Fastkill n’est pas celui que vous croyez.
Fastkill est un obscur groupe de thrash japonais. N’allez pas imaginer non plus que le titre de son second album,
Nuclear Thrashing Attack, est directement inspiré de la catastrophe post-tsunami de Fukushima. Celui-ci étant daté de 2007, on pourra au mieux parler d’un titre prémonitoire, même si à mon humble avis le titre a dû être d’abord choisi parce qu’il sonnait vachement thrash de la mort qui tue. Ah oui, dernière précision,
Fastkill est un vrai spécimen de cette nouvelle génération de thrashers qui croient dur comme fer que le temps s’est arrêté il y a 25 ans.
Une fois que j’ai dit cela, et quand on sait avec quelle frénésie les nippons peuvent s’attaquer au metal extrême, vous commencez à vous faire une idée de ce que cela peut donner.
NTA, c’est une demie heure –pas une minute de plus - de thrash complètement survolté, survitaminé, épileptique, joué à 300 à l’heure. A fond à fond, sans jamais de linéaire, un enchaînement de riffs qui pleut sans discontinuer (certains étant vraiment bien branlés), un batteur surexcité qui ne se pose jamais, et surtout un chant complètement hallucinant, une sorte de hurlement haut perché d’adolescent pré-pubère complètement hystérique.
En fait, pour aller chercher une référence au thrash épileptique de
Fastkill, il faudrait retourner du côté du
Destruction époque
Infernal Overkill, la noirceur et quand même un bon brin de talent en moins, le grain de folie en plus.
A dire vrai, sans préjuger des moyens dont dispose
Fastkill, le combo japonais ne cherche visiblement pas à sonner plus moderne que cela. Son relativement maigrichon et production pas hypertrophiée (avec tout de même un mix bien équilibré), absence totale de compromis et de la moindre tentative d’aérer des compositions aussi denses que nerveuses, il y a un côté jusqu’au boutiste chez
Fastkill qui le rend diablement sympathique. Ne serait-ce que pour le fait de passer une excellente demie-heure à se laisser prendre au jeu d’un thrash taillé pour le mosh.
En disant cela j’enterre par le même coup les trop gros espoirs que l’on aurait pu voir naître pour ce valeureux groupe nippon. Aussi efficace et enjoué soit-il, le thrash qui s’égrène à vitesse grand V au travers des dix morceaux de
Nuclear Thrashing Attack s’avère aussi interchangeable que prenant, aussi peu mémorable sur le long terme que grisant sur l’instant. Une dose de produit illicite en quelque sorte, euphorisant sur l’instant mais sans suite sur la durée. Pour positiver un peu, on va dire que
Fastkill s’est constitué un stock de matériel qu’on aimerait voir jouer sur scène, quitte à y laisser une épaule et trois vertèbres.
Allez, pour le rafraîchissement indiscutable et l’énergie furieuse qui se dégage de ce thrash complètement déjanté, pour les thrashers les plus véhéments, qui sont blasés par les grosses prod un peu passe-partout, voilà un petit disque plutôt recommandable.
@wodulf: oui c'est clair que ce chant est vraiment pour beaucoup dans la personnalité du groupe, et en plus c'est assez appréciable d'avoir un vocaliste qui sort des sentiers ultra battus du thrash actuel.
@Silent: la prod est incisive mais ça reste très propre pour des groupes de ce genre aux moyens limités.
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