Parfois nous nous battons avec un acharnement presque caricatural contre ces injustes raisons qui conduisent certains groupes pourtant talentueux à ne jamais connaitre un succès à la hauteur de celui qu'ils méritent. Nous luttons alors sans relâche brandissant nos lames affutées de ces arguments que nous croyons imparables en d'âpres joutes sanglantes où chacun, à tort ou à raison, est persuadé de défendre la vérité vraie. Et parfois les combats sont si vains que même armés de la mauvaise foi la plus manifeste, ils sont perdus d'avance. Bien sûr, cette défaite inéluctable n'empêche pas certains de continuer à tenter obstinément de rendre leurs lettres de noblesse et leurs justes places aux
Metal Church,
Vicious Rumors et autres
Jag Panzer injustement mésestimés. Et tant mieux d'ailleurs.
En revanche, en ce qui concerne
Oblivion Knight, comment dire, la tâche s'annonce plus compliquée tant la formation, et accessoirement son travail, pour nous autres habitants du vieux continent, demeurent méconnus. Mais commençons cette histoire par son début.
Ce groupe américain, qu'une de mes nombreuses pérégrinations m'aura fait découvrir par le plus grand des hasards (je sais on s'en fiche), résulte de la rencontre, en 1985, du guitariste Chris Camp et du bassiste Steve Sexton. Originellement baptisé Knight et basé en cette douce demeure qu'est l'Alabama (comprenne qui pourra), dans la petite ville de Dothan pour être tout à fait exact, le duo va éprouver quelques difficultés à trouver d'autres musiciens susceptible de compléter la formation. Pour tenter de résoudre cet épineux problème ils vont donc traverser le Mississipi et la Louisiane (ou le Mississipi, l'Arkansas et l'Oklahoma...ou prendre le bateau et ne traverser aucun autre état...ou peut-être...bon d'accord, on s'en fiche encore...) et poser leurs instruments dans le
Texas. Là, ils rencontrent le guitariste de Syrus, John Castilleja, qui les convainc de venir à San Antonio. Ce voyage se déroulera en 1987 et donnera lieu à l'enregistrement de leur première démo. Sur cette dernière, en plus de ceux déjà cités, on pourra retrouver Ken Ortiz (ex-Syrus) à la batterie et Mike Soliz (Militia, ex-Assalant, ex-
Watchtower) aux chants. Ces 4 morceaux de Heavy
Metal bruts et sincères, premier pas immature d'un groupe alors naissant, auront, malheureusement, en dehors de quelques vertus bien sympathiques, tous les défauts inhérents à ce genre d'exercice spontané (fausseté, dissonances de guitares parfois approximatives et pas toujours pertinentes (l'intro acoustique assez insupportable de
Sword in
Hand ou ses soli par exemple)...).
En 1990 sort la deuxième démo du groupe,
Forgotten Realm, nous offrant un propos à la fois nettement plus progressif et nettement plus agressif aussi. Une musique dans laquelle on sent bien les influences nouvelles de Steve Sexton qui, désormais, est passionné par les travaux de
Watchtower. Cette fois-ci, pour compléter son escouade, le guitariste fondateur a demandé de l'aide à son ami Mike Portnoy qui lui a recommandé quelques-uns de ses camarades de classe de la Berklee School Of Music comme le batteur Keith Ciaramello et l'ancien chanteur de
Majesty (qui deviendra bientôt
Dream Theater) Chris Collins.
Avec ces nouvelles recrues, et ces nouvelles aspirations, pas étonnant donc que ces 5 nouveaux morceaux d'
Oblivion Knight soient si complexes et alambiqués. Débarrassé des défauts de l'ensemble des défauts de son prédécesseur, cet opus est un mélange de
Metal Progressif et de Heavy
Metal pourvu d'un son très brut. S'il n'est pas nécessairement inintéressant, pas sûr, en revanche, que cette démonstration bien moins spontanée et bien plus technique parvienne à convaincre ceux qui avaient trouvé la simplicité des premiers pas de cette formation enthousiasmants. On sent aussi, ici, que
Crimson Glory,
Fates Warning ou
King Diamond ont hanté les inspirations de Sexton.
Il y a donc deux
Oblivion Knight. Un premier juvénile et inexpérimenté ; et un second beaucoup plus mature et assuré, qui ne sont pas forcément conciliables et qui ne s'adressent pas forcément aux mêmes publics. Deux
Oblivion Knight qu'on peut donc retrouver sur cette compilation sortie en 2009 qui regroupe ses deux premières, et à ce jour uniques, démos. Un recueil qui garde tout le charme, et, ou toute la disgrâce, des enregistrements de l'époque.
Au final, pas sûr que ce collectif ne soit pas à sa place dans ce relatif anonymat dans lequel il est actuellement. Même si le hasard lui a fait côtoyer quelques grands, et même si ses travaux ne sont pas complètement dénués de qualités, pour être tout à fait honnête, cette compilation démontre de manière assez cinglante à quel point il existe encore quelques divisions d'écart entre lui et tous les autres cités dans ce papier.
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