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Plus que jamais, ils se bousculent au portillon et pourtant, parmi les nombreux appelés, peu d'heureux élus parviennent à fouler sereinement les planches de la scène metal symphonique gothique internationale. Toutefois, ce jeune groupe russe vient laisser glisser ses arpèges et graver ses lettres dans ce registre qui, à l'heure actuelle, ne compte plus ses adeptes. C'est avec humilité que le quintet, fraîchement créé, en provenance de Kirov, a peaufiné ses arpèges pour nous concocter cette petite rondelle auto-produite de quatre morceaux pour une durée d'écoute n'excédant pas un quart d'heure. C'est ainsi que la chanteuse Anna Egorova, le guitariste Gleb Uraev, le claviériste Max Seleznyov, le bassiste Oleg Starikov et Irina Kropotova à la batterie nous invitent à les suivre dans leur projet, ayant pris le temps nécessaire à une once de maturité artistique.

Le combo officie dans un metal symphonique gothique, teinté d'une touche heavy et mélodique. Ainsi, une épaisse rythmique et des guitares en demi-teinte se dispersent sur la plupart des plages, au même titre que des nappes synthétiques enveloppantes, le long de chemins mélodiques assez bien inspirés. Sur l'axe vocal, le groupe a sollicité une empreinte féminine aussi intense qu'aérienne. Les compositions autant que les textes des paroles, quant à eux, ont été minutieusement élaborés et finement restitués à l'enregistrement. Sinon, quelques approximations au mixage ont été compensées par des enchaînements convaincants et des arrangements bien affutés. Une parenthèse encore pour souligner l'artwork de la pochette, aussi complexe dans sa palette graphique que soigné dans son design.

Un même schéma percussif, plutôt lipidique, semble se répéter sur de nombreux espaces rythmiques de cette menue rondelle, tout en conservant une atmosphère mystérieuse, d'obédience gothique, avec une touche électro. L'énigmatique « Jailed » en est une parfaite illustration, tout en s'avérant probablement le morceau le plus accrocheur par sa délicate ligne mélodique. Dans cette séquence, des riffs acérés et une ambiance heavy gothique répondent présent pour nous accueillir, suivant un serpent synthétique rampant, infiltrant chaque recoin de l'espace sonore, crachant une à une ses notes vénéneuses, ne lâchant pas d'une semelle une fondante et épaisse rythmique en mid tempo. Et ce, non sans rappeler Dust Of Basement. Ici, les couplets s'avèrent habilement sculptés et les refrains sulfureux, mais sans emphase. Un break en guitare/voix vient à point nommé, pris en étau par un fouettant refrain en reprise, sous l'égide des puissantes envolées dans les infiltrants médiums de l'incandescente interprète. Rien de fondamentalement différent concernant son ambiance pour son voisin, l'intrigant « Insomnia », qui nous place dans une même logique rythmique accolée à la fois à des riffs corrosifs et à des nuages synthétiques quasi omniprésents. Cette fois, sur les refrains, les inflexions aériennes de la belle suivent une ligne harmonique plutôt incitative à l'adhésion, dans la lignée de The Birthday Massacre. Dans cette mouvance, la plombante rythmique, calée sur de soyeuses nappes synthétiques contenues dans « Too Late » , titre d'obédience gothique, se retrouve une fois encore. Des riffs grésillants suivent les chatoyantes impulsions de la déesse sur des couplets quelque peu vaporeux, à défaut de se montrer réellement captivants. Soudain, l'ensemble disparaît dans les brumes d'une suave dégressivité sonore en fin de piste.

La cadence s'est accélérée en bout de course, se doublant d'une atmosphère générale plus tourmentée. Ainsi, le mordant « Chained No More » délivre ses riffs tonitruants et une basse vrombissante, nous aspirant dans leur sillage, avant que les ondulations vocales de la sirène ne se fassent ouïr. Seulement, les couplets ne suivent pas une route aisément praticable pour nos oreilles en attente de mélodies plus alertes, malgré un break oralisé plus souriant et une fin vocalisée en crescendo. Ce qui pourrait avoir pour effet de nous désarçonner et, finalement, de nous écarter de la piste. Cependant, ces carences harmoniques sont partiellement compensées par une instrumentation musclée et techniquement inspirée.

On ressort de l'écoute de cet EP attiré à la fois par les méandres mélodiques qu'il contient et par une section rythmique à l'armature aussi roborative qu'efficace proposée par le combo russe. Mais, les finitions sont encore à retravailler ainsi qu'une distribution plus étoffée de l'offre rythmique. En l'état, on pourra profiter de quelques accords assez judicieusement concoctés et d'une empreinte vocale à la tessiture limpide et peu commune dans ce registre.

Pour une écoute attentive ou deux, pour la découverte, on conseillera cette galette aux amateurs de metal gothique symphonique, à tendance électro. En outre, au fil des écoutes, les doubles-croches, les dièses et les bémols finissent par capter l'attention, aspirer quelques tympans rétifs et nous rallier peu à peu au projet musical du combo russe. Ainsi, d'autres publics, orientés metal atmosphérique, mélodique ou heavy pourront également y trouver matière à satisfaire leurs exigences.

S'il y a encore des détails de production à régler, les qualités techniques et artistiques du groupe ne sont pas en reste et pourront largement trouver un prolongement sur un album full length. A condition de prendre le temps nécessaire à la finalisation optimale du concept, et ne pas tomber dans les travers de la facilité, empruntés par de nombreuses formations dans cette veine, Velaverante sera tout à fait apte à élargir le champ de son auditorat.