Nephilim Grove

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16/20
Nom du groupe Novembers Doom
Nom de l'album Nephilim Grove
Type Album
Date de parution 01 Novembre 2019
Style MusicalDoom Death
Membres possèdant cet album18

Tracklist

1.
 Petrichor
 06:12
2.
 The Witness Marks
 04:45
3.
 Nephilim Grove
 06:49
4.
 What We Become
 06:31
5.
 Adagio
 05:35
6.
 Black Light
 06:10
7.
 The Clearing Blind
 05:40
8.
 Still Wrath
 05:36
9.
 The Obelus
 05:46

Durée totale : 53:04

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Novembers Doom


Chronique @ JeanEdernDesecrator

01 Novembre 2019

Un album classieux et racé, lourd, et en dehors des modes

Pour commencer, Novembers Doom n'est pas un groupe de Doom, ni de Doom Death, ni de Death Doom, ni de Doom Mélodique. Ça, c'est fait. Un nom de groupe, aussi bon soit-il, peut se révéler être une étiquette impossible à enlever. Metallica est condamné à être le roi du metal, Cannibal Corpse se doit d'être uber-gore, et Novembers Doom pourrait légitimement se sentir obligé de faire des morceaux en dessous de 70 bpm, et de sortir ses albums uniquement en Novembre. La sortie de ce "Nephilim Grove", un premier novembre, jour des morts, sur le label Prophecy (qui a sorti tout récemment le superbe dernier LP de Disillusion), confirme néanmoins que le groupe est fidèle à son patronyme.

Les Novembers Doom, si je peux me permettre cette métaphore de chasseur de saison, ne sont pas des perdreaux de l'année, ni des lapins de six semaines. Formés en 1989 sous le nom de Laceration, ils ont changé de nom en 1992 pour Novembers Doom, et n'ont sorti leur premier LP "Amid Its Hallowed Mirth" qu'en 1995.
Pratiquant un death massif et puissant à leurs débuts, ils ont lentement évolué vers plus de mélodies, à tous les niveaux. Des dix albums produits jusque-là par le groupe, on pourra retenir surtout ceux à partir desquels ils ont franchi un palier. "The Pale Haunt Departure" en 2005, qui a vu leur style s'affirmer, avec plus de chant clair et de technicité . Le très brutal "The Novella Reservoir" qui revenait au death plus noir, ou un "Aphotic" en 2011, particulièrement énergique et inspiré, ainsi que "Hamartia", le dernier en date sorti en 2017, un de leurs disques les plus équilibrés.


Paul Kuhr, chanteur et seul membre fondateur rescapé du XXème siècle, lassé des étiquettes collantes, préfère volontiers poser la sienne : "Dark Metal", ce qui est assez vaste pour contenir tout ce qu'est la musique de Novembers Doom. Il y a quand même un peu de doom, il n'y a pas de fumée sans feu : il y a sur chaque livrée du combo quelques titres très pesants où ils se révèlent très à l'aise, au point qu'une compilation de leurs morceaux lents pourrait être un excellent Best Of du Doom. Au passage, signalons que des groupes de metal brésiliens ont sorti cet été un album de covers entièrement consacré à Novembers Doom, sous le nom de Brazilian Tribute. C'est dire que le combo de Chicago s'est construit une fan base conséquente et dévouée… et n'est pas loin du statut de groupe culte fantôme.

Cependant, en dépit leurs qualités certaines, ils sont toujours restés coincés au niveau du succès d'estime confidentiel. Novembers Doom est, dixit son chanteur Paul Kuhl, "a glorious hobby", les membres du groupe ayant leurs métiers respectifs pour vivre. Ce qui explique peut-être leur longévité, et la sincérité de leur musique, qui a mûri en dehors des modes et des chapelles musicales.


D'ailleurs, avant ce nouveau LP nommé "Nephilim Grove", je n'avais jamais posé mes esgourdes sur leur musique, et la découverte de celle-ci s'est faite sous les auspices du petit candide, comme dirait Jean-Pierre Coffe (RIP, on t'aime, Jean-Pierre).

