Souvent lorsque les plus talentueux guitaristes sont pourvus de capacités allant bien au-delà de celles de leurs homologues les plus capables, ils s'égarent en des circonvolutions conceptuelles complexes dans lesquels ils laissent exploser une sensibilité exacerbée, pour ne pas dire un égo démesuré. La frontière entre la démonstration exagérément démonstrative d'un talent incompréhensible pour le commun des mortels aveugle devant tant de lumière et entre l'expression de la juste émotion est alors ténue. Souvent, mais fort heureusement pas toujours.
Fransesco Marras est un de ces instrumentistes dont, à l'évidence, les aptitudes guitaristiques sont remarquables. Désireux d'exprimer son art au sein d'une formation d'obédience
Power Metal aux accents légèrement Progressifs, il fonde
Screaming Shadows en 1998. Jouissant longtemps d'une renommée qui, soyons franc, ne dépassera guères les frontières de ces terres natales transalpines, la formation italienne sortira néanmoins, entre 2001 et 2009, trois albums (
Behind the Mask (2003),
In the Name of God (2005) et
New Era of Shadows (2009)). Trois œuvres nous offrant, toutes proportions gardées, une certaine parenté avec des groupes tels que
Vision Divine ou
Labyrinth. En cette année 2011,
Screaming Shadows sort son quatrième album intitulé
Night Keeper.
Outres son camarade de toujours, et bassiste, Antonio
Doro, Francesco aura décidé de faire appel ici à quelques illustres compagnons. Ainsi les chants de ce nouvel opus sont l'œuvre de Gianluigi Girardi qui de sa voix polyvalente, puissante et habité, remplace Daniele Ledda et transcendent la composition du guitariste. Saluons également l'arrivé derrière les fûts de Matt Stancioiu dont le parcourt, pas aussi impressionnant que celui des batteurs allemands Jörg "j'ai joué avec tous le monde ou presque" Michaels et Mike "appelle moi si tu as besoin, je suis dispo et prêt" Terrana, force le respect. Rappelons juste, pour mémoire, que Matt fut l'un des principaux responsables de l'excellence indiscutable d'un sublimissime
Return of the
Heaven Denied, de
Labyrinth. Rappelons encore qu'il fut, aussi, entre autre, le métronome des premiers pas de
Vision Divine.
Au-delà de ce changement de personnels, ce nouvel effort s'inscrit parfaitement dans la continuité de ces prédécesseurs avec, néanmoins, un petit supplément d'âme qui semblait leur manquer.
De plus, soucieux de ne jamais oublié l'émotion et l'art,
Screaming Shadows nous propose des titres où les respirations nuancées, telles que les passages délicieusement acoustiques et hispanisant de
Planet X ou telles que les chœurs angélique de In the
Dawn of Time ou telles que les diverses digressions de Black
Rain, sont présentes. Nullement démonstratives, ces ponctuations s'intègrent parfaitement à la musique de ce groupe et enrichissent formidablement son propos. Sans doute parce que Francesco Marras et ses complices n'oublient jamais, ô grand jamais, d'être efficace et percutant. Tant et si bien d'ailleurs que des morceaux tels que ceux déjà cité mais aussi tels que Holy Knight, Midnight,
Night Keeper,
Lord of the Sea ou encore, par exemple,
Wild Horses, nous transportent
Trois instrumentaux viennent ponctuer cet ensemble et lui apporter quelques teintes supplémentaires. Une fois encore, alors qu'on pouvait craindre qu'ils ne soient, comme souvent, que manières détournée afin de mettre en exergue le guitariste, ces virgules nous rassurent assez rapidement. Courte, elles sont, de surcroit, pertinentes. Sans doute parce que Francesco n'a pas oublié que la technique est un moyen de se mettre au service de sa musique et non pas un moyen de se mettre, de manière égocentrée, à son propre service.
Parvenant définitivement à nous convaincre,
Free Again, en duo avec un certain
Bruce Dickinson (Iron Maiden) est juste remarquable.
Un album très réussi en somme. Un album qui saura assurément satisfaire les partisans de
Power Metal accrocheur aux légères intonations Progressives.
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