My Kingdom Come

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15/20
Nom du groupe Lycania
Nom de l'album My Kingdom Come
Type Album
Date de parution 21 Octobre 2023
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1.
 Scriptorium
Ecouter02:12
2.
 The Lone Poet's Ballad
Ecouter05:05
3.
 Dark Halls of Oblivion
Ecouter03:58
4.
 My Kingdom Come
Ecouter06:46
5.
 Majesty of Madness
Ecouter05:00
6.
 Lust For a Tale
Ecouter04:23
7.
 Standing on the Edge
Ecouter04:39
8.
 My Empty Page
Ecouter04:54
9.
 The Wayfarers Dream
Ecouter05:31
10.
 Uncrowned
Ecouter04:56
11.
 The Memory Remains
Ecouter08:30
12.
 As Beauty there in Shackles Lies
Ecouter04:45

Durée totale : 01:00:39

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Lycania



Chronique @ ericb4

05 Novembre 2023

Une œuvre puissante, solaire et sensible à la fois...

S'il est des formations sachant prendre la mesure des enjeux avant de se lancer dans la bataille, ce combo teuton originaire de Hanau, cofondé en 2015 par la soprano et parolière Sarah Gorzelitz, le guitariste Julian Körner-Schuchardt et par le claviériste et orchestrateur Peter Lenz, serait assurément du nombre. S'il réalisa un an plus tard à peine sa toute première démo, « My Empty Page », pas moins de sept longues années sépareront ce tâtonnant mais frissonnant méfait de son successeur, « My Kingdom Come », auto-production généreuse de ses 60 minutes sur lesquelles se dispatchent douze pistes dont les cinq de sa laconique devancière. Ce faisant, cet opulent mouvement serait-il dès lors de nature à maintenir l'âpre concurrence dont ce registre metal continue de faire l'objet en respect ? Constituerait-il un arsenal défensif suffisamment efficace pour espérer voir nos acolytes se hisser parmi les déjà si nombreux solides espoirs hantant aujourd'hui l'espace metal symphonique à chant féminin ?

Dans ce dessein, le quintet d'hier s'est mué en un sextet ; aux côtés de nos trois maîtres d'œuvre évoluent dorénavant : Felix Schmidtmann à la basse, et, plus récemment, Samuel Karres, en remplacement de Madeleen Welge, à la batterie, ainsi que Daniel Engström (Lost Dawning, Riveroath) à la guitare et au chant. Conformément à ses aspirations premières, de cette étroite collaboration émane un propos rock'n'metal mélodico-symphonique classique, dans la veine de Nightwish, Xandria, Delain, Epica, Amberian Dawn, Dark Sarah et de Diabulus In Musica. Afin de tenter de sublimer la dimension symphonique de son manifeste, le combo a requis, pour l'occasion, la charismatique empreinte de vocale du baryton Thorsten Schuck (Neopera), sur l'une des pistes, ainsi qu'un parterre de quelque onze choristes chevronnés, dont David Åkesson (membre live de Symphonity et ex-Qantice), Fabien Marmor (Conspiria, guest chez Mob Rules, Orden Ogan, Kambrium...), Sophie Smith (Huld, guest chez Nornir) et Regina Beatrix Rumpel (ex-DüsterLust). Une impressionnante distribution, s'il en est, se doublant d'une production d'ensemble de fort bonne facture.

Aux fins d'une optimisation de chacune des parties, les studios d'enregistrement ont été sélectionnés en fonction des postes considérés. Aussi, si les lignes de chant, de guitares, de claviers, et de basse ont été enregistrées par Peter Lenz, aux Oak Forest Studios – exception faite des parties de guitares dispensées et enregistrées par Daniel Engström lui-même aux Riveroath Studios –, les chœurs, pour leur part, l'ont été par Peter Lenz et Daniel Engström au KiJuBi. Quant aux lignes de batterie, elles relèvent de la patte experte de Samuel Karres, aux C-Key Studios. En découle une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut. Mixé et mastérisé par le guitariste et producteur de Seven Spires, Jack Kosto, l'album fait également montre d'une belle profondeur de champ acoustique, d'un mix équilibrant instrumentation et lignes de chant à parités égales, et de finitions, cette fois, passées au crible. Il semblerait dès lors que les tâtonnements de leurs débuts ne soient plus que de lointains souvenirs. Mais suivons plutôt nos six vaillants corsaires dans leur traversée en eaux houleuses...


A l'aune du précédent effort, le collectif germanique témoigne de cette rare aptitude à concocter ces schèmes d'accords des plus rayonnants et qui, assurément, s'inscriront durablement dans la mémoire du chaland, ce que ne sauraient démentir leurs pistes les plus éruptives. Ainsi, passée la brève mais poignante entame instrumentale d'inspiration cinématique, « Scriptorium », alors relevée par le fin picking jaillissant de la guitare acoustique de Peter Lenz, les éléments ne sauraient tarder à se déchaîner. Aussi, un headbang subreptice sera-t-il déclenché sur son voisin de bobine, « The Lone Poet's Ballad » ; un ''nightwishien'' et sémillant mid/up tempo aux riffs épais, voguant sur d'ondulantes nappes de claviers, et suivant le schéma classique de la Belle et la Bête, les cristallines patines de la frontwoman s'opposant aux growls caverneux d'une bête revêche. Dans cette dynamique, et non sans rappeler Epica, le tonique et complexe « Majesty of Madness », pour sa part, génère une énergie aisément communicative. S'inscrivant, lui, dans la mouvance d'un « Century Child » de Nightwish, le polyrythmique et engageant « Standing on the Edge » n'est pas en reste ; investi de délicats arpèges au piano et de riffs vrombissants, l'épique méfait nous gratifie parallèlement d'insoupçonnées et grisantes montées en régime du corps orchestral et oratoire. Et la sauce prend, là encore, sans tarder. On pourra, enfin, retenir le trépidant et ''xandrien'' « The Wayfarers Dream » non seulement pour ses couplets finement ciselés mais aussi pour le brio technique dont le pont instrumental d'obédience cinématique s'en fait l'écho.

