Fils de
Nox, déesse de la nuit, et jumeau d’Erèbe, dieu de la mort,
Somnus est le dieu romain du sommeil. Donc prendre comme nom de groupe
Somnus Throne pour un groupe de stoner-doom qui se réclame de
Sleep et
Electric Wizard n'apparait pas incongru, loin de là.
Originaire de la Nouvelle-Orléans, un temps installé à Portland et basé actuellement à
Los Angeles,
Somnus Throne roule sa bosse depuis 2016. Composé de Evan (guitare, voix), Ansel Bretz (basse) et Matt Davis (batterie), ce trio va fourbir ses armes sur scène avant de sortir son premier album éponyme en 2020 sur le label
Burning World. Bien reçue dans l'ensemble, cette galette leur ouvre les portes du label italien incontournable Heavy Psych Sounds records pour la sortie de ce
Nemesis Lately. Cette double évocation divine (
Nemesis étant la déesse grecque de la vengeance) va-t-elle alors leur assurer de bons augures ?
Passée la courte invective d'un gusse passablement énervé,
Snake Eyes vient d'emblée lever le voile sur les qualités de cet album. Riffs nerveux, rythme entraînant, guitare fuzzée, basse ronflante et voix charmeuse mixée légèrement en arrière, on a affaire à du bon gros stoner fleurant bon la sueur et l'huile de vidange. Cependant, le groupe amorce un ralentissement après le beau solo de guitare pour nous amener dans une sphère bien plus doom, grasse et psychédélique. Une alternance loin d'être contre-productive à première vue.
Pour corroborer cette assertion,
Somnus Throne balance deux ogives à fragmentation lente, Lacquer
Bones et Dice and Scarecrow, plongeant l'auditeur dans un cocon moelleux. Les riffs dirigent toujours ces titres, avec aussi des incartades psychés truffées de réverb. La longueur des morceaux (quasi 7mn de moyenne) permet aussi au trio d'installer de belles ambiances sonores, avec un mix global aux petits oignons.
La dose de psychédélisme est même en dosage intensif sur L-Dopatryptamine et Rubber Stamp. Lascifs sans être dépourvus de nervosité, ces deux titres sentent l'amour des drogues synthétiques, des longues jams instrumentales et des expérimentations sonores diverses. Le choix de cet artwork fort coloré va aussi dans cette direction.
L'ensemble sonne comme un mix entre Sweet
Smoke et
Alice In Chains et ça fonctionne plutôt bien. D'ailleurs, la pièce finale Calm is The
Devil représente bien les influences musicales de
Somnus Throne. Les incartades à la guitare acoustique, aux jolies sonorités indiennes, se heurtent aux riffs massifs et à une basse inventive. Le diable a beau être calme, quand il s'énerve ça s'entend.
Dans cette mouvance stoner-doom où les sorties sont difficiles à suivre tant elles sont nombreuses, avoir des points de repère est toujours une bonne idée. Pour ma part, le label italien, référence majeure à mes yeux, a encore eu l'oreille fine en dénichant ce groupe que j'espère pouvoir voir un jour sur scène envoyer les titres de ce
Nemesis Lately de bonne facture.
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