Obsession

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16/20
Nom du groupe Eighteen Visions
Nom de l'album Obsession
Type Album
Date de parution 15 Juin 2004
Style MusicalPost Hardcore
Membres possèdant cet album31

Tracklist

1.
 Obsession
 02:03
2.
 I Let Go
 03:23
3.
 Crushed
 03:00
4.
 This Time
 03:05
5.
 Tower of Snakes
 03:41
6.
 I Should Tell You
 03:47
7.
 Waiting for the Heavens
 03:43
8.
 Lost in a Dream
 03:07
9.
 Bleed by Yourself
 03:20
10.
 Long Way Home
 02:34
11.
 Said and Done
 04:00

Durée totale : 35:43

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Eighteen Visions


Chronique @ Game_system

03 Mai 2019

Obsession se veut le reflet d’un Eighteen Visions plus inspiré, plus évolué et plus osé

Dans la carrière d’un groupe, souvent la partie que redoutent le plus les fans est celle de l’album du changement. Parfois, il est le troisième de la discographie, voire le quatrième ; certains en arrivent même à prendre les fans par surprise en étant seulement le deuxième. Cet album, si redouté par tous, marque un certain degré de rupture avec le style des précédents opus, et est parfois synonyme de nouveau départ musical. Certains conservent les éléments qui ont forgé la patte musicale des précédents opus tout en en incorporant de nouveaux qui apportent fraicheur et personnalité à l’identité musicale du groupe dans une logique d’évolution (comme l’a si bien fait Deftones, par exemple) ; d’autres, en revanche, s’aventurent dans des paysages musicaux radicalement opposés sans grand rapport avec le passé (Avenged Sevenfold et son album "City of Evil"). Tant acclamés que détestés par les fans, ces albums sont toujours sujet à de nombreux débats, déchaînant alors toutes formes de passions et d’émotions. On pense notamment à "St. Anger" de Metallica ou à "Illud Divinum Insanus" de Morbid Angel qui, bien des années après leur date de sortie, continuent inlassablement à alimenter moult discussions avec, souvent, un haut niveau de divergences d’opinions ; tandis que d’autres comme "White Pony" de Deftones ou "The Blackening" de Machine Head ont tendance à mettre tout le monde d’accord quant à leurs qualités musicales. Vous l’aurez compris, si cette chronique débute avec une pareille introduction, c’est bien parce que l’album en question fait clairement partie de cette catégorie. Qu’en est-il de celui-là ?

Commençons d’abord par une brève présentation d’Eighteen Visions. Issu de la génération hardcore de la fin des années 90, Eighteen Visions (18V pour les plus intimes) est un groupe formé en 1995 et venant directement d’Oakland. La formation américaine s’est fait un nom sur la scène principalement avec la sortie de leur deuxième album "Until the Ink Runs Out" en 2000. Le son à l’époque se voulait sale, agressif et chaotique ; avec des paroles déchaînées et bourrées de références cinématographiques. La particularité musicale de leur hardcore était la présence de quelques éléments issus du metal. Outre leur musique, le groupe s’est également distingué du reste de la scène par leur look original et inhabituel pour l’époque, avec un style fashion à base de grosses coiffures soignées, de jeans et autres T-shirts colorés ou portant le logo de plusieurs formations metal.

À vrai dire, il n’est pas vraiment totalement correct de dire qu’ "Obsession", l’album qui nous intéresse ici, est le premier album du changement, car 18V avait déjà opéré un premier changement musical avec son prédécesseur, "Vanity", qui a orienté le son du groupe vers un virage metalcore, avec l’incorporation d’éléments propres au genre tels que des passages chantés, des mélodies et des structures plus variées piochant vers des horizons plus metal ; étant, de ce fait, l'un des albums précurseurs du genre metalcore. Mais "Obsession" marque un virage musical encore plus radical avec les débuts, là où "Vanity" gardait encore des similitudes avec ses ainés, notamment avec ses parties hardcores lourdes et ses vocaux agressifs. Une rupture tant musicale qu’esthétique, les membres adoptant désormais un look plus glamour, avec des tenues tout en noir et des coiffures moins excentriques.

