A priori,
Eternity n’a pas grand-chose pour le distinguer de la masse. Son patronyme, déjà, partagé avec une bonne dizaine de combos, ainsi que son pays d’origine (avouez que venir de Norvège quand on fait du black metal, ça s’est déjà vu deux-trois fois quand même…), tout ça n’aide pas spécialement à se démarquer. Deux albums à la pochette minimaliste en noir et blanc, dont un premier auto-produit et le second qui ne sort que 13 ans plus tard sur Soulseller Records, à première vue, l'histoire du one man band incarné par Evighet ressemble beaucoup au parcours classique d’un petit groupe anonyme qui se bat pour essayer de maintenir son projet musical en vie...
A priori, encore une fois, ce nouvel album à la pochette pas franchement accrocheuse (chacun appréciera ou non…) ne semblerait pas devoir retenir notre attention outre mesure. Et pourtant… Si on se penche plus attentivement sur la biographie du groupe, on comprendra qu‘
Eternity n’est pas le premier venu, puisque Evighet décidera de lui donner vie en
1994 suite au départ de son compagnon d’armes, un certain
Blasphemer qui ira alors rejoindre une petite formation norvégienne du nom de
Mayhem… Quand on sait en plus que le one man band sera épaulé pour ses différentes sorties par des musiciens comme
Blasphemer,
Apollyon, Tristan
Brynjard (ex
Dimmu Borgir) ou J.Röe (
Old Man’s child, Natteforst), on comprendra qu’on n’a définitivement pas affaire à des débutants et on pourra supposer que la philosophie et l’identité musicale du groupe sont fermement ancrées dans la tradition immortelle du
True Norvegian Black
Metal des 90’s.
Et ce postulat légitime,
Mundicide, qui porte décidément bien son nom, nous le confirmera d’emblée avec
Journey Towards the
Darkside qui jaillit toutes griffes dehors, dégueulant un true black puissant et immersif, porté par ces riffs roulants particulièrement sombres et oppressants et ce martelage impitoyable, à la fois dense, rapide et millimétré (mention spéciale à Thomas Ødegaard qui livre une performance incroyable tout le long de ces 43 minutes). La production du Fias Co Studio est tout bonnement excellente, très profonde, à la fois claire et massive et parvenant malgré sa netteté à faire ressortir cette aura noire et sulfureuse propre au black metal, contribuant à faire de ce premier morceau une vraie claque, un morceau vindicatif, violent et diabolique qui démarre les hostilités de manière idéale. On retrouvera cette intensité flirtant avec le black brutal sur le morceau éponyme, avec ce riffing impitoyable qui nous harcèle de ses notes à la fois conquérantes et cruelles, ce matraquage intense et sans répit, et un chant hurlé particulièrement articulé, glacial et haineux.
Ceci dit,
Eternity ne se contente pas de faire du bas-du-front basique, déclinant avec réussite les nombreuses nuances de gris et de noir qui viennent composer l’identité sonore du black metal, proposant un album finalement assez varié et aéré : si
Hymn se fait lent, solennel et envoûtant, dégageant une ambiance mystique et religieuse carrément hypnotique avec ce riffing à la fois chaud et lénifiant et ces chœurs liturgiques qui rappellent la scène grecque, Gunmetal Sky balance un black n roll rapide et endiablé très norvégien qui fait furieusement secouer la tête et taper du pied, tandis que le lourd, gras et saccadé O Discordia sonne carrément death metal sans pour autant cesser d’exhaler cette atmosphère malsaine si chère au style.
The Seventh Seal, imposant morceau final de 10,10 minutes vient idéalement conclure le tout, déroulant tout son savoir-faire, entre riffs dissonants, attaques frontales et passages plus ambiancés et mélancoliques (la fin du morceau rappelle plus
Drudkh ou Windswept que les gloires nationales).
Ces huit morceaux sont admirablement composés, exécutés et mis en valeur par ce son très puissant et organique : d’une veine scandinave classique,
Mundicide pourra plaire aux amateurs de
Gorgoroth,
Watain, Whoredom Rife,
Marduk ou
Tsjuder mais aussi d’un metal plus épique et ambiancé dans ce riffing froid, désespéré et dur qui se répète encore et encore (le magnifique
Pest! Frykten i den Andres Øye, la fin de
The Seventh Seal). Certes, ce troisième album n’a rien de très original, mais il nous sert un très bon condensé de true black, à la fois efficace, ténébreux et envoûtant, qui devrait conquérir sans problème tous les amateurs du genre.
Isolez-vous, éteignez les lumières, montez le volume à fond et laissez la haine vous envahir pour embrasser l’éternité…
You cannot hide forever
Use your aggressive feelings
Let the hate flow through you and give yourself to the darkside
It is unavoidable
It is your destiny
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