S'écoulant sur une cadence plus mesurée, d'autres espaces d'expression pourront à leur tour nous happer sans avoir à forcer le trait. Ce qu'atteste, en premier lieu, « Dark Halls of Oblivion », aérien mid tempo à la confluence d'Epica, de Dark Sarah et de Delain, et ce, à la lumière de ses enchaînements intra piste ultra sécurisés et de l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'empruntent communément les célestes volutes de la sirène et le chatoyant grain de voix de Thorsten Schuck. Dans cette mouvance, le ''xandrien'' mid tempo « Uncrowned » déverse, lui, des couplets délicatement esquissés ainsi qu'un seyant solo de guitare en fin de parcours ; un poil plus complexe et sauvegardant une sente mélodique agréable à défaut de s'être inoubliable, l'enivrant méfait s'avère moins immédiatement immersif que le titre sus-cité, On ne saurait davantage esquiver le ''nightwishien'' mid tempo « As Beauty There in Shackles Lies » eu égard à son caractère enjoué, au fin legato à la lead guitare dispensé et à la légèreté de son tapping ; en dépit de roulements de tambour à la cadence métronomique placés en fin de parcours et qui ne s'imposaient pas, le romanesque propos pourra pousser à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée. Dans une atmosphère quelque peu anxiogène, « Lust for a Tale » se pose, lui, tel un mid tempo dark gothico-symphonique dans la veine coalisée de Tristania et Epica ; à la fois ''gorgonesque'', crépusculaire et luminescent, ce tortueux et vénéneux méfait ne lâchera pas sa proie d'un iota. Mais nos acolytes n'ont pas encore abattu toutes leurs cartes...

Quand ils en viennent à nous mener en d'intimistes contrées, nos acolytes s'y adonnent avec une infinie délicatesse, nous adressant par là même leurs mots bleus les plus sensibles. Ainsi, la petite larme ne saurait tarder à perler sur la joue sous l'impact des fondants arpèges d'accords échappés de « My Empty Page », ballade atmosphérique et romantique jusqu'au bout des ongles qu'agrémentent de soyeuses gammes pianistiques ; un instant en totale apesanteur que n'auraient sans doute renié ni Xandria ni Diabulus In Musica. Déambulant alors au cœur d'un infiltrant cheminement d'harmoniques, que la maîtresse de cérémonie se charge d'encenser de ses magnétiques modulations, le féru de moments tamisés trouvera-là matière à se sustenter.

Mais ce serait à la lecture de leurs pièces en actes symphonico-progressives que nos belligérants brandissent leurs armes les plus affûtées. Ce que prouve, d'une part, l'épique et opératique « My Kingdom Come » au regard de ses nombreux coups de théâtre et d'un corps oratoire des plus enveloppants, gagnant en impact émotionnel au fil de sa progression. Forte de ses effets de contrastes rythmiques, les délicats arpèges au piano d'un pont s'intercalant opportunément dans un vaste champ de turbulences impulsé par une rythmique sanguine corroborée à de puissants coups de boutoir, cette fresque à mi-chemin entre Amberian Dawn et Nightwish ne saurait être éludée. Plus encore, au fil de ses quelque 8:30 minutes d'un parcours émaillé de moult rebondissements et mis en habits de lumière par les cristallines volutes de la diva, le dantesque « The Memory Remains » prend toutes ses lettres de noblesse ; entamée telle une aérienne ballade en piano/guitare acoustique/voix claire, suivie d'un somptueux solo de guitare, l'orgiaque piste fait alors place à de saisissants contrastes oratoires cristallisés par un vibrant face à face entre voix ''siréniennes'' et growls ; sur fond de tourbillonnants harmoniques, d'insoupçonnées accélérations nous mènent in fine vers une instrumentation de fin de piste typiquement "nightwishienne" et des plus enivrantes. Sans doute le masterpiece de la galette.


Résultat des courses : les quelque sept années séparant ce pléthorique effort de son devancier ont joué en la faveur de nos six gladiateurs : ayant évacué les sonorités résiduelles d'hier pour offrir aujourd'hui une œuvre plutôt soignée mais nullement aseptisée, le groupe fait également montre d'une technicité instrumentale affermie et de lignes de chant affinées, soulignées par une soufflante chorale. Il leur faudra cependant progressivement s'affranchir de l'empreinte par trop sclérosante de leurs maîtres inspirateurs et consentir à l'une ou l'autre prise de risque pour conférer à leur message musical davantage d'épaisseur artistique.

Ayant cependant veillé à élargir le champ des possibles en matière d'exercices de style, rendu ses enchaînements difficiles à prendre en défaut, considérablement chargé son offrande en émotion, et octroyé des arrangements orchestraux de bon aloi, il semble que le combo teuton soit désormais suffisamment armé pour espérer rejoindre le cercle aujourd'hui élargi des sérieux espoirs de ce registre metal. Bref, une œuvre à la fois puissante, solaire et sensible, qui pourrait bien lui ouvrir plus largement les portes de la foisonnante scène metal symphonique à chant féminin. Un groupe à suivre de près, donc...

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