Aussi, on a une pochette constituée d’un grand cœur sur un fond blanc, des tenues plus glamour, un artwork qui met très en avant le caractère romantique de l’œuvre et des titres de chansons simples dénués de références cinématographiques ou culturelles. Tout semble avoir été fait pour faire fuir les fans les plus inconditionnels de 18V le plus loin possible et les faire hurler de scandale avec un album qui se présente d’emblée comme plus accessible, plus sobre et plus vendeur. Grossière erreur que de le fuir, car oui, "Obsession" et bel et bien un album digne d’intérêt pour les fans de la formation et présente une évolution musicale des plus intéressantes ; après tout, il ne faut jamais juger un livre à sa couverture non ?

Que l’on soit clair : on a bien face à nous un album avec de solides bases hardcore, certes plus du hardcore pur comme dans le passé, mais les fondations du genre sont bien présentes (peut-être que le meilleur terme pour le définir serait post-hardcore). La principale distinction qui saute aux oreilles par rapport aux précédents opus est la forte présence du chant mélodique de James Hart. Celui-ci se veut beaucoup plus maîtrisé et agréable à écouter que sur "Vanity" (qui était déjà pas mal), on sent une belle évolution dans la technique et un chanteur plus à l’aise. « I Should Tell You » est incontestablement le meilleur titre pour illustrer cela, un morceau exclusivement chanté où l’on peut agréablement profiter de l’étonnante performance du chanteur en la matière, non sans émotions. Limpide et aéré, cet agréable chant est accompagné par une musique à la fois mélancolique et atmosphérique, sans jamais perdre en puissance. Une belle perle. « This Time » se démarque aussi par son approche mélodique, par le chant mais surtout par les guitares qui l’accompagnent bien. Enfin, « Said and Done » met un terme à nos doutes concernant les capacités du chanteur, clôturant l’album sur une émouvante ballade en piano/voix (quoique la différence de style est un peu trop brutale).

Le diablement efficace « I Let Go » (présent sur l’OST de Burnout 3 Takedown, les vieux gamers sauront de quoi je parle) conserve lui aussi des vocaux quasi-exclusivement chantés et des riffs aérés mélodiques lors du refrain, mais avec une musique plus hardcore lors des couplets. Cette combinaison fonctionne du tonnerre, les refrains sont entraînants et agréables à écouter et les riffs plus brutaux accompagnés des quelques hurlements de Hart sont en quantité suffisante pour faire headbanger. On retrouve cette formule un peu partout dans l’album, les plus réussis étant « Crushed » (très bon pont mélodique au milieu de la chanson), « A Long Way Home » (redoutables riffs bien lourds lors des couplets et un refrain aéré d’une grande intensité !) et « Waiting for the Heavens » (chanson devenue un classique du groupe grâce à son bon croisement entre mélodies et distorsions, et un breakdown à la fin super efficace). Un parfait équilibre entre envolées mélodiques et héritage hardcore qui mettra tout le monde d’accord, même si parfois l’équilibre est cassé par une présence mélodique plus forte (« Bleed by Yourself », « Lost in a Dream »). Chaque chanson réussit le pari d’offrir son lot de paroles et refrains entêtants et de moments bourrins à satisfaire les plus nostalgiques.

Et puis vient « Tower of Snakes ». Incontestablement la grosse tuerie de cette production, incarnant à la perfection le style développé par 18V dans cet album, à mi-chemin entre le chaos du hardcore et la mélodie émotionnelle. Extrêmement inspiré, on est constamment asséné par des riffs dignes des plus gros gigs hardcores accompagnés par un excellent chant, à la fois mi-chanté et mi-hurlé (un peu comme le fait parfois Deftones), avec un refrain foutrement réussi et facile à retenir, mais surtout, surtout, avec un légendaire breakdown en milieu de chanson d’une puissance à faire vibrer les murs et à provoquer un tremblement de terre de magnitude 9 sur l’échelle de Richter. Son style inimitable, ses riffs à détruire des nuques et son breakdown historique en font facilement l’une des chansons de hardcore les plus créatives de sa génération, voire du genre. Une autre chanson particulièrement spéciale est la courte chanson-titre « Obsession » qui introduit l’album d’une manière bien marquante. Dès le début, on se retrouve face à un James Hart hurlant en répétition « Obsession, desire, depression » avec une certaine euphorie, avec, en arrière-plan, des paroles chantées et une musique chaotique, comme pour transmettre une schizophrénie émotionnelle ; qui plus est, suivi par une structure hardcore particulièrement agressive. Une véritable folie émotionnelle en guise d’introduction qui nous donne une bonne idée du terrain sur lequel on se trouve désormais : sur celui de la psychologie humaine fragilisée par les émotions. J’aurais souhaité que l’album se termine d’une manière identique, « Said and Done » étant trop posé pour cela.

