Formation cultissime au sein de la confrérie gothique à tendance néo-classique,
Ophelia's Dream poursuit sa quête initiée par l'excellent "All Beauty is
Sad" avec ce non moins superbe second album au titre énigmatique "Not a Second Time".
Toutes les qualités qui ont illuminé la première œuvre sont bien présentes, mais ont été décuplées, centuplées, magnifiées, pour un résultat d'une perfection limpide et d'une intensité orchestrale rare, touchant la grâce ultime et réduisant en cendres toute notion de médiocrité.
Aucun superlatif n'est assez fort pour qualifier l'inspiration et le brillant travail de composition de Dietmar Greulich, qui s'est véritablement surpassé pour réaliser un chef-d'œuvre légendaire, transcendé par l'usage d'une multitude d'instruments : violon, piano, flûte, guitare acoustique,... ainsi que des milliers d'autres aux sonorités venues des quatre coins du monde.
Le rendu sonore est impeccable et l'interprétation sans faille, permettant d'apprécier pleinement l'extrême diversité des ambiances développées tout au long de la petite heure que dure cet album, rendant son écoute passionnante de bout en bout.
On y entre de plein pied avec un sublime air de violon ouvrant le magistral "
Lady Magdalen", morceau à la fois triste et grandiose, mais par-dessus tout habité par un souffle épique qui ne quittera plus aucune des 13 autres compositions, qu'elles soient axées sur des ambiances mélancoliques ("Egredimini", All Beauty Is
Lost"), médiévales ("Amica Mea", ou encore "Saltarno" sonnant comme une réminiscence du "Saltarello" de
Dead Can Dance) ou mystiques ("De Torrente", "Quae
Dementia" et ses chœurs grandiloquents psalmodiant des litanies ensorcelantes).
L'hypnotisation est totale, à tel point qu'on en oublierait presque le changement de personnel ayant eu lieu au poste de chanteuse, la charmante Susanne Stierle ayant remplacé l'exquise Julia Tiedje. Remplacement passant quasiment inaperçu car le chant féminin n'a jamais été la composante principale de la musique de
Ophelia's Dream. Ce qui n'en rend pas pour autant son apport négligeable. Au contraire, il n'y a qu'à écouter les délicieuses vocalises de "
Lady Magdalen" et "Ladonna Wosh"… C'est du grand art !
En guise de conclusion (et d'épitaphe...),
Ophelia's Dream nous invite, avec "
Danse Macabre", à une ultime valse en sa compagnie avant de tirer définitivement sa révérence.
Démarche consciente de la part du compositeur, résultant de la sensation d'avoir atteint avec cet album une certaine forme de plénitude et préférant ainsi partir sur un coup d'éclat plutôt que de risquer une hypothétique descente aux enfers, ou simple coïncidence ? Difficile d'entrapercevoir la vérité, et tout ce que l'on peut dire, c'est que, avec le recul, cette "
Danse Macabre" constituait déjà un sombre présage quant au destin de la formation germanique.
Quoi qu'il en soit, on ne pouvait imaginer plus belle sépulture à la mémoire de cette formation qui aura, en l'espace de seulement deux albums, marqué de son sceau inaltérable le petit monde du néo-classique et aura gagné son droit à entrer dans la légende ad vitam aeternam.
Ophelia's Dream est mort … Vive
Ophelia's Dream !
Et merci pour la chronique !
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire