Le visuel plante le décor. Une pochette façon vieux comic-book ricain, pleine de symbolisme. Sur un lit une charmante brune prête à se dégrafer le soustingue. Face à elle la silhouette d'un homme costumé, représentatif du business-man, attaché-case à la main. Le tout surplombé de ces quatre mots : "
No Place for Soul". Le message semble assez clair :
Pas de place pour l'âme effectivement, dans cette société galvanisée à l'american way of life où tout s'achète.
No Place for Soul, kézako ? Une bande de gauchistes donneurs de leçons qui va nous proposer un nouveau mode de pensée cosmique vers un nouvel âge réminiscent ?
Pas exactement...
No Place, ce sont cinq bretons qui vont monter en 1995 ce qui aurait pu devenir un des fers de lance de la scène française dans les années 2000, tant le travail fourni fut de qualité. Le split interviendra en 2003, mais l'ordre du jour c'est d'abord ce premier trois-titres sorti en 1998, sobrement éponyme.
Disons-le d'emblée, de ces trois morceaux le dernier "Frenchies Go
Home" ne marquera certainement pas les esprits, tant il semble fade en comparaison de ses deux prédécesseurs. Car No Place nous envoie là deux bombes soniques carrément intemporelles, "Anarkhystia !" et "Madrid", dans un style electro-core des plus inspirés. A la croisée des chemins entre KMDFM, The Prodigy, Atari Teenage
Riot ou encore Bérurier Noir (pour le côté militant), le combo marie avec beaucoup d'aisance beats techno, riffs rageurs, samples électrisants et textes vindicatifs. Ces derniers sont de vives critiques de la société de consommation, de la course effrénée au profit, mais également des idéologies les plus nauséabondes, qu'elles soient axées politique ou religieux (un autre aspect développé dans les futures livrées des brestois).
Le chant de Jam se gradue du clair au hurlé (tel ce refrain "No pasaran !" des plus entraînants sur "Madrid"), soutenu parfois par les choeurs de Max et Bichon (comme sur "Frenchies Go
Home"), respectivement guitariste et bassiste. Un mot sur les guitares justement. Ici aucune technique n'est mise en avant, ce n'est pas l'objet de la musique de No Place. En revanche, des riffs simples, tranchants et efficaces, parfaitement incorporés à la masse sonore dégagée par le groupe.
Et c'est ce qui fait le cachet et la force de
No Place for Soul, l'intégration de nombreux éléments électriques et électroniques sacrément bien harmonisés. Malheureusement peu mis en valeur par une production maison faiblarde pour cette première galette bretonne (mais qui lui donne néanmoins toute sa saveur), surtout concernant la batterie. Un défaut nettement corrigé par la suite.
Disque culte pour certains, ce trois-titres partira comme des petits pains (dans la tronche) aux quatre coins de la Bretagne fin des 90's. Et notamment au gré des concerts, nos lascars étant de (très) bons écumeurs de salles. Totalement introuvable de nos jours, il permettra au groupe de se faire un nom au niveau régional, avant d'aborder de nouvelles ambitions avec "International / Transe /
Guerilla".
15/20
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