Neon Light Eternal

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15/20
Nom du groupe Nucleus Torn
Nom de l'album Neon Light Eternal
Type Album
Date de parution 06 Novembre 2015
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album5

Tracklist

1. A Declaration of Mistrust
2. Nothing Between You and Death
3. Street Lights Fail

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Nucleus Torn


Chronique @ Bakounine

21 Fevrier 2016

Nucleus Torn peut retourner au néant, ils ont laissé une marque...

Il est des projets qui jusqu'à leur fin demeureront indiscernables et dont les ambitions, autant que le cheminement logique ou les processus d'écriture, ne peuvent s'analyser sans se perdre dans le néant... Pour ce qui est de Nucleus Torn, ce combo suisse dont la tête pensante Fredy Schnyder peut sembler provocateur ou iconoclaste mais n'est peut-être simplement qu'un je-m'en-foutiste assumé pour qui tout ceci n'a aucun sens, de même que la notion de frontière inter-styles ou d'industrie de la musique, on peut penser que parler de notion de plan de carrière fait autant de sens que celle de parler de la transformation du porphobilinogène au sein d'une chronique de metal... (et bien figurez-vous que celle-ci est une étape indispensable de la formation de l'hème et que des anomalies de ce métabolisme entraînent l'accumulation dudit porphobilinogène au niveau urinaire, ce qui, accompagné d'une augmentation parallèle de l'acide delta aminolévulinique, est pathognomonique d'une crise de porphyrie aiguë).


Mince, j'ai dit metal ?
Pas le choix, ceci dit, puisqu'on ne sait pas exactement par où et comment, les pérégrinations des Suisses se sont retrouvées accolées plus à la scène metal qu'à toute autre scène qui aurait pu correspondre : ambiant, post-rock, folk, free jazz, etc... Ils sont même classés en black avant-gardiste sur ce site, bien que tout sauf black metal...
L'ensemble de leurs albums est sorti chez Prophecy Productions mais l'absence totale de concerts (et de volonté d'en faire), de campagnes de promotion avec une route difficile à suivre (je les avais moi-même perdus de vue depuis 2011 et l'excellent « Golden Age » ) les ont cantonnés logiquement à une entité méritoire certes mais désespérément underground.
Peut-être en a-t-on un poil plus parlé via ses rapports avec Eluveitie, groupe tête d'affiche s'il en est, puisque Fredy Schnyder avait joué dans leur album acoustique « Evocation I : The Arcane Dominion » en 2009, et qu'il fait même quelques apparitions avec eux sur certaines dates rares en Suisse derrière son hammered dulcimer (instrument de musique folklorique à cordes frappées, beaucoup utilisé en musique médiévale), instrument de base du personnage et une de ses nombreuses curiosités.


Et bien Nucleus Torn, c'est peu ou prou fini...
A moins que ce ne soit un énième pied de nez, tout porte à croire sur les diverses annonces qu'avec ce « Neon Lights Eternal » concluant le diptyque entamé avec Street Lights Fail, un an plutôt, le groupe conclue son aventure. Possible que ce ne soit qu'une période d'hibernation de son créateur qui resurgira ailleurs peut-être sous un autre nom, l'avenir nous le dira.
En tout cas, cela valait le coup de porter une oreille attentive à cette conclusion d'une discographie riche de six albums avec donc ce diptyque qui avait suivi la tétralogie précédente formée par « Nihil », « Knell », « Andromeda Awaiting » et « Golden Age ».


Trois titres pour quarante minutes, c'est ce que nous réserve cette ultime mouture et, le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est avec un énorme panel de leurs possibilités que les Suisses vont nous quitter... Il faut dire que le line-up a été considérablement resserré par rapport à Golden Age avec désormais un triptyque avec Fredy Schnyder bien sûr à la quasi-totalité des instruments, avec Anna Murphy d'Eluveitie et également plus récemment Lethe ou Fräkmundt, au chant, plus le jeune Alain Ackermann à la batterie.
Cela n’empêche pas les trois titres produits de rester très variés et de couvrir les différentes ambiances que le groupe a développées par le passé.
Ainsi sur « A Declaration of Mistrust » de 22 longues minutes, c'est une mélopée expérimentale qui nous est offerte avec ces sonorités exotiques permises par l'apport des différents instruments folkloriques maîtrisés par le Suisse, pour un rendu très atmosphérique. La voix d'Anna Murphy est planante et envoûtante, elle dégage une personnalité propre en résonnant parfois « out of tune » comme diraient les amis de Shakespeare, c'est-à-dire désaccordée, pas forcément collée avec la musique sans être fausse ou dérangeante pour autant. Quelques passages aux instruments metal viennent en contrepoint dégager de l'énergie sur certains passages. En fait, c'est presque une œuvre néo-classique qui est développée ici avec une cohérence intellectuelle mais un rendu qu'il faudra plusieurs écoutes pour comprendre et où chaque type d'instrument, qu'il soit folklorique, metal ou encore classique avec un passage piano-flûte chatoyant en milieu de chanson ou même jazz parfois, semble entrer naturellement au sein du concept même du morceau. Il y a également quelques passages bruitistes à très faible volume, qui pourraient rentrer dans du drone... Au final, il s'agit d'un tableau indescriptible dont chaque élément est une touche unique d'une peinture abstraite qui rendrait le tout incompréhensible au profane que nous sommes tous mais néanmoins captivant.


Le second titre « Nothing Between You And Death » y est totalement opposé avec un rendu des plus puissants, avec des riffs de guitare des plus tranchants, tout ce qu'il y a de plus metal, limite Messhugesque avec l'un d'entre eux qui pourrait carrément faire penser à Fear Factory, bref, encore un hommage rendu par le groupe à ses titres les plus violents... Là-dessus, une ligne de synthétiseur progressif hypnotique à la Derek Sherinian viendra poser ses harmonies entrelacées. Puis après une pause plus introspective, c'est bien avec une sorte de metal progressif que le morceau se terminera avec ces longues nappes harmoniques de claviers, qu'on pourrait retrouver sur des fins de chanson chez Leprous ou Threshold.
La voix d'Anna Murphy fait ici contrepoint en apportant une douceur, voire une naïveté qu'on pourrait chez d'autres groupes trouver peu à propos, mais ici on sent que l’œuvre a été pensée pour. Mais peut-être l'apport d'un growl en alternance aurait pu amener une certaine variation et un plus à ce titre dont le rendu serait moins « bizarre ».
Enfin, on terminera avec un morceau plus conventionnel et épuré « Street Lights Fail » qui mettra en valeur la voix d' Anna Murphy avec en point d'orgue un passage au violon très classique contemporain sur la seconde partie. Un titre ambiant sans aucune percussion qui résonnera comme le testament du groupe.


Les dés sont tombés... Le dernier album du groupe sera une nouvelle pierre dans un petit mur bâti contre les standards de la production musicale actuelle. Il ne s'agit probablement pas de la plus brillante, mais elle demeure solide avec de belles aspérités qu'il faut savoir prendre le temps à nouveau d'apprivoiser
Si le projet devait revenir, on l'accueillera avec joie mais s'ils demeurent en sommeil, on s'en souviendra comme d'un groupe qui nous aura marqués sans que l'on puisse jamais dire qu'on l'aura compris (un peu comme Sleepytime Gorilla Museum dans un tout autre genre avant eux...).
Nucleus Torn peut donc retourner au néant dont il vient (en est-il réellement sorti un jour?), la marque qu'ils ont laissée restera...

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