Entité formée dans la seconde moitié des 80’s et pionniers du style en Grèce,
Death Courier avait tiré sa révérence en 1992 après un unique full-length d’un Death
Metal sympathique mais relativement anecdotique, noyé sous la déferlante mondiale du moment.
L’histoire aurait pu en rester là, mais Billy Soulas membre originel du groupe, peut-être boosté par le revival Death qui pointe le bout de son nez à la fin des années 2000, remet le projet sur pieds en recrutant des jeunes musiciens et repart de zéro sur le cursus démo / split / EP, etc. Le MCD
Perimortem (2013) montrera au passage un combo loin de se contenter de jouer du Death old-skull des familles comme à l’époque.
Nuclear War Now en profite au passage pour rééditer les vieilles sorties du groupe, ça commence à sentir bon le retour en bonne et due forme, et la meilleure nouvelle c’est que
Death Courier a tapé dans l’œil du label indien qui monte Transcending
Obscurity, et va pouvoir bénéficier d’une promotion correcte pour son nouvel album
Necrotic Verses (2020), déjà en boite depuis 3 ans et désormais enfin disponible.
Pas d’intro grandiloquente ou de sample à la mords-moi le nœud ici, trois grands coups de caisse claire et le premier riff du morceau d’ouverture me fait furieusement penser à Hidden
Hatred de
Divine Empire, avant de développer une lourdeur proche d’un
Panzerchrist ou d’un Rattenfanger, pas du tout pour rigoler donc, d’autant que la production costaude et équilibrée du
Slow Animal Studio et le mastering de John Mooth magnifient parfaitement l’ensemble.
Mourning Ecstasy est encore plus direct avec un blast-beat à 240 bpm (hors taxes) d’entrée et des riffs véloces et vicieux qui ne sont pas loin de rappeler leurs redoutables compatriotes de
Mass Infection, le tout alterné par des petites variations thrashy du meilleur effet.
La solution de facilité aurait pourtant été de reprendre comme en 1992 en tentant de reproduire le son et les compositions d’époque comme l’ont eu fait et le font tant d’autres, mais
Death Courier a eu le mérite de ne pas rester hermétique à ce qui s’était passé depuis, peut-être en regardant d’autres groupes de leur pays comme
Inveracity,
Mass Infection ou
Resurgency.
Billy Soulas et ses acolytes savent toutefois varier leur répertoire, en témoigne par exemple l’intro basse / batterie mid tempo imparable de As
Heaven Blends With
Rot, avant de reprendre le rythme de croisière hyperblast sur un titre qui sonne parfois
Chaos Inception (surtout sur les deux riffs enchainés entre 1 :05 et 1 :37), et de balancer un petit solo « cosmique » à la Trey Azagthoth (2 :10-2 :26).
Parmi les morceaux marquants,
Immune to Burial développe une force de frappe constante digne du Room Collector
Panzerchrist, notamment de par les tapis de double pédale du batteur Ilias qui ne sont pas sans rappeler ceux de l’impitoyable Reno Killerich, ou
Visceral Slice avec ses guitares à la tierce (et sa vélocité) façon
Hate Eternal. Bien sûr ceux qui recherchent uniquement l’évolution, l’originalité et ce genre de choses (qui peuvent mener par exemple
Ulver à sortir des albums qui rivalisent de niaiserie et de mollesse avec Taylor
Swift, ne l’oubliez pas !) risquent d’être déçus car
Death Courier ne révolutionnera pas le Death
Metal ici, même si on sent qu’il en faudrait peu pour que la personnalité émerge davantage, comme sur le dernier titre à tiroirs très noir, où une aura sombre à la
Dead Congregation plane quelque peu.
Dans tous les cas,
Necrotic Verses a conservé ses racines qui datent de la création du Death
Metal et a su les faire évoluer et fructifier au travers d’un côté moderne qui ne gomme en rien son authenticité, faisant de ce disque une réussite indéniable, pouvant être comparé aux meilleures sorties de
Blood Red Throne,
Prostitute Disfigurement ou
Severe Torture.
Rajoutons à cela un artwork sobre mais prenant, et une édition boxset magnifique comme à chaque fois sur le label de Kunal Choksi, et vous obtenez un disque que chaque deathster se doit de posséder, et qui me concernant devrait figurer en bonne place parmi les sorties 2020.
BG
C'est vrai que le Perimortem est sympa, sans plus. Du coup, ça me donne bien envie, ça.
Je viens d'écouter sur YT : j'adore. Il va me falloir cet album rapidement. Merci Laurent !
ecoute concluante, sacrée formation !
Magnifique album de death et certainement l une des surprises de cette miserable annee 2020.
J attends la version cd qui tarde a arriver mais ayant la version MP4 je m y adonne tres regulierement.
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