Pour en revenir à la musique, donc, Novembers Doom ne se cantonne pas aux stéréotypes du Doom Metal, met direct les pendules à l'heure de minuit, et c'est bien heureux. Par exemple, en dépit d'un tempo lent, "Petrichor" qui ouvre cet album, est découpé de saccades de guitares rapides, d'un intermède calme, d'un solo habité, d'intenses martelages de double pédale, de gros roulements, et même d'un passage blasté. Les premières comparaisons qui me sont venues sont le Mastondon épique de "Leviathan", Opeth, et Paradise Lost. Du lourd, certes, l'horizon est infiniment plus large que deux ou trois étiquettes de genre musical.

J'ai apprécié la variété de styles, et d'ambiances, d'un passage à l'autre, naviguant entre doom, death, et même prog, vu la complexité des structures et la finesse des mélodies. Lorsque Novembers Doom appuie sur la pédale death metal par séquences ("Still Wrath", "Petrichor", "Adagio") ou tout le morceau (le très burné "Black Light"), on est presque surpris par la violence et l'intensité déployées, et surtout par la justesse du dosage de ces éléments dans la composition. La technicité, point faible du groupe sur ses premiers albums, est utilisée à bon escient, tant dans les parties de guitares que dans le jeu de batterie très dense de Gary Naples. Son arrivée en 2011 a impulsé plus de breaks et de syncopes, et complexifié les compos.

Au final, il y a peu de doom pur ici, si ce n'est sur des titres comme "What we Become" ou "Adagio". Mais il règne une lourdeur qui prend plein de formes différentes, du heavy au death, ce qui rend Novembers Doom tout indiqué pour s'initier au genre sans s'endormir au bout de dix minutes, mais aussi au death sans s'enfuir en courant, voire au prog sans avoir un court circuit au cerveau.

Au niveau chant, le contraste se fait avec des couplets growlés, style Septic Flesh, en plus gentil, enfin moins ultra méchant, bon, vous m'avez compris. Le growl de Paul Kuhr est puissant, tout en ayant plusieurs niveaux de gutturalité, avec une clarté surprenante. Cela pourra amadouer les non-initiés, mais les apôtres de la glotte en furie regretteront peut-être le manque de viande pourrie au fond de la gorge (ou du lavabo).

Le propos peut être clairement mélodique, comme sur "What We Become", et sur les refrains chantés avec l' emphase tranquille du gars qui en a vu d'autres et regarde confiant un avenir radieux ("The Witness Marks"). D'autres morceaux comme "The Clearing Blind" sont dominés par des harmonies de chant clair, rappelant un peu l'ambiance gothique de certains groupes de cold wave de la fin des années 80. Le chant clair est joliment maîtrisé , profond et procure de beaux moments sur ce disque, comme sur l'imparable "Nephilim Grove".
Les ambiances oscillent entre le mélancolique, le spleen dépressif, l'espoir, et une noire brutalité pouvant surgir à tout moment.

Quelques notes discrètes de clavier (synthés, orgue) agrémentent les compositions, et les nombreux soli de la paire de guitaristes Lawrence Roberts et Vito Marchese sont bien travaillés, expressifs comme un regard de cocker reconnaissant.

La production signée Dan Swanö (Opeth, Edge Of Sanity,...) est claire, détaillée et percutante. On pourra trouver qu'il manque un poil de gras dans les basses, mais le parti pris était à priori de faire un son racé et puissant : contrat rempli haut la main !
Puisqu'on parle de basse, celle de Mike Feldman est bien présente, enrichit avec doigté les compos, comme sur "The Clearing Blind". Son jeu rappelle parfois celui de Steve Harris, ce qui donne un petit accent maidenien à "The Obelus", dernière chanson plus heavy et classique de ce "Nephilim Grove".

Si les titres de "Nephilim Grove" m'avaient fait de l'œil des la première écoute, aidé en cela par une pochette de toute beauté, plus je les écoute et plus j'ai les poils qui se lèvent de félicité. Ca tourne en boucle sur ma platine virtuelle de Mp3, et je me dis que j'ai en plus les cinq ou six avant-derniers albums de Novembers Doom à explorer en détail…


2 Commentaires

9 J'aime

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Goneo - 04 Novembre 2019:

Super chronique, faudrait que je trouve le temps de me pencher sur ce groupe.

JeanEdernDesecrator - 04 Novembre 2019:

Merci ! Cet album est idéal pour découvrir le groupe, c'est un mélange de tout ce qu'ils ont pu faire dans leur carrière. Enfin, les compos sont super bien foutues, et ça sonne très actuel pour ub groupe qui a démarré en 1989.

Il va être dans mon top 2019, sans forcer.

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