Formé en 1990 à Valkeakoski au nord de Turku et d'Helsinski, trouvant plus particulièrement son style durant ses premières années en évinçant le côté punk à la Rytmihairio,
Rippikoulu figure parmi les groupes deathmetal les plus lourds de Finlande, à l’instar de
Demilich, et est également le premier à s’exprimer uniquement en finnois dans le style. En 1992, le quintette capture sa première maquette, rapidement suivie par l’enregistrement de
Musta Seremonia durant deux journées de mai 1993, cette seconde demo-tape magnifiquement représentée par la toile "L’
Apocalypse : la Vision du Cheval Blanc" peinte par l’alsacien Philippe-Jacques de Loutherbourg en 1798, en total adéquation avec le contenu.
Sur un rythme tantôt tapageur, tantôt plombé avec double pédale à l’appui, ou bien carrément pachydermique,
Musta Seremonia écrase avec sa basse ronflante, ses guitares "down-tuned" abrasives et son growl d’outre-tombe, à l’image d’un album 45t défilant en vitesse 33t. Des rituels comme Kadonneet Jumalat ou Kuolematon Totuus sont ainsi comparables à des trous noirs de forte densité, des aspirateurs d’âme qui envoutent irrémédiablement l’esprit au fil des écoutes.
Si l’on peut effectivement dresser un parallèle avec le culte
Onward to
Golgotha (
Incantation) paru une petite année auparavant, au deathmetal tantôt chaotique (mais si maîtrisé) ou rampant,
Musta Seremonia au riffing plus primaire possède une facette funéraire plus prononcée, un spleen se rapprochant du doom sur la piste finale éponyme, et plus encore sur le titre Pimeys ylla jumalan maan, quatre minutes mortuaires où le tempo lent, les guitares lourdes et des nappes de claviers se jumellent, noircissant l’atmosphère globale de quelques crans supplémentaires.
Singulier, intense et prometteur,
Rippikoulu se sépare malheureusement en 1995 faute au décès du guitariste Marko Henriksson, tout en laissant derrière lui ce remarquable
Musta Seremonia, une cérémonie noire de 32 minutes découpée en 6 actes calés entre deathmetal sauvage et doom funèbre. D’aucuns considèrent la démo (l’une des meilleurs maquettes issues de Finlande) comme le véritable album de la formation, une œuvre organique à la surface rugueuse, un style incantationesque d’avant-garde pour l’époque et désormais repris par une armada de clones en tout genre. Comme en peinture, préférons toujours les originaux aux copies.
Fabien.
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