Et une reformation de plus, une ! A ne pas confondre avec un vulgaire groupe de folk/epic metal qui puiserait son patronyme dans l'histoire des hommes du Nord,
Viking est un groupe de thrash pur jus. Originaire de Californie, il connut sa petite heure de reconnaissance avec deux albums (
Do or Die et
Man of Straw), plutôt passés inaperçus à la fin des 80's.
Pas dénués de dynamisme et de conviction et pas inoubliables non plus, dans une veine à rapprocher des
Dark Angel millésime 1988,
Gammacide,
Sacrilege BC ou
Recipients Of Death, pour situer le courant musical dans cette grande famille du thrashmetal (du très rapide et agressif donc).
Avec dans ses rangs un certain
Gene Hoglan (batterie - Death, SYL,
Testament,
Dark Angel entre autres) qui vient se faire les poignets, en vue du prochain
Dark Angel à venir,
Viking suscite la curiosité. Toujours mené par Ron Daniel Eriksen au micro et à la guitare,
No Child Left Behind propose dix morceaux d'un thrashmetal toujours aussi virulent. Vocalement intéressant, Ron Eriksen oscille entre Katon De La Pena, Tom Araya et (surtout) Ron Rinehart (
Hirax,
Slayer,
Dark Angel) au gré des compositions, amenant ainsi une variété certaine à ce tabassage en règle que sont le Slayerien "
Blood Eagle", le Hiraxien "Debt To Me" ou le
Dark Angelesque "Eaten By A
Bear".
Très touffus, voire étouffants (faute à une production manquant parfois de clarté), les morceaux composés majoritairement par la paire Eriksen/Hoglan présentent un débit vocal dense et rapide, et une batterie qui renvoie, évidemment et avec une certaine délectation pour l'auditeur, à un certain "Leave Scars" des Anges Sombres. Ainsi, l'ombre persistante de
Dark Angel plane sur plusieurs moments du disque, comme pour rappeler qu'un certain Mike Gonzalez (basse) officie dans les deux groupes. La section basse/batterie entière qui a officié sur
Darkness Descends (1986 -
Dark Angel).
Pas n'importe qui, donc.
Pas toutes inoubliables, les compositions valent par leur intensité frénétique, le jeu de Hoglan toujours aussi jouissif, ou certains soli de Justin Zych ("An Ideal Opportunity", "Wretched
Old Mildred", ou l'introductif "9:02 On Flight 182"). A ce petit jeu, sortent du lot le terrible "Eaten By A
Bear" (tiré d'une histoire vraie où Olga Moskalyova, jeune fille de 19 ans fut dévorée en Russie par un plantigrade, un titre qui aurait pu apparaître sur Leave Scars), "
Burning From Within" qui ne débande pas dans sa furie thrashisante, ou l'implacable "Helen Behind The Door", meilleur titre du lot, mais mal placé dans le sequencing du disque (avant dernière piste).
Considérant
Viking comme un bon groupe de thrashmetal, jamais génial, mais plutôt fiable pour défoncer la barrière espace-temps entre 2015 et 1988, le fan ne sera pas déçu, ni désorienté. De là à être subjugué, il faudra peut-être attendre quelques mois, et préférer l'original (le prochain
Dark Angel, si besoin était de répéter) à la copie,
Viking étant un peu trop parcimonieux quand il s'agit de développer des riffs marquants dans ce magma de brutalité.
Lors de sa sortie, en 1988, l'album "Do or Die" des californiens de Viking s'est fait littéralement descendre dans la presse spécialisée française.
Tout d'abord dans Hard Rock Magazine par Phil Pestilence puis dans Hard Force par Hervé "SK" Guégano, qui relégua le disque dans sa rubrique "Les Truands".
La raison est que sur ce premier album le groupe balance neuf titres aussi rapides que peu inspirés qu'il a, de surcroît, doté d'une production plutôt primaire.
En 1989 alors qu'avec "Man of Straw" Viking rectifiait le tir en proposant un assez bon disque, aucune chronique ne figurait dans la presse (il faut souligner le fait que cet album était édité, non pas comme le premier chez Metal Blade/ Roadrunner Records, mais chez Metal Blade/Caroline Records, donc en import ceci expliquant peut-être cela)...
Résultat : ce second disque passa complètement inaperçu malgré ses qualités.
D'abord la production est bien meilleure, ensuite Ron Ericksen maîtrise mieux sa voix (qui est plus variée), quant aux morceaux ils sont beaucoup plus structurés.
D'ailleurs certains comme "they raped the land" sont assez proches (mais en mieux) de ce que proposera Dark Angel sur "Time Does Not Heal" (1991).
Le parallèle avec Dark Angel n'est pas innocent car le guitariste Brett Ericksen (frère de Ron) rejoindra ce groupe après le split de Viking en 1990, puis composera avec le batteur Gene Hoglan l'intégralité des titres de "Time Does Not Heal".
Rajouter à cela le timbre de voix de Ron Eriksen très proche de celui de Ron Rinehart.
Ce dernier participe aussi à "Man of Straw" en interprétant "hell is for Children", un morceau de la chanteuse américaine Pat Benatar (quand je vous disais dans mon commentaire du "Refuge Denied" de Sanctuary qu'à partir de 1988 c'était devenu une mode pour les groupes de Metal d'inclure une reprise sur leur nouvel album !).
Maintenant pour ce qui est de "No Child Left Behind" (2015), le disque qui fait suite à la reformation de Viking en 2011 et sur lequel on retrouve de la formation d'origine uniquement le chanteur-guitariste Ron Ericksen accompagné de la section rythmique de Dark Angel (Mike Gonzalez à la basse et Gene Hoglan à la batterie qui a quasiment co-signé tous les titres avec Ron) et du guitariste Justin Zych, comme le dit Jérôme il est de très bonne qualité sans pour autant être transcendant.
Par conséquent je lui préfère "Man of Straw" qui avait un coté plus spontané et moins "réfléchi" (ce qui n'empêche pas "No Child Left Behind" d'être bien meilleur que "Time Does Not Heal").
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