L'australie est à cause de son éloignement plus que certain le dernier pays dans lequel le Black
Metal aurait fait son trou. Et pourtant, rien de plus faux !
Plusieurs formations reconnues, dont
Abyssic Hate, viennent du pays des koalas. Et parmi ces damnés du bout du monde, nous trouvons
Sin-nanna, créateur de STRIBORG, et fantôme de la scène BM australienne depuis plus de dix ans.
Striborg a une discographie remplie d'une belle dizaine de réalisations, sans les démos éventuelles. Mais la confidentialité de la production de chacun de ses albums les rend presque introuvables : moins de cinq cents copies numérotées pour certains albums...
Le style : étonnant. Les cinq premiers albums semblaient être inspirés par
Ildjarn pour leur brutalité, leur crudité, l'enregistrement cradingue. Puis, le rythme s'est ralenti pour devenir du mid-tempo lançinant, ambiant, jamais saccadé. C'est devenu du
Darkthrone style "Northern Sky", mais en mieux, plus sombre encore, et plus glauque, plus désespéré. Moins porté sur l'aspect
Evil, plus sur l'isolement de l'artiste et sa haine envers le monde qui l'entoure. Ce à quoi n'échappe pas l'album ici traité, qui date de fin 2004, édité à 500 copies.
Pour l'ambiance, pensez aux films de vampires des années trente, pensez à la nuit, à la forêt pendant et après la pluie, à l'odeur de la terre bien humide, aux vieilles maisons tout de guiguois, aux caves suintantes et aux grottes sinistres dans lesquelles nos grands-parents nous interdisaient d'aller... D'ailleurs, ils avaient raison, car
Sin-nanna nous y attend, et il vaut mieux s'en écarter, le vampire a faim et il est malade...
Il joue de sa guitare comme un damné, s'en servant comme d'un texte de long poème. Elle enveloppe doucement l'auditeur et l'enfonce tranquillement dans la terre d'une forêt trop peu souvent visitée. Mais cette guitare... On dirait une perçeuse, ou une tronçonneuse. C'est grinçant, tranchant, et le grain fait penser à du papier de verre.
Quant à la voix... C'est ignoble... On dirait un grognement extirpé du fond d'une cave de château trop humide, avec une légère distortion qui met bien mal à l'aise. C'est sinistre à souhait, imaginez le
Nosferatu des années trente en train de chanter, et vous aurez un aperçu du travail du créateur et unique compositeur de STRIBORG.
Les albums sont non seulement rares, mais ils sont bons, pour tout fan DARKTHRONIEN des premiers temps qui se respecte. Et bien remplis, les pistes ont une moyenne de plus de huit minutes, à part celles au clavier, d'environ quatre minutes. Il n'est pas rare de devoir passer au travers de morceaux de plus de vingt minutes de long, et croyez-moi, sortir entier d'une heure de StriborgG sans être chaviré, alors ou bien vous avez dormi, ou bien vous êtes blindés à force d'écouter
Revenge, et vous êtes devenu sourds...
Le son de cette galette à huit morceaux est bien mixé, ce n'est pas le son qui est craspec, mais son étrange guitare !
Pour tout fan de BM bien underground, sincère, jetez vous sur tous les
Striborg que vous pourrez trouver. Courage, ils sont tous rares, car édités par un label Tasmanien. Sauf le dernier en date, "Embittered
Darkness", sorti chez un label hollandais, Displeased Records, et donc moins difficile à trouver.
A part
Xasthur,
Leviathan,
Paysage D'Hiver,
Darkspace,
Funeral Mist et
Velvet Cacoon, aucun groupe ne m'avait procuré autant de plaisir dans la noirceur et l'ignoble.
Préparez-vous, la nuit approche...
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