La sensibilité est une qualité humaine essentielle qui nous permet de ressentir et de comprendre le monde qui nous entoure de manière profonde et significative. Elle nous permet de percevoir et de réagir intensément aux émotions, aux expériences et aux interactions avec les autres. Être émotionnel signifie aussi ressentir une certaine empathie envers nos semblables, de reconnaître mais aussi de partager leur douleur et leurs peines. Cette forme d’affection peut s’avérer être un véritable fardeau, nous rendant plus vulnérables aux sentiments intenses, aux blessures et aux traumatismes. Il est donc primordial de favoriser un environnement où le sentimental est valorisé, où les personnes sensibles se sentent en sécurité pour exprimer leurs émotions et partager leurs expériences.
Ce chemin,
The Amity Affliction l’a trouvé dans le domaine musical. Présent sur la scène metalcore depuis maintenant deux décennies, la formation australienne vit actuellement une carrière en dents de scie. Si le collectif était voué à un avenir radieux, cet espoir s’est peu à peu effondré, notamment à partir de la sortie du cinquième album, The Could Be Heartbreak en 2016, où le combo a commencé à intégrer des influences et inspirations pop. Depuis, le quatuor s’enlise dans une musique parfois générique, d’autres fois dénuée de sensations et souvent pour être plus accessible malgré quelques expérimentations. Cette mauvaise habitude place désormais nos musiciens parmi une liste déjà bien chargée de groupes tout juste passables, voire oubliables. Pour se sortir de cette passe délicate, nos artistes nous présentent un huitième opus nommé Not Whitout My Ghosts.
Ce disque signe un retour aux sources pour notre quatuor, un renvoi vers ses premières œuvres qui offre un ressenti partagé. Si nous sommes plutôt ravis que la formation revienne sur leur style initial, empreinte qui leur avait permis de récolter une modeste gloire, on regrette toutefois l’absence d’aspects expérimentaux et de sonorités électroniques qui étaient présents sur les travaux les plus récents. On peut néanmoins constater quelques souffles plus orientées vers metal alternatif mais qui peinent véritablement à se montrer pertinentes.
On les retrouve par exemple sur le titre
God Voice et notamment sur le refrain, un des seuls à adopter un regard plus mélodique. Malheureusement, ce dernier est en grande partie gâché principalement par ce chant féminin en arrière-plan et une répétition de « ooh ooh » lassante. Le chant du vocaliste principal Joel Birch n’est pas réellement plus convaincant et on ressent certaines retouches dans sa prestation vocale qui procurent un sentiment disharmonieux. La composition est un peu sauvée par son breakdown, pas forcément le plus sensationnel mais qui apporte un peu plus d’épaisseur et d’incision à la mélodie.
La formation américaine marque de précieux points sur des arrangements instrumentaux qui participent à une ambiance épurée, bouleversante et aux airs de confession. Le titre d’ouverture
Show Me Your God propose un équilibre intéressant entre sévérité et douceur, sérénité qui se traduit par la présence de chœurs, de claviers mais aussi de violons. La dureté se caractérise quant à elle par une solide performance au niveau des percussions, une technicité omniprésente avec les blastbeats et par un breakdown djent parfaitement millimétré, qui en fait juste assez pour ne pas tomber dans une trop grosse lourdeur. Ces notes plus charmantes se retrouvent également dans Death
And The Setting Sun en collaboration avec Andrew Neufeld (
Comeback Kid) par le biais d’un piano enchanteur. Le morceau livre une panne crasseuse, sans conteste une des plus agressive de cet album et avec un registre orienté (post)-hardcore dû au chant plus écorché du vocaliste de
Comeback Kid. On sent tout de même des sections vocales assez forcées dont le rendu est clairement imparfait.
L’opus souffre d’un manque assez criant de diversité. Si on apprécie l’apport des pianos, des instruments à cordes frottés ou de choristes, aucun titre ne tire réellement son épingle du jeu. Les seules chansons qui dénotent quelque peu par rapport aux autres sont
I See Dead People avec la participation du rappeur néo-zélandais Louie Knuxx et le morceau éponyme avec la chanteuse phem. Le premier dévoile un instrumental proche du deathcore avec une impressionnante habileté à la batterie, entre double pédale et blastbeats. Même sur le vocal, notre chanteur nous fait l’honneur de quelques grognements fort plaisants. En revanche, sur le second morceau, le constat est bien plus négatif avec une mélodie certes charmante et angélique mais dans laquelle on a tendance à être pris d’ennui. Les deux timbres vocaux ne sont pas foncièrement mauvais mais on sent tout de même une réverbération un peu trop prononcée et une absence de fluctuations.
Not Whitout My Ghosts est un tableau qui remet en surface les premières toiles de notre quatuor américain sans pour autant y retrouver la magie d’antan. Cette huitième esquisse s’essouffle trop rapidement avec un metalcore/post-hardcore mélodique très élémentaire qui devient très prévisible passé les premiers titres.
The Amity Affliction possède également cette fâcheuse manie d’incorporer du chant clair sur chacun de ses refrains, une méthode répandue dans son style mais qui finit par être risible.
Pas plus convaincant que ses derniers prédécesseurs, cet opus démontre cette fois-ci les difficultés de nos musiciens à faire du neuf avec de l’ancien et de paraître plus authentique que ces mêmes groupes qui nous pondent depuis plusieurs années la même formule. Pour une formation avec vingt ans d’expérience, difficile d’être aussi compatissant qu’à l’époque …
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