Pour être tout à fait honnête, je serais bien embêté de vous faire une présentation détaillée de Bran, puisque le trio tchèque n’existe que depuis 2020 et que mis à part un single l’année même de leur formation, le
Odcházení que voici est leur première réalisation. Il y a donc fort à parier, que, comme moi, vous découvriez le groupe avec cet album qui sortira le 31 octobre sur
Signal Rex, label habitué à signer des groupes bien plus raw, et si vous aimez le black riche, travaillé, épique et mélodique, c’est sans nul doute une très bonne surprise qui vous attend.
Mine de rien, en ces quelques lignes d’intro, je vous ai déjà révélé l’essence de ce premier full length de Bran :
Odcházení nous présente quatre longs morceaux oscillant entre 7,53 et 12,09 minutes excellemment composés qui fleurent bon la morsure du froid sur la peau, les cavalcades guerrières dans des forêts enneigées et la nature immaculée du grand Nord, et dès les premières mesures de
Skrytá Místa, on se sent embarqué pour un voyage épique et païen de 36 minutes riche en émotions. Les morceaux sont longs, et on pourrait presque les qualifier de progressifs tant par leur durée que par leur structure et leur évolution, mais l’ensemble reste toujours captivant, grâce à une musique qui sait rester fluide et cohérente, les montées en puissance étant parfaitement maîtrisées pour nous emmener à certains moments forts qui nous transportent (la fin de Tisíce Hvězd dès 7,26 minutes avec ce magnifique chorus de guitare, la bourrasque électrique qui nous emporte et nous file la chair de poule juste avant les notes acoustiques finales d'
Odcházení) ; d’ailleurs, il convient de souligner que Bran trouve un équilibre idéal entre puissance et mélodies, aidé par une production et un mix clairs qui font bien ressortir tous les instruments, le black metal du trio ne se faisant jamais ni brutal ni outrageusement mélodique.
En effet, les Tchèques évitent habilement l’écueil du kitsch et des claviers à outrance, et l’ensemble sonne comme un hommage à une nature rude et sauvage qui sait récompenser les hommes respectueux qui la foulent par la majesté grandiose de ses paysages. Le rythme de ces 36 minutes reste admirablement varié (les saccades lourdes et telluriques de Tisíce Hvězd, l’attaque blastée et le tempo appuyé et rapide de Smuteční Průvod, les parties entièrement acoustiques du morceau éponyme final, avec ces arpèges de toute beauté) et ces quatre pistes nous proposent une richesse et une diversité admirables, ne se cantonnant pas à un style de black et pouvant rappeler des groupes aussi différents qu’
Immortal (période At the
Heart of
Winter),
Taake, Domgård,
Dissection ou
Winterfylleth.
Pour conclure, voilà un excellent album qui propose une musique à la fois touchante, juste, mélodique, raffinée et intense. Tout juste pourra-ton lui reprocher une durée un peu courte, et un léger manque d’originalité, car si le talent est indéniablement au rendez-vous, ces sonorités sonnent parfois familières, nous renvoyant directement dans les années 90. Ceci dit, il serait bête de bouder son plaisir vu la qualité de ce
Odcházení dont je ne saurais que trop vous recommander l’acquisition.
En espérant que cet album prometteur ne soit que le premier jalon d’une longue et solide carrière et non l’ultime témoignage mort-né d’un groupe sur le départ, comme son titre pourrait nous le laisser penser…
Album noté dans le cahier des écoutes. Merci pour ta chro remarquable comme d'hab. Je reviens vers toi pour mes impressions quand écouté!
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