Gallileous fait partie de ces groupes difficiles à cerner. Depuis la sortie en 1992 de Passio et Mors, le groupe s’est évertué à rendre flou les contours de sa musique en traversant différents genres avec une allégeance au
Doom pour seule constante. Certains décriraient leur son comme du
Doom Death, d’autres y voient un soupçon de Black
Metal notamment sur le chant, et certains vont même à les qualifier d’Atmospheric
Funeral Doom, et leur dernier album,
Necrocosmos, ne risque certainement pas de nous aider à y voir plus clair pour tenter de les placer dans une catégorie ou une autre.
Si le groupe a exploré divers horizons sur chacune de ses sorties,
Gallileous a néanmoins toujours conservé son son si particulier. Utilisations de claviers à la fois enfantins et cauchemardesques, une guitare accordée entre Pornography et Ænema, des chants liturgiques alliés à des cris provoquant l’effroi et une envie secrète de sonner prog malgré tous ces éléments conflictuels. Pour certains, le groupe est un peu too much, pour d’autres, leur vision téméraire et innovante du
Doom est une bénédiction. Avec chaque nouvelle sortie, le groupe polonais a su pénétrer toujours un peu plus vers une musique bizarre et pourtant belle et leur carrière tout comme leur récent nouveau changement d’orientation musicale semblent être le reflet de la progression similaire entreprise par
Pantheist.
Sauf que la plupart des gens pensent que les horizons plus vastes développés par
Pantheist ont été trop loin avec leur dernier album. Est-ce donc aussi le cas avec ce
Necrocosmos de
Gallileous ? Selon votre degré d’acceptation et, bien que le mot ne me plaise pas trop, votre ouverture d’esprit, la réponse pourrait être bien différente. D’une certaine manière,
Gallileous s’est complètement transformé, changeant leur patchwork délicat façon
Doom Death en une profusion toute à la fois psychédélique et occulte. Cela vous semble familier ? Bien sûr, avec le revival actuel de tous ces groupes qui essaient de sonner comme
Black Widow et le
Deep Purple des débuts, on viendrait presque à douter de la bonne foi de
Gallileous. Sauf que la plupart des morceaux ont été écrits il y a environ deux ans, bien avant toute la folie suscitée par les
Blood Ceremony et autres
Ghost et leurs légions d’adeptes. La sortie toute récente de l’album tient plus à l’accident de parcours puisque RedRum666, leur label historique, a fini par mettre la clef sous la porte et qu’ils ont donc du se chercher une autre maison de disques (en l’occurrence : Epidemie Records de la République Tchèque).
Le chant typé extrême a complètement disparu. A sa place subsistent des voix clean tels des psaumes et le chanteur, horrible bourgeon qu’il était, s’est finalement transformé en une belle fleur. Des fleurs ? Oui, et il semble y en avoir un bon paquet dans le nouveau champ d’exploration de
Gallileous. Les synthés, qui avant m’évoquaient un grand manège infernal, se sont mué en une nouvelle personnification de l’orgue Hammond de feu Jon
Lord, à la différence près que le facteur « what the fuck » dépasse le simple hommage et c’est comme si
Lord (amen !) avait pénétré l’âme de Daga. C’est donc moins un délire typé
Deep Purple qu’une sorte de partouze cosmique avec champis entre Hawkind et Jean-Michel Jarre copulant à l’écoute de Child in Time.
Surprise encore avec ces guitares qui, même si elles se sont faites plus seventies sur le coup, retiennent encore ce grain si propre au groupe et accompagnent à merveille les claviers stratosphériques comme si c’était leur seconde nature. Les paroles ont-elles aussi passé un nouveau palier. Finies les divagations iconoclastes d’
Anti Vaticano et bienvenue aux enfants du proton et autres étrangetés qu’on croirait sorties tout droit du casting de l’Age de Crystal.
A ceux qui avaient espéré une nouvelle rasade de ce
Doom Death si particulier joué par les Polonais, une déception semble prévisible. En revanche et contre toute attente, je suis tombé amoureux de cet album dès les premières notes. Oui,
Necrocosmos ne ressemble à aucun autre album de
Gallileous, oui encore, on passe plus de
Doom à Shroom mais bien que le groupe soit désormais dévoué à sa cause psychédélique plutôt qu’à nous nourrir de cauchemars, j’estime que
Necrocosmos est un nouveau joyau qui vient parfaitement orner la couronne des Polonais et continuer de plus belle leur aventure musicale. Les fans du groupes y retrouveront tous les éléments qu’ils appréciaient dans les enregistrements précédents, simplement exprimés différemment, sous une nouvelle lumière, un nouveau prisme. Il est fort probable que l’appréciation de cet album se résume à : aime / aime pas mais j’espère que, comme moi, vous ferez partie de la première catégorie. Captain Obvious me souffle à l’oreille que ce n’est évidemment pas le meilleur album pour débuter avec
Gallileous, si vous ne connaissiez pas le groupe avant, mais vous pourrez toujours faire semblant de croire qu’il s’agit en fait d’un tout autre groupe. Je reste cependant curieux de savoir quelle sera la réaction des fans à ce
Necrocosmos. J’aurais simplement aimé que ce soit déjà le printemps… ah… le printemps…
Initialement publiée par doom-metal.com en anglais.
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