun titre moyen sur «
Odd Memories », que des titres forts, puissants, techniques et tous aussi agréables à l’écoute les uns que les autres! La véritable prouesse réalisée par le groupe belge est, à mon sens, qu’il ne faut pas spécialement être fan de
Metal Progressif pour aimer cet album. Il s’agit ici d’une ode au
Metal dans son ensemble, d’un brûlot authentique d’une réelle pureté, qui a sans doute été composé dans le seul but de se faire plaisir et d’en donner. Sans le savoir,
Max Pie fait son entrée avec fracas dans la cour des grands. Aussi, je ne saurais que trop vous conseiller de vous procurer «
Odd Memories » pour vous en rendre compte…
Toutefois, ton texte est correctement rédigé.
Quant aux notes attibuées par les autres sites, je dirais simplement que SOM n'a pas le privilège de l'objectivité absolue...
La plupart de ces sites ont chroniqué cet album en toute objectivité à mon sens, d'autant plus que Mausoluem Records n'est pas un label aux gros moyens qui pourrait mettre une "pression" inconsciente au chroniqueur. J'ai lu des termes comme "surprise" plusieurs fois.
Je suis allé à la recherche d'autres critiques pour voir si j'étais le seul à penser du bien de cet album et quand un disque réalisé par un groupe ne faisant pas partie des ténors du genre fait autant l'unanimité (à quelques exceptions près), c'est qu'il y a forcément de la qualité: c'est selon moi un vrai signe de reconnaissance.
Cela aurait été différent si la moitié des critiques avaient été moyennes...
;-)
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