Enfin, dernier point à aborder sur cet œuvre (que l’on peut d’ores et déjà qualifier d’une réussite), et non des moindres : la production. Les précédentes sorties souffraient d’une production trop faible, qui donnait lieu à un son trop brouillon (même si "Vanity" avait quelque peu relevé le niveau); mais avec Mudrock aux commandes et un budget plus confortable, l'actuel résultat est à des années-lumière de ce qu’a pu connaître le groupe. La patte caractéristique du producteur se fait bien sentir, avec un son parfaitement propre et accessible, et ce, même dans les moments les plus hardcore, et parvenant à mettre particulièrement en avant les mélodies tant vocales que guitaristiques, contribuant ainsi à mieux faire ressentir les émotions.

Vous l’aurez compris, "Obsession" est un coup de maître. A des millions d’années du hardcore sale et chaotique de "Until the Ink Runs Out", qui, d'ailleurs, a fait les beaux jours du groupe à ses débuts ; il se veut le reflet d’un Eighteen Visions plus inspiré, plus évolué et plus osé, qui a pris le courage de sortir consciemment d’un milieu musical connu pour ses ténèbres et son chaos pour migrer vers un autre plus lumineux et poétique où le hardcore se marie allégrement avec la mélodie. Au final, on regrettera seulement un album trop court dans sa durée, avec seulement une demi-heure au compteur, ce qui nous laisse quelque peu sur notre faim. Fait d’autant plus curieux que deux chansons n’ont pas été insérées dans la tracklist finale alors qu’elles avaient toutes les qualités pour pouvoir y figurer.

Eighteen Visions continuera définitivement dans la voie du changement et de l’exploration musicale après "Obsession", allant, avec l’album suivant, vers un virage musical encore plus radical et plus éloigné de ses origines hardcore, et non sans conséquences sur la carrière du groupe. Mais là, c’est une autre histoire…

4 Commentaires

1 J'aime

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JeanEdernDesecrator - 03 Mai 2019:

Merci pour cette chronique, je ne connaissais pas le groupe. En plus de l'influence Deftones, ça me fait penser à Norma Jean, en version neometal.

Encore un album à écouter  !

Goneo - 04 Mai 2019:

Pour moi le meilleur album de 18V et de loin. A la même époque ils avaient fait une reprise de Guns'n'roses, un super cover de paradise city. Très bonne chro, un super album.

Game_system - 07 Mai 2019:

@JeanDedernDesecrator: De rien, content d'avoir fait découvrir un super groupe, c'est toujours ça de gagné. Comme tu l'auras compris, je te recommende fortement cet album, et même les précédents si le hardcore bourrin ne te fais pas peur.

Aha, pas mal la comparaison je n'y avait pas pensé, c'est vrai qu'il y a un petit côté Norma Jean dans leur son.

@Goneo: Avec le dernier qui est sorti et qui est une immense tuerie (bordel mais qu'est-ce qu'il envoi de la patate !!), je ne saurais plus dire avec certitude s'il est toujours le meilleur. Ce qui est sûre, c'est qu'il reste celui m'est le plus attaché et de loin.

Par contre, je n'était pas au courant de la reprise de Guns'n'roses, je vais jeter une oreille sur ça, ça parait intéressant ! Merci pour ton commentaire.

Goneo - 07 Mai 2019:

Ah tiens je n'ai pas écouté leur dernier album, faudra que je pense à y jeter une oreille.

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