Il est des albums qui ne se laissent pas dompter. Tels des animaux fantastiques, ils se débattent furieusement, hurlent de rage et de colère, et ne laissent pas indemnes ceux qui oseraient tenter de les apprivoiser, voire même de les dominer.
"Necrosodomic
Abyss" fait partie de ces albums, devenus trop rares aujourd'hui. Ce disque est une bête furieuse, sauvage, qui explose à la moindre occasion. Impossible d'en venir à bout, cet album est un paradoxe à lui tout seul : à la fois simple et complexe, ardent et glacial, véloce et écrasant.
Mord avance depuis quelques années sous forme d'un duo infernal, composé de Nordra à la guitare et à la voix, et de Necrolucas derrière les fûts (officiant également dans
Anima Damnata, groupe sulfureux au possible), semant son passage de disques proprement enragés.
"Necrosodomic
Abyss" n'est pas facile à appréhender. Derrière une apparence simpliste, un titre assez ridicule et un discours qui ne vole pas plus haut ("Nous tuons et assassinons tout les dieux et déesses connus de ce monde" in Metallian) qu'une mouche à laquelle on aurait coupé les ailes, se cache en fait un démon redoutable.
Jouissant d'une production intéressante, la guitare n'est pas stridente comme dans bon nombre de formations, mais ce que l'on pourrait appeler "semi-distordue". En effet, le son est très groovy, très chaud, mais employé à des fins meurtrières. La basse n'est pas en reste, car elle reste très audible et marque très fortement le rythme dans cette longue descente dans l'underground que vous allez entamer.
Le batteur (car il mérite un paragraphe à lui tout seul) renvoie jouer aux playmobils les prétendants aux records de vitesse. Tout simplement. Alliant la rapidité d'un Blastphemer (qu'on ne présente plus) avec la technicité des grands noms (certains passages du disque sont marqués par un groove irrésistible), Necrolucas alterne blasts-beats à faire péter un pacemaker et mid-tempos proprement écrasants.
Et cet album ne fait pas attendre; Dès l'Opus I, on est plongés dans une tourmente blasphématrice, ou le ciel est invisible, et ou la senteur de l'encens se mêle à la putréfaction. Nordra hurle comme un dément, dans une langue proprement inintelligible (Latin ? Polonais ? Anglais ?), ses aphorismes sataniques.
Les titres sont suffisamment variés et accrocheurs pour ne pas lasser l'auditeur. Des prezques dansants "Opus II" jusqu'aux supersoniques "Opus III" et "Opus VII",
Mord administre une belle fessée aux soit-disant groupes de Black
Metal brutal. Habitué aux grosses baffes rapides et dégoutantes (LDOH et consors), j'ai moi-même pâli devant la violence extrême de chacune des pièces composant "Necrosodomic
Abyss". Non pas que je revendique être une valeur de référence, mais plutôt quelqu'un aimant l'art sans concession. Bref.
A noter que le morceau inédit (Opus IX) contenu sur la version 33T du disque est une perle à elle toute seule, de loin l'une des meilleures pièces de l'album. Je vous conseille fortement de faire un tour sur
Osmose afin de commander l'objet, simplement pour vous faire une idée
Ce disque est noir. Profondément noir. Un voyage dans le monde de l'underground ou
Mord est destiné "à régner comme [un] prince" (dixit le regretté Laurent Michelland, toujours dans Metallian). Intègre au Black
Metal, le groupe ne ménage pas l'auditeur, crache sur les interludes pour se concentrer sur une galette violente et sans concession. Critique au vitriol de l'église, charge contre les grenouilles de bénitiers de tout pays (la pochette en dit long), glorification de l'idole noire,
Mord se pose comme un groupe proche de ses racines, qui ne déviera jamais du chemin qu'il s'est tracé.
Un disque proprement exceptionnel, qui, même au fur et à mesure des déshabillages successif, ne perd en rien de sa teneur hautement inflammable et souffreteuse. a consommer sans modération.
Je me traîne ce disque sulfateuse depuis un moment et j'y reviens toujours, quelle déflagration et pourtant quel contrôle, c'est tout bonnement génial! Ce qui m'a le plus frappé lors des derniers tours que je lui ai donné, c'est la marque pesante de Satyricon période Nemesis Divina sur bien des riffs, en version plus carnassière. Je le mets bien haut dans le panier black brutal bien produit, aux alentours d'Infernal War et Thunderbolt, chapeau.
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