Formé au milieu des années 70, (1974 pour être précis), par le guitariste Georges Bodossian,
Ocean tire son nom d’un titre d’album de Yes, «Tales from Topographic
Oceans», paru en 1973. Car Bodossian a d’abord dans l’idée de monter un groupe de Rock aux influences progressives. Mais après quelques changements de personnel et une stabilité enfin acquise, la musique du groupe prend une nouvelle direction, se musclant pour lorgner vers un Heavy Rock puissant se muant finalement en un
Hard Rock Racé.
Après un premier album en anglais, mâtiné d'influences progs mélangées à du
Hard Rock, (
God’s
Clown, 1976) et qui lui ouvre quelques portes jusqu’ici infranchissables pour les groupes Français et une palanquée de concerts,
Ocean signe sur Barclay, une des major de l’époque. Cet exploit les envoie directement en studio pour un deuxième album (
Ocean -
Je Suis Mort de Rire,
1980) et surtout en tournée avec AC/DC pour le
Highway to
Hell tour. Issu de celle ci, un album moitié live, moitié studio verra le jour (A
Live + B,
1980). C’est aussi à cette époque que le groupe passe de l’anglais au français pour ses textes.
Fort de ce succès et de l’expérience ainsi acquise, la bande à Bodossian part pour Londres et les studios
Battery, pour enregistrer ce qui sera le point d’orgue de leur carrière mais aussi malheureusement leur chant du cygne, «
Ocean» (1981).
L’artwork est d’une sobriété déconcertante. On y voit simplement les 4 musiciens sous le logo du groupe. On ne peut dire qu’ils aient une gueule d’ange, les lascars. On penserait plutôt d’ailleurs à un gang ou à une bande de bikers. Le Rock qui arrache n’est donc pas simplement qu’une affaire de musique mais aussi tout un style de vie qui passe par un look bien prononcé. L’arrière de l’album est du même acabit avec, encore une fois le logo et simplement le titre des 8 morceaux. La pochette intérieure comprenant les paroles et les crédits de l’opus mais réduits au minimum syndical.
Car l’intérêt du groupe réside exclusivement dans sa musique. On a affaire ici à du
Hard Rock dans le sens premier de la formule, très galvaudée de nos jours. Ici, on s’embarrasse peu des détails, on fait dans le rentre dedans. D’emblée, le son vous pète à la gueule, la production est limpide est claire, le mix parfait. Et 31 ans après sa sortie, l’album n’a rien perdu de sa puissance contrairement à beaucoup d’autres sortis à la même époque.
La basse est très présente (l’intro de »Aristo», «Berceuse», «Degage»), groove à mort et porte carrément certains titres (Qu’on Me Laisse le Temps). D’ailleurs c’est le duo Basse/Batterie qu’il faut louer sur tout l’album car la cohésion des deux est quasi parfaite et offre une assise exceptionnelle aux morceaux.
On trouvera dans les rythmiques un son et une façon de jouer qui influenceront
Trust quelques années plus tard («Aristo», «Berceuse») et AC/DC n’est jamais très loin non plus «Degage», «Qu’on me Laisse le Temps»). Pour les soli, on n’embarque pas de superflu à bord. Certes, on retrouve quelques trucs plus techniques («Degage»), mais dans l’ensemble c’est court, chirurgical et toujours très précis. Et surtout, les soli ne sont pas noyés dans des tonnes d’effets, c’est du brut de brut.
Les morceaux sont rarement linéaires et comportent quelques breaks bienvenus («Berceuse», «Degage», «A Force de Gueuler»), qui permettent d’éviter l’ennui que l’on retrouve souvent dans ce genre d’album.
La voix de Belmonte se révèle d’une grande puissance quelquefois à la limite de la rupture en voulant monter parfois trop haut («Aristo», «A Force de Gueuler»). Elle peut aussi se faire plus douce («Qu’on Me Laisse le Temps»). Mais généralement elle apporte le petit plus qui fait défaut à beaucoup de formations, c’est à dire un frontman reconnaissable tout de suite avec une personnalité propre et une façon de s’approprier les textes bien à lui. Belmonte ne cherche pas à imiter mais tout simplement à être lui même.
Niveau textes, on est loin de la poésie classique Française. Le groupe n’hésite d’ailleurs pas à user de termes rarement utilisés jusqu’ici pour donner plus d’impact. Et on se rend compte que certains sujets de l’époque (1981) sont toujours plus ou moins d’actualité aujourd’hui (les contrôles de Police avec «
Attention Contrôles»). Mais plus généralement, ça tourne autour des filles (
Louise) ou du Rock n Roll («Rock N Roll», «A Force de Gueuler»).
On retrouve peu de choeurs sur cet opus mais ils sont toujours utilisés à bon escient («Berceuse», «
Louise», «Degage»).
Après une tournée Française en première partie du
Killer World tour d’Iron Maiden, Le groupe entame sa propre série de shows suite à la sortie de l’album dans le commerce en Avril 1981. Mais en 1982 PolyGram, qui a pris le contrôle de Barclay, refuse de reconduire le contrat d'
Ocean suite au départ de Bodossian. En effet il est en désaccord profond avec le management et la direction que celui ci veut faire prendre au groupe.
Fin de la première partie de l’histoire...
Cet album et ce groupe, font partie du patrimoine du Rock N Roll Français au même titre que les
Ganafoul, Shakin’ Street,
Speed Queen,
Trust, ou
Les Variations (Je dois bien en oublier quelques uns, ma mémoire n'étant plus ce qu'elle était).
La cupidité des maisons de disques et des gens qui gravitent autour des groupes a eu raison de l’un des plus beaux fleurons du
Hard Rock Hexagonal. Et malheureusement,
Ocean ne sera pas la seule formation dans ce cas au fil des années qui suivront. Il y a toujours un retour de bâton et on voit où en sont les rares maisons de disques majeures qui sont toujours debout aujourd’hui, le piratage étant loin d’être la seule raison de leur perte...
Bravo pour cet hommage qu'un vieux fan a apprecié
Merci à tous.
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