Et si le salut du thrash venait de l'Amérique du Sud ? Entre les pères fondateurs
Sepultura, dès 1985, et cet album des Chiliens de
Dekapited, il y a pléthore de groupes qui, de plus en plus ces dernières années, recueillent une certaine légitimité eu égard à des productions dorénavant mieux distribuées et plus accessibles par chacun.
Dekapited en fait partie, à l'instar de nombre de ces congénères. Il n'y a qu'a lire la liste des remerciements dans le livret du CD pour noter qu'il se passe réellement quelque chose dans ce continent, niveau thrashmetal.
Déjà auteurs d'un EP passé plutôt inaperçu et de quelques démos d'usage, le quatuor Chilien propose 8 titres et donc 8 tueries.
Nacidos del Odio développe un thrashmetal agressif, aux riffs particulièrement incisifs et dotés d'une énergie à faire pâlir un jeune chiot qui découvre un os pour la première fois. En un peu plus de 28 minutes,
Dekapited assène des compositions échevelées, rapides, aux soli situés en fin de pistes souvent judicieux, et à l'inspiration jamais démentie. Du titre éponyme et ses relances thrashisantes imparables au dernier morceau, le final "Pacto Negro" et sa cavalcade infernale, rien n'est à jeter. Comme de plus, il y a toujours une partie de basse (au début de "Muerte"), un riff brise-nuque inattendu (sur chaque titre), ou un roulement de toms "Ventorien", on prend un malin plaisir à compter les coups de mandales finement exécutés.
Car
Dekapited est plus fin qu'il n'y paraît. Une twin guitare à la vieux
Helloween ici (sur "Pacto Negro", "Falsas Caras" ou sur "
Nacidos del Odio"), un soli mélodique là ("
Anticristo", "Muerte"), ou un break heavy bien placé ("Estupida Nacion"), jamais l'ennui ne paraît. De plus, le chant hurlé de Ignacio Norambuena est avec jute ce qu'il faut de réverb'. On se prend à se rappeler de l'effet qu'avaient eu les albums des Brésiliens de Ratos de Porao en son temps, avec des vocaux en portugais renforçant l'aspect bestial de la chose. Le langage n'est pas tout à fait le même (espagnol/portugais), mais le rendu y ressemble à bien des égards. Un très gros atout, donc, paradoxalement aux usages habituels. D'ailleurs, du crossover des voisins Brésiliens,
Dekapited en prend l'énergie avec des morceaux courts, intenses, mais reste thrash, avec juste ce qu'il faut de mixité sauvage, à l'instar d'un
Nocturnal Graves, par exemple, et toute cette scène affiliée au thrash/black.
Difficile de dégager un titre plutôt qu'un autre, tant l'album ne comporte aucune faute de goût ou de remplissage. "
Anticristo" et ses terribles riffs à la limite du black metal, ses cris de sauvage et ses roulements, est toutefois diablement représentatif de la boucherie ambiante, backing vocals compris. Un titre dévastateur. Vraiment. Si ce n'est une pochette bien peu attirante et un goût de trop peu obligeant un "replay" évident, bien inspiré qui mettra les oreilles sur cet album facilement trouvable pour pas bien cher. Pour sûr, ce sera mettre la main sur un des meilleurs espoirs de la scène thrashmetal et un album du feu de Dios !
Et bravo pour le papier ! On sent qu'il t'as mis une baffe ce skeud des sud-am !
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