Liste des groupes Hard Rock Kik Tracee No Rules

Le dieu Henri Perret aka Kelly Nickels de L.A. Guns mais aussi Juan Croucier de Ratt, CC Deville de Poison, Jeff Labar de Cinderella, Nuno Bettencourt d’Extreme, Marq Torien de BulletBoys, Brent Muscat de Faster Pussycat, Joe Lesté de Bang Tango, Donnie Vie d’Enuff Z’Nuff, Michael Lardie de Great White, Kenny Chaisson de Keel, son frère Greg de Badlands, Jimmy Chalfant de Kix, Bruno Ravel de Danger Danger, Pat Fontaine d’XYZ, Jim Gillette de Nitro, Stevie Rachelle et Jorge Desaint de Tuff, Steven David Delong de Sweet F.A., John Levesque de Wild Horses, Gregg Munier de Saraya, Spencer Sercombe de Shark Island, Mike Lecompt de Tangier, Bruce Bouillet de Racer X/The Scream ou encore Ray Riendeau de Dirty Blonde. Autant d’étoiles du hard US de la bonne époque présentant la particularité d’avoir un patronyme d’origine française et prouvant à qui veut l’entendre que le génie bleu-blanc-rouge du rock n’ roll existe bel et bien. Egalement, cette liste serait incomplète sans la mention des dénommés Stephen Shareaux et Michael Marquis d’un certain Kik Tracee.

Kik Tracee nait sous les palmiers d’Hollywood en 1988 autour du chanteur Stephen Shareaux, de la paire de guitaristes Michael Marquis/Gregory Hex, du bassiste Rob Grad et du batteur Johnny Douglas. Groupe à la personnalité originale marquée à l’écart des stéréotypes de son temps, Kik Tracee foule activement les scènes des clubs rock du Sunset Strip et ne tarde pas à s’attirer les faveurs du mythique producteur Bob Ezrin (Alice Cooper, Kiss, Pink Floyd, Hanoi Rocks, Hurricane..) qui souhaite mettre en boite un premier full length déjà composé par Grad (musique) et Shareaux (lyrics) via RCA Records avec lequel le gang californien décide de s’engager contractuellement. Finalement indisponible à cause d’un emploi du temps de ministre, Ezrin cède sa place au bassiste de Vinnie Vincent Invasion et Slaughter Dana Strum qui souhaite ajouter une corde à son arc en produisant de nouveaux groupes de sleaze du greater Los Angeles. Malheureusement et suite au succès important rencontré par Slaughter, Strum ne peut que partiellement se consacrer à Kik Tracee dont l’enregistrement du premier opus prendra alors deux longues années entre les murs de cinq studios différents de Los Angeles à Miami en passant par Las Vegas et Minneapolis. Mieux vaut tard que jamais, « No Rules » finit par sortir à la fin de l’année 1991.

Encore un pathétique boys band/hair band ultra formatée MTV ayant eu le destin qu’il mérite diront certains ; soit ; mais Kik Tracee ne peut que susciter l’intérêt sincère et honnête du fan de sleaze hollywoodien de la décennie 80 quand ce dernier a connaissance du fait que le vocaliste Stephen Shareaux était très fortement pressenti pour remplacer Vince Neil dans Mötley Crüe en 1992, ayant à ce titre même effectué quelques répétitions avec le gang de Nikki Sixx, job de rêve étant alors finalement revenu à John Corabi de The Scream. Aussi et second argument infaillible en direction des amateurs de séries TV US, le bassiste et principal compositeur du groupe Rob Grad s’avère être l’auteur du générique et de divers thèmes musicaux du feuilleton « Buffy contre les Vampires » ayant starifié la bandante Sarah Michelle Gellar. Anecdotes croustillantes à part, « No Rules » rentre sur le ring via le titre introductif « Don’t Need Rules » proposant un hard rock enthousiaste et direct sublimé par le chant charismatique du classieux Stephen Shareaux n’étant pas sans rappeler John Bush d’Armored Saint/ex-Anthrax ou encore sur certaines mimiques vocales Axl Rose de Guns N’ Roses. Doté d’une production logiquement substantielle pour l’année 1991, « No Rules » comporte son lot de morceaux accrocheurs qui décalquent tout sur leur passage à l’instar de la bad ass et vindicative « Trash City », de la rock n’ roll « Generation Express » au refrain imparable, de l’efficace « Tangerine Man » ou encore de la vicieuse et pleine d’attitude « Rattlesnake Eyes », véritable ode au sport de chambre dans l’art duquel tout hard rock motherfucker qui se respecte se doit d’exceller (« She sinks her teeth into my body […], takin’ me down to her candy store »).

Première sortie discographique de Kik Tracee ne lésinant pas sur l’énergie ni sur un enthousiasme bien évidemment salvateur et obligatoire pour un debut album digne de ce nom, « No Rules » apparait comme un opus qualitatif et varié sachant faire la part belle à la classe pure et à l’émotion. En témoigne tout d’abord l’excellente reprise de « Mrs. Robinson » de Simon & Garfunkel, somptueux tube revisité à la sauce Kik Tracee initialement tiré de l’album « Bookends » de 1968 du légendaire duo folk du Queens. Relevons également au chapitre de l’esthétisme et du raffinement la mystérieuse et faussement mid tempo « You’re So Strange » alternant habilement atmosphère feutrée et passages plus véloces via des changements de rythme qui soulignent le talent et la vision instrumentale des sbires de Stephen Shareaux, le compositeur et bassiste Rob Grad en tête sans omettre non plus le travail judicieusement complémentaire de la paire de six-cordistes Marquis/Hex et ce sur l’intégralité de la galette. Bijou incontestable de ce premier full length des protégés de Dana Strum, l’auditeur ne pourra rester de marbre à l’écoute de la magnifique ballade « Big Western Sky » qui intense et gorgée d’émotion sans faire dans la pleurniche castratrice, met en scène l’énorme classe rock n’ roll de Kik Tracee, notamment via le travail vocal tout en aisance et en feeling de Shareaux et un solo à tomber par terre émanant de l’inspiration digitale du gaucher Michael Marquis et de sa Carvin électrique. Dans un genre comparable, la sympathique « Lost » constituera la seconde mélopée du disque si l’on omet la subtile complainte mélancolique, planante et délicieusement bluesy « Romeo Blues » ayant le privilège de fermer « No Rules » avant un ultime sursaut instrumental via la courte outro acoustique « Fade Dunaway ».

Agréablement varié et inspiré tant dans son écriture que dans son interprétation, l’ambitieux « No Rules » de Kik Tracee constitue un disque de hard rock sleaze de très bonne facture, bien produit et n’étant pas sans offrir à l’auditeur une ribambelle de titres on ne peut plus efficaces et fédérateurs dont une ballade qui mériterait presque à elle seule l’acquisition du support en l’objet de la superbe « Big Western Sky ». Combo original et racé animé par une classe et un esthétisme général qui laissent sans voix, Kik Tracee aurait probablement eu un autre destin si ce "No Rules" était sorti 2 ou 3 ans plus tôt. Passé relativement inaperçu et n’étant même pas rentré dans le Billboard 200 en cette année 1991 car asphyxié par les chartbusters « Use Your Illusion I & II » de Guns N’ Roses, « Slave to the Grind » de Skid Row, « Metallica » et autres « Nevermind » de Nirvana qui annonce la couleur des temps à venir, ce premier release peut cependant paraitre assez long avec ses 14 pistes et quelques titres superflus ne remettant cependant pas en cause la qualité globale de l’album. Vous savez désormais ce qu’il vous reste à faire pour rendre justice à un énième groupe de la bonne époque maudit par l’Histoire !