Sortant d’un deal infructueux avec l’écurie Active Records, au même titre que
Merciless et
Therion,
Obliveon n’a pas franchement réussi à s’imposer malgré les qualités de son premier album, perle de deathrash technique et d’avant-garde en 1990. Le groupe se retrouve d’ailleurs sans label attitré lors des sessions d’enregistrement de son nouvel effort en 1993 et se résigne ainsi à autoproduire son disque baptisé
Nemesis, non sans s’offrir les talents d’illustrateur du studio SV Bell, auteur de pochettes d’album pour
Wombbath,
Torturer,
Kataklysm,
Morta Skuld ou
Amorphis dans les années 90.
Si
Obliveon paraît un peu plus brutal et direct, à l’image du premier titre éponyme dominé par des rythmiques agressives et le chant rageur de Stéphane Picard, le quatuor renoue très vite avec ses plans techniques et soignés, grâce à la complexité de son couple basse batterie et à la richesse des lignes de guitares Martin Gagné et Pierre Rémillard. Les jeux complémentaires et les soli des deux guitaristes permettent de nuancer chaque passage et de singulariser les huit morceaux articulant l’album.
Sans tous les citer, retenons par exemple le très bon Obsure Mindways et ses lignes de guitares subtiles en son cœur, non sans rappeler l’ambiance de l’invincible
Climate Controller du second album de
Nocturnus, le tout aussi grisant Frosted Avowals aux rythmiques nerveuses s’opposant aux guitares fines de Martin et Pierre qui semblent se parler, le superbe
Factory of Delusions aux accélérations judicieuses et aux leads poignantes & entêtantes, sans compter l’ultime Strays of the Soul et ses guitares acoustiques se fondant impeccablement en début et fin de morceau.
Dans la lignée de son précédent album,
Obliveon lâche ainsi sans faiblir un deathrash progressif et technique empli de feeling, trésor d’imagination où les qualités individuelles de chaque musicien sont utilisées à bon escient pour former un corps homogène et vivant, loin d’un simple assemblage mécanique de quatre techniciens. Mais sans réelle couverture,
Nemesis passe malheureusement inaperçu comparé aux albums The
Erosion of Sanity et The Mystical
Gate of
Reincarnation des voisins et confrères
Gorguts et
Kataklysm, alors qu’il témoigne pourtant une sacrée richesse d’écriture et d’interprétation.
Enfin accessible au commun des deathsters depuis la réédition de la discographie chez Prodisk en 2007,
Nemesis reste en tout cas la dernière réalisation purement death-thrash d’
Obliveon, qui s’orientera dès son troisième album vers des rythmes plus saccadés et des sonorités modernes Meshuggahesques, dont mon faible attachement ne m’autorise guère de jugement.
Fabien.
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