Il y a des groupes, comme ça, qui surgissent par surprise. Tu parles avec des potes, qui ont déjà un groupe, et ils te disent « j'ai un autre groupe, va écouter ». Tu te dis « d'accord », et tu vas jeter une oreille. Et là, tu écoutes en boucle les quelques morceaux disponibles en te demandant ce qu'il s'est passé, et en te rendant compte que tu viens de passer plusieurs heures sur quatre morceaux. Voilà, je viens de vous résumer ma rencontre avec
Neptrecus. Découvert un peu par hasard il y a quelques mois, ce petit groupe parisien figure parmi mes coups de cœur de l'année. Il faut dire que le quatuor a un son bien à lui. A la fois brutal et mesuré, mélodique et agressif, le Black
Metal de
Neptrecus est varié et efficace, et dégage un petit quelque chose qui fait qu'on ne s'en lasse pas et qu'on est tout de suite séduit par lui. Rythmée, entraînante, puissante, leur musique est de celles qu'on écoute une fois et qu'on retient.
Qu'en est-il donc de la démo en elle-même, sobrement intitulée «
Neptrecus »? Quatre morceaux franchement bons, très bien construits et qui s'enchaînent excellemment. S'ouvrant sur un Éternel Sablier à l'introduction assez posée, et dont le rythme s'accélère rapidement, la démo donne tout de suite le ton. Ce n'est pas la brutalité pure qui est recherchée, comme le montrent les changements de rythme, ralentissant la cadence pour créer une ambiance plus lancinante qu'agressive, faisant ainsi écho aux paroles dédiées à
Chronos et au caractère éphémère de toute chose, fût-elle en apparence immortelle. De quoi vous faire secouer la tête bien comme il faut, rassurez-vous. Malgré sa qualité, le morceau en question est éclipsé par la perle de cette démo, cette énorme et magnifique claque qu'est Magna Grecia. Commençant sur une guitare lointaine, rapidement remplacée par une explosion instrumentale d'une grande pureté, cette chanson à la gloire de la Grèce Antique est plus entraînante encore que ne l'était Eternel Sablier. Puissant, rythmé, le morceau fait la part belle aux riffs effrénés et aux sonorités mélancoliques, sans que l'agressivité du tout ne soit réduite, la voix y jouant un rôle prépondérant. En résumé, le genre de titre qui envoie sévèrement et qui donne envie de se ruiner les cervicales du début à la fin. La reprise du rythme initial à la fin du morceau crée un sentiment de renouveau et de continuité énergisant, qui nous prépare pour la suite. Une lente introduction à la basse et à la batterie met Auld Alliance en place, et laisse deviner son tempo plus lent. La rapidité est sacrifiée, sans pour autant nuire à l'énergie qui se dégage de cette chanson louant les guerriers d'
Europe, de l'Écosse à notre belle France, qui sont morts au combat et qui ont fait de notre terre ce qu'elle est, l'épée à la main. Est-il surprenant que les Anglais ne soient pas mentionnés? Sans doute pas, et c'est une bonne chose – il serait malavisé de louer l'ennemi traditionnel de la France dans une ode à la gloire de cette dernière. « A tous les morts pour la couronne du Roi, Tu devras honneur, mémoire, respect », voilà le mot d'ordre. Arrive alors – déjà – la concluante Aube du Déclin, dont l'air est chargé de signification : on ressent clairement la fin de la démo approcher, sans pour autant s'en désoler, tant par la qualité musicale que par l'idée que Chuck Norris inventa jadis la fonction « répéter », nous sauvant tous des tourments de la durée trop courte de tant de perles. Inutile de vous dire que ce sont les paroles de ce dernier morceau lancinant qui me parlent le plus – même si je le dis quand même – et que celles-ci ont une portée bien plus significative pour moi : il y est question de la décadence de notre société, magnifiant le « culte du moi égoïste à la place du nous », et vénérant le « veau d'or » au détriment des valeurs traditionnelles.
Neptrecus, outre son indéniable qualité musicale, m'a totalement conquis par son usage de la magnifique langue qui est la nôtre, et par les sujets abordés. Qu'il s'agisse d'Auld Alliance ou surtout de
L'Aube du Déclin, c'est un réel plaisir de voir un groupe de Métal Noir Français qui, en plus de dégager ce petit quelque chose bien national dans sa musique, parle d'autre chose que des Chrétiens, de Dieu, du méchant
Satan qui va tuer tout le monde, ou de sa propre souffrance qui est tellement unique que plein de groupes disent la même chose. Comme souvent, la démo souffre de n'avoir que quatre morceaux. Mais, heureusement, l'album est en route, et ça promet d'être une sacrée claque dans la tronche. Si vous n'avez pas la chance d'avoir cette démo, démerdez-vous, hypothéquez la cage de votre hamster ou l'anus de votre poisson rouge, mais chopez-la de toute urgence.
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