Je vais finir par croire que les Américains ont décidé de se lancer à la conquête de la Scandinavie. Si, si, le tout en partant d’un plan sournois visant à voler à cette partie du globe ce qui fait toute sa renommée, ce qui fait que le monde la tient en grande estime, ce qui lui confère le rang de puissance mondiale. Je ne veux pas parler de leur système éducatif, ni même des fjords, mais bien du folk metal. J’exagère un peu ? Peut-être… Mais une chose est certaine : le folk metal sous toutes ses formes a fait du chemin depuis son apparition. La Russie commence à pulluler de groupes de ce genre (et beaucoup s’en tirent musicalement avec les honneurs, en prime !), les Espagnols peuvent fièrement porter aux nues les Mägo de Oz, l’Allemagne dispose des célèbres Subway to Sally (entre autres) et leurs petits voisins (France, Suisse, Belgique, etc.) ont, pour la plupart, vu naître des représentants respectables… Pourtant, outre-Atlantique, les groupes prometteurs ne sont pas encore légion dans ce domaine.
C’est peut-être bien parti pour changer. Après les Bostoniens (si, ça existe) de
Wilderun, ce sont les Joséphins (de San José donc, Californie, culturelle cette chronique hein ?) de
Valensorow qui émergent de l’ombre et proposent à leur tour un metal aux influences folkloriques d’excellente facture.
Si ces deux groupes sont, selon moi, des valeurs prometteuses du folk metal ricain, c’est pour plusieurs raisons. Premièrement, ils ne se ressemblent pas et ont parfaitement digéré leurs influences (c’est encore plus vrai pour
Wilderun, ceci dit).
Valensorow propose en fait une base death mélodique nettement moins axée « moderne » qu’
Eluveitie, et régulièrement soulignée d’aspects « -core » (oui, oui, avec ce qui se rapproche de breakdowns par exemple, mais bien intégrés à l’univers folk, un peu comme
Finntroll peut flirter avec le punk). Le tout serait d’ailleurs à rapprocher des travaux d’
Ensiferum et de
Finntroll, toutes époques confondues, avec une touche d’
Equilibrium et sans pâle copie vous ai-je dit. En folk, il y a pire comme CV, non ?
Conséquence : nous tenons un melting-pot de folk celtique et scandinave, tour à tour festif et épique, et de différentes sous-catégories de metal…
Ensuite, il s’agit de deux jeunes formations qui ont chacune récemment sorti leur premier album en autoproduction avec un résultat bluffant.
Valensorow, ceci dit, ne jouit pas d’orchestrations aussi perfectionnées que celles de leurs compères de
Boston. Le rendu des claviers, surtout lorsqu’ils versent dans le folk/sympho’ (« A New
Jericho »), fait très « cheap ». Pourtant, le féru de folk metal devrait passer outre ce détail sans mal, tant cela s’accommode fort bien du second degré souvent lié au style musical pratiqué. Pour rehausser qualitativement la section orchestrale, des guitares acoustiques, du violon ou encore de l’accordéon viennent apporter la touche décisivement Folk que j’apprécie toujours sur de tels albums.
Enfin, un sens mature de la composition émane de ces deux groupes. Là où
Wilderun s’attache à nous transporter dans son univers par le biais de ses compositions à tiroirs et la richesse de son paysage auditif,
Valensorow mise sur un côté plus extrême et se munit de riffs aussi réjouissants qu’ils sont propices au headbang. Si quelques titres s’avèrent moins mémorables que d’autres (« The Sorceress », « With an
Iron Fist »…), certains auront tôt fait de forcer le respect en exposant les qualités techniques et musicales du combo : l’enchaînement des quatre premières pistes a de quoi convaincre d’emblée, puis « Upon the
Mountain » joue à fond la carte du kitsch au beau milieu du disque (ces claviers d’un autre temps…), « Storm » durcissant de son côté le ton avec des passages de guitare lead très mélodiques mais prenants, qui tranchent avec un riff lourd et imposant entre les couplets et le refrain.
Je pense que le fond de mon propos est clair : une nouvelle promesse folk metal est formulée par
Valensorow, et il va falloir suivre ces gars-là de très près (sans compter qu’ils ont déjà de la suite dans les idées et promettent non seulement un second volet à ce «
Neptus », mais aussi un troisième album par après). À ceux qui me demanderaient où je me suis procuré le disque, je devrai hélas répondre que, pour l’instant, seul le Bandcamp du groupe permet d’obtenir l’album légalement (et pas « en dur », bien entendu). Une boutique a bien été mise en ligne, mais à l’heure où j’écris ces mots, elle ne livre pas en France ni, en ce qui me concerne, en Belgique. Reste à espérer que la notoriété de
Valensorow grandisse, puisqu’ils le méritent, et qu’une distribution à plus grande échelle soit envisageable.
15/20
Tout en lisant j'écoute justement quelques morceaux et il est vrai que les influences sont assez multiples ! Perso, ça me fais penser à un melting-pot entre Ensiferum, Svartby (donc Finntroll... mais moins quand même) avec effectivement, une touche death melo/metalcore (guitares et chant par moment) me rappelant leur confrère frappadingue de Nekrogoblikon...
A confirmer donc !
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