Liste des groupes Hardcore Insurrection (FRA) Ne Plus Subir

Insurrection est un groupe phare de la scène "identitaire" européenne. Quelques changements dans l'idéologie, d'autres dans le style, en ont fait une formation suffisamment bourlingueuse et variée pour attirer l'attention sur elle. Il faut dire que dès le début, la qualité musicale était au rendez-vous. Après une démo bien violente qui vous prenait aux tripes et un album aux influences punk assez prononcées, Insurrection avait divisé la critique avec son album Radikalcore. Dans cette galette, le groupe (presque entièrement reformé après avoir splitté, le Lapin en étant le seul membre permanent) changeait de style, passant à un metalcore bien affiné. Malgré ses qualités, cette nouveauté n'a pas convaincu tout le monde : influence prononcée (trop pour certains) du neo-metal, textes relativement nombrilistes... Quand Insurrection nous a fait l'honneur d'une nouvelle galette, Ne Plus Subir, on pouvait se demander ce qui nous arrivait dessus, mi-figue mi-raisin.
Heureusement, l'album était au-delà de mes espérances.

Niveau musique, Insurrection n'est pas un groupe d'expérimental hyper-ouf avec des mélodies sans queue ni tête façon Adagio. Au contraire, il joue sur des rythmiques assez simples, mais particulièrement accrocheuses. Dès la première piste, on entend un hardcore jouissif, avec une grosse guitare juste ce qu'il faut pour nous scotcher les oreilles aux enceintes pendant tout l'album. Fini les travers de Radikalcore : Insu poursuit dans le même style, mais cette fois en mieux ! Le Lapin a travaillé sa voix, y ajoutant quelques modulations bien placées qui donnent un petit côté poétique à certains titres. Qu'on se rassure, "poésie" ne signifie pas "tapette", surtout dans une formation comme celle-ci. La chanson "Poète guerrier", célébrant le lyrisme de ceux qui manient à la fois la plume et le ricain, est là pour en témoigner.
Plus de titres "je raconte ma vie" non plus : le groupe ne se gêne pas pour dire ce qu'il pense du monde, comment il le perçoit, sans le ramener pour autant à un quotidien lourdingue. Tour à tour, la voix du Lapin toujours pêchue alterne la louange et le blâme, avec quelques pans d'histoire pour fil conducteur. La guitare lead fait ici et là des interventions opportunes, les riffs sont toujours bourrés d'énergie, soutenus par une batterie rapide et carrée. Avouons-le, cet album réveillerait un mort ! Mention spéciale à "Capitaine", un titre historique si exaltant qu'il donnerait envie de pogoter au plus neurasthénique des gothiques newrockeux. Pas de compromission, aucune pression adventice qui fasse retomber celle du groupe, on en sort gonflé à bloc.
Qui plus est, le livret est très bien fait, très pro (aussi joli que celle qui l'a réalisée, soit dit en passant). Le Lapin sait décidément bien s'entourer !

Ne Plus Subir n'est pourtant pas exempt de défauts. Par exemple, le chant sur "Héléna", qui ressemble un peu à celui de Renaud, ou encore l'accent français à couper au couteau dans la reprise de "Fiori nel deserto" (chantée en italien). Sans oublier les thèses exprimées dans "Evolution", une chanson contre le darwinisme. Personnellement, je la trouve un peu réductrice sur le plan des idées, et puis nier la théorie de Darwin sans argument réellement valable n'est peut-être pas une lutte d'avenir... Cela dit, ce titre marche sur un air bien revanchard, accrocheur, qui ne vous lâche plus quoi que vous pensiez des paroles ! Insurrection, c'est un peu ça : on a beau ne pas être d'accord sur tout, l'évolution musicale depuis Radikalcore est indéniable, et même avant, le groupe déjà avait produit son lot de bon titres. Insu n'est peut-être pas le groupe le plus abouti de la scène, mais il est sans conteste le plus pêchu et le plus vigoureux, alors ne boudons pas notre plaisir.