La Grèce est en colère, et ça s'entend aussi dans la production musicale du style cher aux lecteurs de ces quelques lignes. Formé au tout début des années 2010,
Nightbreed sort son premier album chez
Witches Brew, en édition CD numérotée de 700 exemplaires. Composé de cinq musiciens, dont trois compositeurs différents (ça ne s'entend pas),
Nightbreed propose un album aux forts accents germaniques des années 1986 - 1987, soit un thrash metal vif, acéré et vindicatif dans son approche, un peu à la manière du premier disque de
Darkness, "
Death Squad", pour situer le propos musical du groupe, vocaux éraillés du chanteur Nir Beer compris.
Ne dédaignant pas privilégier le mid-tempo pour mieux perforer et installer ses riffs assassins (le redoutable "
Epilepsy") et ses rythmiques incisives,
Nightbreed propose un album d'un autre temps, sans pour autant tomber dans le énième pastiche de "
Pleasure To Kill" (
Kreator pour les ignorants). Oh, pas que l'influence du gang de Petrozza et Ventor soit absente, bien au contraire, mais nos Athéniens ont plus retenu la vélocité et le côté agressif d'un Terrible Certainty que la barbarie jusqu'au boutiste de son prédécesseur. Ainsi, tout au long d'un "Public
Execution", par exemple, ajouté à une production plutôt aiguë et occultant quasiment la basse,
Nightbreed agresse, vocifère, et y met une conviction qui reflète l'état du pays, avec paroles significatives à l'appui.
Alors, bien sûr, pas d'originalité, pas de tortillage des fesses pour essayer de sonner comme avant avec une réverbération saugrenue, pas non plus d'arpèges ou de démonstration superflue (quoique, le soli du très bon titre final éponyme est fort joliment troussé).
Nightbreed est né et reste en 1987. On n'évitera pas non plus une certaine redondance, dans les rythmiques ou un tempo parfois un peu similaires (la doublette "
Holocaust"/"In The Mouth Of Madness"), mais les Grecs n'en ont cure, enchaînant ses titres avec une force qui renvoie à cette scène abrasive teutonne de la fin des 80's (
Death In Action,
Deathcore), un peu à la manière d'un
Bio-Cancer, en moins caricatural toutefois ou d'un
Madrost un poil plus costaud aux entournures (cf : le titre en écoute ci-dessous).
Le thrasher qui se sentira nostalgique des albums cités sera comblé par ce disque tout droit sorti d'un autre temps, à l'influence allemande toute crachée, tant au niveau de la production que des vocaux. Avec un sens de la composition qui fait plus revival que du revival, fut-il Grec (n'est ce pas
Suicidal Angels ?),
Nightbreed ne devrait pas rester inconnu aux portes de l'
Europe et à un seul acquéreur sur le site, fut-il votre serviteur.
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