Nombreux sont ceux qui, dans l’univers du metal, surfent sur la vague du « symphonique ». Cependant, la plupart s’y cassent les dents tant l’exercice s’avère complexe et exigeant. Dans l’univers du «
Metal extrême », les tentatives sont elles aussi légions. Les quelques rescapés offrent alors un travail de qualité.
Sinphonicon peut être fier du premier effort qu’il a fourni. «
Nemesis Ablaze » est un album de Black mélodique, aux relents de
Death et aux riches couches orchestrales. Composée et interprétée par son unique membre Dominik «
Spirit » Wawak, cette offrande sombre et inspirée à de quoi séduire.
Dès l’introduction « Genesis Of
Corruption », on sent le très bel effort symphonique apporté. Les orchestrations s’avèrent réalistes, les mélodies noueuses. L’ambiance grondante s’assombrie davantage lorsque retentissent les premiers accords
Metal. L’ensemble est porté par des vocaux puissants, alternant entre des growls très
Death et un chant typiquement Black. Les textes sont intéressants, traitant de la mort et des noirceurs de l’homme. Les rythmiques s’avèrent souvent décapantes et rapides. Chaque morceau impressionne par la variété de ses passages. Les lignes symphoniques magistrales se permettent souvent d’intenses envolées mélodiques. Le tout est soutenu par une batterie redoutable, à la double pédale fédératrice ou aux blasts jouissifs.
Les influences, très bien digérées, passent principalement par
Vesperian Sorrow,
Dominia,
Shade Empire ou encore
Dimmu Borgir. À aucun moment un sentiment de plagiat ne se fait sentir, tant
Sinphonicon fournit des éléments attachants et sincères. La production est de bonne facture, réussissant à faire ressortir chaque partition avec puissance, y compris celle de l’orchestre. Les guitares sont dotées d’une distorsion alléchante, la basse vrombit et la batterie martèle...bref, ça ne manque clairement pas d’énergie !
« Let The Light Prevail » met de suite dans le bain, à savoir une musique écrasante, gonflée par des orchestrations solides. Le morceau jongle avec différents rythmes, avec des guitares acérées, se payant même le luxe de quelques chœurs épiques à souhait. « His Name Is
Revenge » débute sur un combo cordes/cuivres faisant presque penser à l’excellent John Williams (la dimension « musique de films » se fait ressentir à plusieurs reprises), puis le morceau adopte une posture plus agressive et entraînante. Des passages plus martiaux ponctuent le tout, avant de faire place à un pont symphonique tout à fait grandiose.
« Echos » démarre en mid-tempo, marqué par une mélodie lancinante et glauque. La frénésie reprend rapidement le dessus, dopée par des orchestrations toujours aussi présentes. On commence alors à bien cerner la capacité du groupe à nous offrir un Black symphonique de très grande ampleur, à l’efficacité certaine et aux variantes mélodiques assez fines. «
Arrival Of
Alastor » sent bon le
Dimmu Borgir, grâce à des chœurs savamment utilisés et des violons qui n’hésitent pas à s’emballer. Le morceau glisse sur un break dévastateur, à la batterie syncopée, et à l’ambiance délicieusement ténébreuse. «
Fall Of
Purity » démarre avec énergie. La basse gronde, puis l’orchestre livre un combat de titan avec les guitares. Ce duel est magnifique, et très serré. Mais de toutes les parties, ce sont celles de l’orchestre qui nous éblouissent le plus.
Après un instrumental à l’ambiance guerrière travaillée, «
Legion Arise » reprend les hostilités. Le morceau est d’abord très incisif, puis vire sur un hymne audacieux et héroïque (Hans Zimmer n’est pas bien loin): Un excellent cru. «
Nemesis Ablaze » quant à lui déverse de sombres présages, à grands coups de pianos ronflants et de rythmiques monolithiques, le tout affûté par une mélodie très inspirée. «
Silence » reprend cette dernière mélodie dans un contexte entièrement symphonique, et permet de terminer ces 44 minutes de musique sur une note solennelle et grandiose.
Ainsi, «
Nemesis Ablaze » fait l’effet d’une petite bombe dans le milieu malheureusement trop opaque du Black/
Death symphonique. Évitant les clichés du genre,
Sinphonicon étonne par sa maturité et sa maîtrise (et dire qu’un seul type est derrière tout cela !). L’alternance entre une intense brutalité et des mélodies très prenantes est remarquable. Les efforts fournis en matière d’orchestration sont certains: nous ne sommes pas face à un simple « enrobage » ou « embellissement » symphonique comme c’est souvent le cas. Cependant, si vous êtes allergique à cette dimension là, il y a des chances que cet album vous laisse de marbre. Les autres se régaleront, sans nul doute.
Un premier album salutaire à la fois puissant, inspiré et parfaitement orchestré. A découvrir sans plus tarder (car hélas trop méconnu) !
Sinon je ne connais pas du tout ce groupe... Et je déteste Dimmu Borgir au plus haut point...
Il vaut vraiment le coup à ce point ?
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