Liste des groupes Black Metal Numinous Numinous

Bien que cela fasse une dizaine d'année que Numinous poursuit son culte de l'Adversaire au travers d'un crédo très strict, cette entité demeure aujourd'hui comme l'une des plus discrète et mystérieuse de la scène extrême finlandaise. Leur seule et unique demo sortie en 2003 chez Northern Heritage Records à un faible nombre d'exemplaire fut plutôt bien accueillie, cependant le groupe ne donna signe de vie durant huit longues années, les faisant presque passer pour un projet lambda sans lendemain. C'est ainsi, et non sans surprise, que le groupe réapparu en 2011 pour la sortie de son premier full-lenght éponyme, toujours sous la bannière de NHR et bien décidé à faire perdurer le mystère. En effet, toujours aucun line-up n'est disponible (les membres seraient apparemment deux...), aucun lieu d'enregistrement, pas d'infos ne serait-ce que sur l'illustration...mais au final et comme le découvrira et le comprendra vite l'auditeur, cela n'a aucune espèce d'importance pour eux comme pour nous car ce premier album n'est pas une simple offrande musicale, mais bien plus un hommage envers Lui et une retranscription de son invocation.

Bien que les finlandais refusent toute étiquette, leur Black Metal pourrait être comparé d'une certaine façon à celui d'Ondskapt mêlé au "Mysterion Tes Anomias" d'Ofermod avec le côté à la fois sombre, raw et aérien de l'atmosphère du premier Ill Omen. En revanche, Numinous n'est pas un clone bas de gamme d'une certaine partie de la scène suédoise et ces derniers disposent bel et bien de leur façon de faire et de leur propre idéologie. Si au sein des quatre morceaux la répétitivité semble de mise, la musique de Numinous demeure bien plus hermétique que celle des groupes sus-cités et demandera un certain temps avec d'être correctement assimilée, car loin de faire dans la mélodie minimaliste comme beaucoup de leur confrère, les finlandais opteront majoritairement pour des plans mid-tempos parvenant avec brio à mêler aspect aérien avec côté écrasant et où la subtilité joue un rôle important. Car, comme le démontrera un titre tel que "The Enormity of Evil Divine", les échanges qui s'opèrent entre les différentes parties des guitares auront un rôle prépondérant en terme d'atmosphère et de ressenti, l'une s'axant sur un rythme bien défini qui accentuera l'aspect opaque et oppressant de la chose tandis que l'autre s'autorisera de courtes incartades plus mélodiques, spontanées, imprévisibles et allégeant la première tout en développant de ce fait un côté plus majestueux aux morceaux, et d'une certaine manière plus occulte, lorsque ces parties sont plus appuyées et misent en avant.

Par ailleurs, ce premier opus se veut conséquent en terme d'atmosphère et celle-ci jouera un rôle conséquant. Immédiatement perceptible et prenante dans sa pleine forme dès le début de "Bound To Servitude", elle ne baissera en intensité à aucun moment et ne fera que croître durant la demi-heure d'écoute pour un résultat vraiment excellent en terme de noirceur et d'intensité. Le manque de moments forts ou de breaks saisissants se fait certes sentir au sein des quatre pistes bien que celles-ci gardent un aspect évolutif, cependant, écouté tout en s'imprégnant des paroles, cet album prend la forme d'une véritable messe noire à sa manière : les répétitions finissant par accentuer le côté rituel et dévoué, les paroles étant de véritables appels de cérémonie et les quelques arrangements disséminés donneront l'impression que les fidèles approchent du "but". Ces éléments couplés à la nature du chant qui donne un cachet certain au groupe (rauque, étouffé et assez en retrait dans le mixage), ne seront pas sans rappeler certaines invocations de Lovecraft telles que décrites dans "L'affaire Charles Dexter Ward" ou d'autres histoires et il ne vous faudra peut-être pas plus de quelques écoutes pour vous plonger pleinement dans l'illustration aux côtés des fanatiques, l'ambiance dans laquelle ils baignent étant retranscrite pour vous.

Ce premier album est ainsi une expérience intéressante et une première sortie de qualité, bien qu'elle n'intéressera pas tout le monde. Quiconque désirant se délecter d'un Horna-like, d'un ersatz de Satanic Warmaster ou d'un sous Archgoat/Beherit sera probablement laissé sur le carreau. Toutefois, celui ou celle qui recherche un album exécuté avec sincérité, où l'ambiance, la noirceur et une certaine brutalité règnent, se doivent de l'écouter. Numinous ne marquera pas des foules entières, n'entrera pas vraiment dans une tendance bien définie en dépit d'ingrédients musicaux classiques, et cet album sera écouté n'importe quand par certains afficionados, quand l'humeur et l'ambiance s'y prêtent pour d'autres et ennuiera probablement ceux qui voulaient du Watain/Merrimack car trop hermétique. Néanmoins il peut se targuer d'avoir sa propre essence et de réussir à sa manière là où bien d'autres ont échoué. Après ces trois catégories de personnes, Numinous semble s'en moquer complètement et bien décidé à continuer à Le servir et à faire de la musique pour Lui.

Val'